L’industrie cosmétique a fait face à un changement radical au cours des 10 dernières années. A l’instar de l’industrie de la mode et du luxe, l’émergence des réseaux sociaux (et d’autres types d’innovations digitales) est en train de transformer la façon dont les consommateurs découvrent et achètent les produits cosmétiques, forçant les professionnels du marketing à innover dans l’élaboration de leurs stratégies.
Du pouvoir indiscutable des vloggers beauté jusqu’aux célébrités sur les réseaux sociaux, l’industrie cosmétique constitue un paysage unique et les responsables marketing se doivent d’en maîtriser tous les aspects, afin de réussir à booster la visibilité de leur marque, à augmenter les ventes et à renforcer la fidélité de leur clientèle.
La cosmétique est une filière très dynamique, cosmopolite et à fort potentiel de croissance. Sa forte demande est liée non seulement à la consommation, mais aussi à l’offre assurée par les entreprises nationales. Une offre nationale qui s’affirme de plus en plus et gagne des parts de marché importants. Mais le marché reste tout de même dominé par les grandes marques étrangères fortement sollicitées par le consommateur tunisien.
Le tissu des parties prenantes du secteur s’élargit de plus en plus, particulièrement avec l’implantation de nouveaux acteurs, la modernisation des industries et la possibilité pour les laboratoires de proposer un produit tunisien avec beaucoup plus de technicités dans les principes actifs ou les formulations.
Un chiffre d’affaires de 1,77 milliard de dinars
Selon les indicateurs, le secteur cosmétique génère 1,77 milliard de dinars de chiffre d’affaires, soit 1,6% du PIB tunisien. Il contribue à la création d’environ 20.000 emplois directs et indirects.
Le secteur réalise également un chiffre d’affaires à l’exportation, mais le taux de couverture reste de l’ordre de 60% seulement.
Sur le plan international, le marché mondial des cosmétiques devrait atteindre 863 milliards de dollars d’ici 2024, selon les chiffres du cabinet d’analyse Zion Market Research. En 2020, le chiffre d’affaires de la beauté en ligne a évolué de 73% par rapport à 2019.
Il s’agit également d’un secteur qui souffre d’un marché informel, valant entre 600 et 800 millions de dinars et d’une lourde pression fiscale. C’est pour cela que les professionnels estiment que les composantes de ce secteur doivent être développées, tout comme le savoir-faire, l’innovation, la main-d’œuvre, la matière première, les multiples opportunités que peuvent offrir les produits bios… Il s’agit aussi de veiller à l’amélioration du cadre réglementaire et normatif, en plus du renforcement des contrôles des produits.
Les experts font appel également à une structuration des entreprises, et ce, en renforçant l’intégration et l’innovation de ces dernières. Ainsi que d’autres axes aussi capitaux comme le développement des exportations, le renforcement du dispositif d’appui.
Ces mesures et bien d’autres permettront de promouvoir le secteur, ses opérateurs, ses produits et sa valeur ajoutée et de réaliser une croissance annuelle estimée entre 8 et 12% sur les dix ans à venir. Les exportations pourront enregistrer une hausse de 10% chaque année, ainsi que les postes d’emploi moyennant 7.000 à 10.000 d’ici 10 ans.
Par ailleurs, ce secteur fait face à quelques problèmes et risques qu’il faut contrecarrer, comme l’image de marque éphémère, la saturation du marché, la surtaxation des inputs et des outputs…
La Tunisie veille de plus en plus au développement de ce secteur. Elle a établi, à cet effet, des partenariats avec des sociétés françaises et s’est engagée dans des travaux de sous-traitance et de production sous licence favorisant le transfert du savoir-faire entre les deux rives de la Méditerranée.
Contraintes
Force est de rappeler qu’en 2020, les opérateurs ont lancé un cri d’alarme concernant ce secteur qui subit une lourde pression fiscale. En effet, et en plus du droit de douane et de la TVA, un droit de consommation de 25% frappe aussi bien les produits importés que ceux fabriqués localement et rend leurs prix inaccessibles aux citoyens lambda.
En outre, et sans aucune raison convaincante, les industriels de la parfumerie et de la cosmétiques sont exclus du bénéfice des dispositions de l’article 14 de la loi 2003-80 du 27/7/2003 qui accorde l’exonération du droit de douane sur les matières premières importées.
Les petites entreprises et les artisans affirment qu’ils n’ont pas les moyens financiers et logistiques pour importer par eux-mêmes les matières premières dont ils ont besoin et font recours aux commerçants. Ces derniers sont soumis à la plus forte taxation et aux plus dures procédures (contrôles techniques), cela se répercute sur le coût et affecte la compétitivité des petits opérateurs qui sont, comme les autres opérateurs du secteur, confrontés à la concurrence rude du secteur informel et de la contrefaçon.
A cet effet, tous les opérateurs du secteur ont sollicité l’intervention des autorités publiques pour sauver le secteur de la parfumerie et des cosmétiques.