Sortie dans nos salles du nouveau film d’animation «Spider-Man across the spider verse» : Pas trop résistante, la toile !

 

On a beau essayer de s’accrocher, tant bien que mal, aux fils que semblent nous tendre sans grande conviction les réalisateurs, mais on finit petit à petit par sombrer dans le gouffre d’une dimension schrödingerienne aux éléments graphiques répétitifs, saturés à en étouffer où l’image finit par empêcher la narration.

«Spider-Man across the spider verse», le second opus de la trilogie animée autour de l’homme araignée a fait son entrée chez Pathé le jour de sa sortie américaine le 2 juin 2023. Depuis le 3 juin, le film d’animation en 3 D est à l’affiche de nos salles, de quoi faire le bonheur des amateurs des comics, de la pop culture et surtout du sympathique super-héros.

Sorti en 2018, le premier Spider-Man intitulé «Spider-Man: New Generation» (Spider-Man into the Spider-verse), coréalisé par Peter Ramsey, Bob Persichetti et Rodney Rothman, avait conquis la critique et émerveillé avec ses prouesses techniques et ses détonants graphiques mais le public n’était  pas vraiment au rendez-vous, avec un démarrage aux Etats-Unis assez modeste.

Ce n’est pas le cas du nouvel opus qui, pour sa sortie, a, apparemment, drainé bien du monde, visiblement attiré par ce multivers et ses diverses formes dans lequel évolue Miles Morales, l’adolescent de Brooklyn devenu Spider-Man.

Eh oui ! Car, dans cette trilogie, il ne s’agit pas de Peter Parker, bien que le personnage existe, et le héros autour duquel est tissée l’histoire se nomme Miles Morales, qui, mordu par une araignée radioactive dans le métro, développe des pouvoirs mystérieux qui le transforment en Spider-Man. Dans le premier opus, Miles est confronté au plus redoutable cerveau criminel de la ville, le Caïd, qui met au point un accélérateur de particules nucléaires capable d’ouvrir un portail sur d’autres univers. Son invention va provoquer l’arrivée de plusieurs autres versions de Spider-Man dans le monde de Miles, dont un Peter Parker plus âgé, Spider-Gwen, Spider-Man Noir, Spider-Cochon et Peni Parker, venue d’un dessin animé japonais.

Dans le second volet «Spider-Man across the spider verse», Miles est catapulté à travers le Multivers, où il rencontre une équipe de Spider-Héros chargée d’en protéger l’existence. Mais lorsque les héros s’opposent sur la façon de gérer une nouvelle menace, il se retrouve confronté à eux et doit redéfinir ce que signifie être un héros afin de sauver les personnes qu’il aime le plus.

Un bien alléchant postulat qui promet de nous éclabousser, de nous coller et décoller de nos chaises et de nous piquer, comme l’a fait le premier film où le graphique était explosif et brillamment accordé au texte. Car, et il faut le souligner, cette franchise, portée par Sony Pictures Animation, a lancé de nouveaux canons esthétiques et une véritable révolution pour l’animation mondiale, ce qui lui a valu, entre autres, un Oscar du meilleur film d’animation.

Le film tenant sa force dans sa formule avant-gardiste pléthoriquement reproduite au sein des mêmes studios mais également chez la concurrence : pop à outrance avec des brassages formels et une saturation des textures. Donnant lieu à une piquante sauce avec du dessin, de l’image de synthèse, des éléments formels affiliés à la BD, au manga et autre jeu vidéo et une esthétique street-art qui nous renvoie, entre autres, à l’univers de Basquiat. Un régal pour les yeux et pour les sens où on est happés dans un multivers d’effets, de graphiques acides, hallucinés grâce à un montage sidérant avec un rythme effréné apporté par des jeux d’accélération, de dilatation et de distorsion. Le tout, et il faut bien insister sur ce point, au service de la narration. Et c’est là que le bât blesse et fait que la sauce ne prend pas cette fois !

Quand l’image dessert le récit

Dans ce nouvel opus, dont on ne peut nier les efforts et les prouesses techniques, la formule semble mécaniquement et froidement appliquée sans réel alibi… A la manière d’un repas surchauffé qui aurait perdu de sa saveur, le «Spider-Man across the spider verse» ne passe pas vraiment. Pire encore, il dessert carrément la narration.   

Une toile graphique et sonore dont les fils n’arrivent pas à nous retenir et hormis l’introduction de nouveaux personnages qui sont par ailleurs excellents graphiquement, rien ne se passe vraiment (très peu d’actions ! ) et à voir le finish on a l’impression que cet opus sert uniquement à introduire (une très longue introduction de 136 minutes) le prochain film «Spider-Man : Beyond the Spider-Verse», dont la sortie est prévue pour 2024. 

On a beau essayer de s’accrocher, tant bien que mal, aux fils que semblent nous tendre sans grande conviction les réalisateurs, mais on finit petit à petit par sombrer dans le gouffre d’une dimension schrödingerienne aux éléments graphiques répétitifs, saturés à en étouffer et où l’image finit par empêcher la narration. Problème de dosage ? Ou alors absence d’une solide trame narrative qui fait que l’on accable le visuel et le stylistique ? Le fait est que la recette devenue modèle a perdu de sa vitalité.   

On se perd (et pas dans le bon sens) à vouloir suivre Miles Morales qui retrouve Gwen Stacy, dans ses péripéties le menant dans différents univers et le confrontant à une pléthore de Spider-Man et on finit (avant  d’arriver aux dernières 20 minutes) par s’apercevoir que l’on ne va nulle part… Le film prend les allures d’un carnaval visuel, de la figuration pour la figuration où ne se construit rien de consistant au niveau du récit. Les scènes d’actions propres au genre sont quasi inexistantes et l’image bloque la scène et entrave la narration.

Un film à contempler où on aurait voulu arrêter le cours par moments pour en disséquer les effets visuels et les regarder calmement car, malgré les ratages, l’on ne peut occulter leur beauté graphique. 

Certains des nouveaux personnages introduits sont, tout de même, dignes d’intérêt et semblent porteurs de belles promesses quant au prochain film, à l’instar de Hobie Brown ou Spider-Man Punk et Spider-Byte, un Spider-Man avatar de Margo Kess.   

Autre point fort du film : la bande originale orchestrée par le producteur star Metro Boomin avec de belles signatures, entre autres, celles de Travis Scott, A$AP Rocky, Future, Chris Brown ou encore John Legend.

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