L’amélioration des conditions de travail des enseignants ne se limite pas aux aspects matériels (comme les augmentations de salaires, la revalorisation des primes, etc.) ou encore avec la mise à disposition d’un cadre propice et une infrastructure impeccable. Il y a du vrai dans tout cela. Mais il y a d’autres paramètres qui sont tout aussi importants censés motiver tous les intervenants dans l’opération éducative.
Il est vrai que nos syndicats ou certains responsables syndicaux ne possèdent, peut-être, pas assez de perspicacité et de clairvoyance. Ils vivent dans l’immédiat et veulent tout et tout de suite. Pour eux, seul l’argent compte. Or c’est faux.
Absences de motivations
Les approches syndicales classiques sont devenues désuètes. C’est ce que doivent comprendre nos syndicalistes. Nous passons, aujourd’hui, par une phase où toutes les données sont bouleversées au point qu’il n’y a plus de repères précis. Donc, il est impératif d’en tenir compte, notamment dans les rapports employés-employeurs.
Volet revendications salariales, les parties syndicales omettent, toujours, de parler de rendement et de productivité. Pourtant, chaque majoration est intimement liée à une augmentation des efforts et des richesses produites par les agents actifs. De ce fait, le travail perd de sa valeur.
La vision des rapports est, alors, viciée puisqu’il n’y a plus cette corrélation entre travail et récompense. Les salaires progressent sans qu’il y ait une amélioration du rendement.
Dans le cas du secteur de l’éducation, l’évaluation du rendement n’est pas facile à réaliser. Mais on sait que la qualité de l’enseignement et le niveau des élèves constituent des paramètres à ne pas négliger. Le taux de réussite au Bac, par exemple, peut être une référence. Le taux des promotions sorties de nos universités, aussi. Quand on cherche à lier la baisse catastrophique du niveau de nos apprenants au seul côté matériel, il y a risque de se tromper. Cet aspect, certes, n’est pas à exclure. Mais il y a d’autres aspects dont il faut tenir compte.
On peut citer l’absence de motivation morale. L’enseignant n’est plus considéré comme ce fonctionnaire chargé d’une mission noble. Il est, tout simplement, un salarié qui reçoit un montant mensuel comme tout autre employé ou ouvrier. Pourtant, cette mission dont il est chargé est totalement différente des autres. En effet, ces enseignants ne produisent pas des objets ou des appareils, ils forment des êtres humains pour les préparer à l’édification d’un pays. Ce qui explique la gravité et, en même temps, la noblesse de cette tâche. Toutes ces considérations sont de nature à pousser les responsables et les autorités à reconsidérer ces particularités.
Qu’en est-il des avantages et facilités ?
Pour ce faire, il faudrait ouvrir de nouveaux horizons devant ce secteur. De nombreux agents de l’Etat ayant les mêmes diplômes bénéficient de privilèges et d’avantages dont l’enseignant est privé. Il en est de même pour certaines professions libérales. C’est le cas dans le domaine de la justice ou dans les administrations (avantages matériels, primes spécifiques, logement de fonction gratuit, etc.). On invoque, généralement, le grand nombre d’enseignants. Même si cet argument peut être accepté, on ne peut pas rester insensible aux appels des différents personnels de l’éducation.
A côté de la nécessité de mise à jour des connaissances et de formation continue ainsi que de la qualification, il est important d’accorder plus d’intérêt au volet motivations.
On pense, par exemple, aux facilitations administratives pour l’acquisition d’un logement, ou de crédits auprès des banques ou l’organisation de loisirs et de voyages. Pourquoi pas ? Le ministère de tutelle dispose d’un Office des logements pour ses personnels (Olpme) dont les activités sont très limitées et peu connues de la plupart des enseignants. Il doit avoir un impact plus fort et plus direct en vue d’apporter un soutien aux employés qui cherchent à acquérir un logement (achat ou location) ou un lotissement. Cet organisme doit mieux se faire connaître auprès de la masse des employés du ministère et jouer un rôle plus dynamique. Si l’Etat le veut, il le pourra.
De plus, le ministère lui-même est en mesure de trouver les meilleures formules auprès des organismes (assurances, banques, hôpitaux ou cliniques, agences) pour accorder certains avantages à ces employés pour leur faciliter l’obtention d’un service. Cela se fait dans d’autres secteurs où les employés ont des tickets-restaurants, des facilités d’achat de voitures, des facilités de crédits avec des taux préférentiels, des voyages et des activités de loisirs pour eux et leurs familles…
Pour le secteur de l’éducation, il n’y a rien de tel. Même s’il y a, comme on l’a vu, un office ou une amicale des agents, des fonctionnaires et des cadres de l’éducation, leurs activités ont besoin d’être plus connues du large public des enseignants. En s’appuyant mieux et de façon sérieuse sur ces recours, on pourra contribuer à faire sortir le secteur de l’enseignement du marasme dans lequel il s’enlise de plus en plus. On pourra, aussi, vérifier qu’il n’y a pas que les revendications salariales qui comptent. Le travail syndical, pour sa part, aurait d’autres actions plus constructives et plus participatives et non, simplement, revendicatives.