La Tunisie s’est engagée depuis des années à lutter contre la propagation du plastique, dénoncé partout dans le monde pour ses effets néfastes sur l’environnement. Considérée parmi les plus grands consommateurs de sacs plastiques, la Tunisie a pris, récemment, la décision de mettre fin à la commercialisation des sacs plastiques, conformément au décret publié en 2020, fixant les types de sacs en plastique dont la production, l’importation, la distribution et la détention sont interdites sur le marché intérieur. Le plastique, qui pollue paysages et océans, est certainement la matière la plus commune dans notre usage quotidien. Ses atouts sont reconnus : facile à porter, pas cher, polyvalent, léger et solide. Paradoxalement, ce sont ces mêmes atouts qui le rendent très difficile à éliminer. D’ailleurs, même après l’interdiction de leur vente et utilisation, ils sont loin d’avoir disparu. Leur emploi ne faiblit pas dans les souks et les commerces ambulants. Les alternatives, quant à elles, peinent à percer. Le ministère de l’Environnement a promis aux industriels de garantir la mise à niveau des sociétés pour assurer la production de produits alternatifs afin de poursuivre leurs activités dans les meilleures conditions. Une option rejetée par le Groupement professionnel du plastique, ce qui a aggravé la crise. D’après le porte-parole des fabricants du plastique, Oussama Messoudi, l’activité d’environ 80 usines de plastique en Tunisie est suspendue depuis environ trois mois de l’application du gouvernement arrêté n°32 de 2020. Et d’ajouter que l’adaptation des machines disponibles, actuellement, au niveau des usines pour produire des sacs de 40 microns est techniquement impossible, ajoutant que ces unités sont de grande taille et nécessitent un investissement minimum d’environ 2 millions de dinars pour les équipements. Environ 80 usines spécialisées dans la fabrication de sacs plastiques, dont 45 relevant de la Conect, opèrent en Tunisie et génèrent environ trois mille emplois directs et indirects.
Il va sans dire que la réglementation en vigueur et le programme d’accompagnement des industriels s’inscrivent dans le cadre d’une stratégie globale visant la réduction des déchets à la source, le développement de l’économie circulaire et de l’économie verte, la mise en place de plans nationaux de mise en œuvre et des outils de suivi, d’évaluation efficaces et de transition. Les écologistes, eux, ne cessent d’avertir que la lutte contre la pollution plastique est une nécessité indispensable et urgente. Chose pour laquelle les pouvoirs publics, dont l’objectif est de préserver l’environnement et la santé publique, ont opté pour le développement des filières de recyclage et de valorisation, tout en réduisant l’incinération et l’enfouissement des déchets. Selon le Fonds mondial pour la nature (WWF), l’économie bleue de la Tunisie perd plus de 20 millions de dollars par an en raison des effets de la pollution due au plastique. Par ailleurs, la Tunisie déverse chaque année plus de 8.500 tonnes de plastique en Méditerranée, dont 33% reviennent sur ses côtes. Ces déchets plastiques s’immergent à 11%, 33% en mer et se rejettent sur le littoral et 56% restent à la surface de la mer.