Le dernier accord controversé entre le ministère de l’Education et la Fédération générale de l’enseignement secondaire (Fges) n’a pas contribué à ouvrir la voie vers un autre accord avec la Fédération générale de l’enseignement de base (Fgeb). Pire encore, cette dernière s’est claquemurée dans ses retranchements et campe sur sa position.
Le rejet de toutes les propositions ministérielles est catégorique.
Aujourd’hui, et après la dernière rencontre tenue entre les deux parties jeudi 22 juin, il est temps de reconnaître qu’il est inutile de poursuivre les discussions avec la Fgeb. Toutes les déclarations publiques ou privées montrent qu’il n’y aura aucune percée.
Main basse sur l’institution éducative
Toutes les exigences de la Fgeb doivent être satisfaites de façon immédiate, c’est la substance des propos qui se tiennent dans les médias et sur les réseaux sociaux. D’ailleurs, quand on consulte la page officielle de cette fédération on ne peut qu’être sidéré par la virulence des discours et des envolées lyriques auxquelles se livrent certains responsables syndicaux ou autres adhérents. L’animosité qu’ils manifestent à l’égard de l’autorité est telle qu’elle nous place dans un climat de guerre. Les propos ont, en effet, un caractère le moins qu’on puisse dire belliqueux. C’est ainsi que certains affirment qu’ils n’ont rien à perdre en poursuivant la rétention des notes et en boycottant tout travail administratif.
D’autres ajoutent qu’ils ne craignent rien, ni personne et que le ministère ne pourra pas les priver de leurs salaires s’ils ne terminent pas le travail administratif tel qu’il est exigé.
A cet égard, il faut, justement, rappeler que le ministre lui-même a fait part de son exaspération et celle de tous les Tunisiens face à la rigidité des positions de la Fgeb et son refus de chercher un compromis malgré toutes les tentatives des autorités. Cet entêtement risque de pousser les autorités à appliquer les dispositions qui conviennent dans des cas pareils.
La partie officielle n’a pas caché son intention de bloquer les salaires des enseignants qui n’accompliraient pas leurs tâches éducatives. Il n’y aura pas d’hésitation sur ce sujet.
De leur côté, les responsables syndicaux font tout pour dissuader les enseignants de se plier aux appels du ministère. Ce dernier, pourtant, a affirmé que près de 70 % des enseignants se sont conformés aux règlements et ont remis les notes à l’administration. Ce que le syndicat dément. C’est à lui que les enseignants doivent obéir. Aussi fait-il tout son possible pour exercer toute la pression sur les directeurs des établissements pour qu’ils n’appliquent pas les consignes officielles.
Cette situation dans laquelle se trouvent les responsables des établissements n’existe nulle part ailleurs. Les syndicalistes ont fait main basse sur l’institution éducative et ce sont eux qui détiennent les commandes. C’est, carrément, un putsch. Car comment expliquer qu’un directeur d’école, de collège ou de lycée ne puisse pas travailler s’il ne bénéficie pas de l’aval des syndicats ? Les enseignants, aussi, sont très embarrassés par la pression constante qui s’exerce sur eux lorsqu’ils ne suivent pas les ordres donnés par les représentants des syndicats dans les établissements.
Remettre chacun à sa place
Un état de suspicion constante règne sur nos institutions qui ne sont plus dirigées par une autorité mais par des groupes qui se réclament des syndicats. Désormais, l’Etat doit réagir. Il n’est plus question que de tels agissements se poursuivent. Il n’y a qu’une seule autorité. Un directeur d’établissement est désigné par le ministère et il doit exécuter le travail qui lui incombe sous l’autorité d’une seule partie officielle. Les enseignants, pour leur part, n’ont qu’à mener leur mission à l’écart de toutes les magouilles ou manigances sans lien avec leur travail. C’est ce qui est de nature à pousser les autorités à mettre les points sur les i et à remettre chacun à sa place.
Le travail syndical a ses limites et ses règles. Les droits des générations actuelles et futures à un enseignement digne et sans pression sont reconnus à l’échelle mondiale. Les abus et dépassements commis ces dernières années sont un crime impardonnable. Quels que soient les prétextes invoqués, on ne peut pas se permettre de livrer une véritable guerre sans fin à tout un pays en prenant en otage des centaines de milliers d’élèves. Si ces syndicalistes ne veulent rien admettre, il faut chercher des voies autres que celles des négociations et des dialogues de sourds. Il faut, déjà, se préparer à la poursuite de ce conflit sous forme d’épreuve de force jusqu’à l’année prochaine et même au-delà.
Les responsables de la Fgeb promettent des lendemains noirs et des luttes aux issues catastrophiques. Déjà, le ministère n’a pas encore dévoilé sa stratégie. Mais, tout le monde craint le pire. Surtout pour la prochaine saison scolaire et particulièrement si le ministère applique la mesure consistant à priver les enseignants récalcitrants de leurs salaires au cours de cet été.
Un combat de société!
Pour tout dire, s’il y a un combat à mener, ce n’est pas celui auquel pensent les responsables syndicalistes. C’est plutôt celui de toute la société. Celle-ci doit, par tous les moyens, empêcher qu’on touche à nos enfants.
L’idée de la criminalisation de certains abus et dépassements doit être envisagée à travers l’élaboration d’un statut particulier pour les enseignants. On ne peut plus permettre, dorénavant, que se répètent toutes les aberrations enregistrées au fil de ces années et qui ont déstabilisé tout le système éducatif public et toutes les familles tunisiennes.
Il ne s’agit plus de militantisme syndical, c’est tout simplement un travail méthodique de déstructuration de toute la société tunisienne. En somme, c’est un vrai péril qui ne doit laisser personne indifférent. Et là nous pensons à la vraie société civile et aux défenseurs sincères et authentiques des droits de l’homme. A eux d’agir et de faire entendre leur voix.