Accueil A la une Fédération Générale de l’Enseignement de base : La rétention des notes se poursuit

Fédération Générale de l’Enseignement de base : La rétention des notes se poursuit

 

Le bras de fer entre le syndicat de l’enseignement de base  et le ministère de tutelle se poursuit sur fond de crise prolongée. Une crise qui plonge élèves et enseignants dans un flou complet. A qui la faute ?

Avec la décision prise avant-hier par la Fédération de l’enseignement de base lors d’une réunion de ses membres à Hammamet de maintenir le blocage actuel par la rétention des notes de l’ensemble des 3 trimestres de l’année en cours, le bout du tunnel semble loin. Plus encore, le syndicat en matière d’éducation décide également de boycotter les prochains conseils de classe. C’est précisément la commission administrative sectorielle de la Fédération de l’enseignement de base qui a pris toutes ces décisions en plus de l’arrêt de tous les travaux administratifs liés à la fin de l’année scolaire. La raison invoquée : « les atermoiements du ministère de l’Education et son refus de négocier sur les revendications des enseignants », a déclaré à la presse Ikbal Azabi, membre de la fédération.

La politique de l’autruche

De son côté, le ministère de l’Education n’a pas encore réussi à débloquer la situation, notamment à l’instar de l’accord conclu avec le Syndicat de l’enseignement secondaire. Une situation qui déplaît aussi aux enseignants réfractaires, pour qui ce blocage va perdurer pour se prolonger jusqu’à la prochaine année scolaire 2023-2024.

Pour sa part, le secrétaire général adjoint de la fédération, Tawfik Chebbi, a indiqué que si le ministère de l’Education continue sa « fuite en avant, plusieurs sit-in seront organisés au niveau des commissariats régionaux à l’éducation ainsi qu’un sit-in au ministère de l’Education pour défendre  les revendications légitimes des enseignants », a-t-il encore affirmé.

Finalement, ce sont les élèves qu’on prend continuellement en otage et leurs parents qu’on oublie littéralement. Une situation de blocage quasiment inextricable au vu de la décadence de tout un système qui se poursuit d’année en année. Le ministère de tutelle se doit de réagir et prendre définitivement position dans ce dossier pour éviter le flou et ne pas laisser les choses empirer. Car il y va de l’avenir des enfants tunisiens qui sont déjà empêtrés pour nombre d’entre eux dans le décrochage scolaire et les perturbations des cours, les grèves des enseignants ou encore la violence en milieu scolaire. L’école publique a perdu de son prestige et son lustre d’antan, alors qu’elle est censée fournir les éléments les plus brillants et prometteurs, à l’instar des écoles pilotes.

Mais dans ce bras de fer difficile, chaque partie se renvoie la balle, accusant l’autre de pourrir la situation de façon délibérée afin d’obtenir satisfaction. Le ministère  appelle à la sagesse, à la raison et au respect de la loi. Le ministre de l’Éducation, Mohamed Ali Boughdiri, a affirmé, dans une déclaration accordée, mardi 13 juin 2023, aux médias, que « la rétention des notes est une forme de protestation illégale » exhortant les enseignants à rendre leurs bulletins aux élèves dans les délais impartis. « Les enseignants ne doivent pas prendre en otage les élèves pour défendre leurs revendications. Nous sommes ouverts au dialogue, nous l’avons toujours été et le travail syndical est garanti mais doit s’inscrire dans la neutralité et sans toucher aux intérêts des élèves », a-t-il poursuivi.

« Chacun doit défendre ses droits, mais dans le cadre de la loi et sans toucher aux élèves et chacun doit assumer ses responsabilités. Cela n’est pas une menace, le rôle des enseignants, leur situation, nous en sommes conscients et nous le défendons,  mais qu’on ne mêle pas nos enfants à ce genre de tiraillements », a-t-il encore soutenu.

En attendant, les négociations sont à l’arrêt et totalement bloquées à cause du manque de volonté de chaque partie d’aller vers l’autre.

Blocage des négociations

Ainsi, Ikbal Azzabi a appelé à des négociations sérieuses et responsables afin de ne pas connaître la même crise l’année prochaine. Evoquant l’éventuel recours du ministère de l’Education au principe du «travail effectué» et de prélever la rémunération d’une ou de deux journées en raison du boycott des conseils de classe, Azzabi a souligné que « les enseignants sont habitués à faire des sacrifices pour parvenir à leurs revendications », soulignant que « toute retenue sur salaire en raison de la rétention des notes serait une procédure illégale, étant donné que les enseignants ont assuré la totalité des charges qui relèvent de leur mission (cours, examens et remise des notes aux élèves) ».

Pour sa part, le secrétaire général de la Fédération de l’enseignement de base, Tawfik Chebbi, a nié l’existence de négociations entre le ministère de l’Education et le syndicat, affirmant que « la dernière séance de négociation qui remonte au 3 mai dernier n’a pas porté sur les revendications du secteur, mais sur l’activation de l’accord du 16 novembre 2022 et la conclusion d’un nouvel accord sur la base du procès-verbal de la réunion du 1er mars 2021 ». Il a ajouté que « si le blocage se poursuit et que le ministère décrète le passage automatique de tous les élèves en classe supérieure, la crise sera reconduite l’année prochaine », estimant qu’une telle décision « vise à saper l’école publique ».

« Contrairement aux déclarations du ministre de l’Education, plus de 75 % des enseignants ont respecté la décision relative à la rétention des notes », a-t-il encore dit. Chebbi a estimé que « la reprise des négociations constitue le seul moyen de surmonter cette crise ».

De toute évidence, si un accord n’est pas conclu avant la fin de l’année entre les deux parties afin d’enterrer la hache de guerre, l’année scolaire 2023-2024 s’annonce d’ores et déjà chaude et pleine de tensions. Il est temps que les deux protagonistes surmontent la crise pour le bien des élèves, des parents et même des enseignants et éviter ainsi l’escalade.

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