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Microfinance : Un secteur qui peut mieux faire

 

La hausse du recours au microcrédit en dit long sur le succès de la microfinance, un secteur qui s’est considérablement développé au cours des dernières années, enregistrant une croissance annuelle moyenne de 19,7 %,  entre 2010 et 2021.

Si l’histoire de la microfinance en Tunisie remonte aux années 60, lorsque l’Etat a œuvré, à l’aube de son indépendance, à autonomiser et intégrer financièrement les couches sociales démunies et vulnérables à travers des programmes nationaux appuyés par les bailleurs de fonds, l’activité microcrédit—produit phare de la microfinance—n’a été officiellement réglementée qu’en 1999, avec la promulgation d’une loi organique qui définit les modalités et les conditions d’octroi de ce type de crédit en Tunisie.

Mais ce n’est qu’à partir de 2011 que le secteur a connu un véritable essor, et ce, suite à l’approbation de la «Vision concertée pour le secteur de la microfinance en Tunisie», ayant abouti à la mise en place d’un cadre réglementaire organisant l’activité des institutions de microfinance.

Étant un outil d’inclusion financière, la microfinance, et en l’occurrence le microcrédit, aide à la lutte contre la pauvreté, puisqu’elle  permet  aux plus pauvres d’accéder au financement sans passer par les conditions contraignantes des institutions financières bancaires.

La microfinance, à travers ses multiples produits tels que la micro-assurance, la microépargne et le microcrédit, contribue à l’autonomisation des travailleurs précaires ainsi qu’à l’amélioration des conditions de vie des plus démunis. Les centaines de «success stories» de femmes et de jeunes entrepreneurs qui ont pu, grâce à des microcrédits, changer leurs vies, témoignent de l’impact réel que peut générer le microcrédit sur la situation socioéconomique des ménages. 

D’ailleurs, le nombre des bénéficiaires de microcrédit continue de croître faisant le bonheur de quelques milliers de familles. Selon les données publiées par l’Autorité de contrôle de la microfinance (AMC), le nombre total des clients ayant pu accéder à un premier financement est passé de 46.971 en 2020, à 66.893 en 2022, soit un taux de croissance de 42,41%. Ces chiffres mettent aussi l’accent sur le rôle que jouent les institutions de microfinance dans l’amélioration de l’accès des personnes les plus démunies au financement, au moment où la crise sanitaire, économique et sociale frappe de plein fouet les plus pauvres et vulnérables.  

Une forte croissance et un rôle consolidé 

La hausse du recours au microcrédit en dit long sur le succès de la microfinance en Tunisie. Et les chiffres sont, en ce sens, éloquents. D’après une récente enquête portant sur l’inclusion financière, le secteur de la microfinance s’est considérablement développé au cours des dernières années, enregistrant une  croissance annuelle moyenne de 19,7 %  entre 2010 et 2021.

Le pourcentage des Tunisiens détenant un compte auprès d’une IMF a presque doublé en seulement trois ans, passant de 5% en 2018 à 9,7% en 2021. Les résultats de l’enquête ont, également, mis l’accent sur la confiance dont jouissent les IMF auprès des Tunisiens. On estime que ces dernières bénéficient de la confiance de 49% des particuliers résidents et de 48% des agriculteurs. 

Les associations de microcrédits (AMC), dont le nombre s’élève à 289, ont par ailleurs  joué un rôle important dans la  démocratisation du microcrédit. Depuis l’instauration du système dédié aux AMC en 1999, ces associations qui octroient des montants allant jusqu’à 10 mille dinars ont accordé plus de 977 mille crédits d’un montant global de 1.252 millions de dinars, contribuant ainsi à l’amélioration des conditions de vie de milliers de ménages en mal de ressources et de garanties nécessaires.

Il faut dire que la belle performance du secteur a été aussi renforcée, au cours des dernières années, grâce à des mesures qui ont été prises par le ministère des Finances dans le cadre de la stratégie nationale d’inclusion financière. Parmi lesquelles on cite l’amélioration des procédures d’obtention de financement extérieur et l’augmentation du  plafond du microcrédit de 20 mille à 40 mille dinars (pour les IMF sous forme de SA) et de 5 mille à 10 mille (pour les associations de microcrédits). Mais le secteur peut encore mieux faire, vu son potentiel et surtout vu les opportunités qui s’offrent aux acteurs de la microfinance dans un contexte où l’accès au financement bancaire se durcit surtout pour les jeunes. En effet, le nombre des personnes éligibles aux microcrédits est estimé à 1,7 million alors que toutes les IMF servent seulement 700 mille clients. Ce potentiel bridé s’explique en partie par les difficultés de refinancement rencontrées par les acteurs de la microfinance en Tunisie. Pour renforcer le rôle que joue le secteur de la microfinance dans la progression de l’inclusion financière en Tunisie, l’enquête récente, qui a été réalisée par la Banque mondiale recommande d’accélérer la réforme structurelle du secteur qui est actuellement en cours. Cette réforme implique la fusion des associations de microcrédit en institutions de microfinance régionales et devrait avoir un impact positif significatif sur la gouvernance et les pratiques au sein de ces institutions. Elle contribuerait également à l‘amélioration de la surveillance réglementaire et faciliterait in fine l’accès des IMF aux capitaux auprès des institutions financières locales et internationales.

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