L’efficacité énergétique est le nerf de la guerre pour toute entreprise quel que soit son domaine d’activité. C’est un choix stratégique que les PME tunisiennes doivent adopter, car la composante «énergie» est, aujourd’hui, un facteur d’ajustement, impactant la compétitivité des entreprises.
Réduire le gaspillage énergétique permet à l’entreprise de maîtriser ses dépenses et d’améliorer la compétitivité de son produit ou du service qu’elle offre. En effet, l’efficacité énergétique est définie comme étant le point d’équilibre entre l’énergie consommée et celle dépensée par un bâtiment. En d’autres termes, elle représente l’optimisation énergétique d’un bâtiment. Des investissements en efficacité énergétique permettent d’atteindre un niveau optimal d’énergie et d’éviter des surcoûts de la facture énergétique liés à la surconsommation. Il s’agit donc d’un enjeu de taille pour les PME tunisiennes dans un contexte où les coûts énergétiques ne cessent de s’alourdir en raison de la hausse des prix des hydrocarbures.
L’énergie représente près de 60% du coût de l’exploitation
Les entreprises tunisiennes se sont-elles prises en main pour relever ce défi énergétique qui s’impose à elles ? Selon Sihem Baccouche, responsable de la composante efficacité énergétique au sein du programme «Power Tunisia», la question énergétique est devenue aujourd’hui une priorité pour les acteurs économiques, car les dépenses liées à l’énergie ne cessent de grever leurs budgets et donc de compromettre leur compétitivité.
Cependant, ce qui les empêche de passer à l’action et d’entreprendre toute une stratégie d’optimisation énergétique, c’est la cherté des technologies dans lesquelles il faut investir. «Les entreprises tunisiennes sont conscientes de l’importance de l’efficacité énergétique mais le problème c’est comment y investir parce que souvent la technologie est coûteuse. Mettre en place une nouvelle technologie d’efficacité énergétique demande des moyens financiers assez importants. Les entreprises souhaitent engager des améliorations, effectuer de la maintenance, investir dans une deuxième ligne de production, varier les produits plutôt que d’investir dans l’efficacité énergétique. C’est une nouvelle culture qu’il faut ancrer chez les acteurs économiques. Mais il faut dire qu’ils ont pleinement conscience de l’importance de l’efficacité énergétique comme un atout», a-t-elle ajouté.
Elle a précisé, dans ce contexte, que le fardeau énergétique pèse de plus en plus sur le secteur privé qui tire le diable par la queue. «L’énergie représente près de 60% du coût de l’exploitation. La hausse de la facture énergétique est en train d’impacter la compétitivité des produits. Si une entreprise veut réduire ses charges, elle doit intervenir au niveau de la consommation de l’énergie, parce qu’on ne peut agir ni sur la qualité de la matière première, ni sur le nombre des employés ou les frais financiers des banques. Le gaspillage de l’énergie se répercute directement sur le coût du produit. Si on élimine les gaspillages et les fuites, on serait capable d’améliorer la compétitivité du produit. C’est à ce moment-là que l’audit énergétique s’avère important», a-t-elle indiqué.
Réduire le gaspillage de l’énergie
En effet, pour adopter une démarche d’efficacité énergétique, l’audit énergétique est la toute première étape à engager. Il consiste en une évaluation méthodique et détaillée des performances énergétiques d’un bâtiment. L’audit vise à analyser la consommation d’énergie et à identifier les sources de gaspillage. Cette évaluation approfondie permet par la suite de déterminer les actions à même de réduire le gaspillage et la consommation énergétique.
C’est un outil essentiel pour les entreprises souhaitant réduire leurs factures énergétiques. «Viser l’efficacité énergétique, c’est commencer par faire l’analyse et interpréter la situation énergétique. Si on n’arrive pas à diagnostiquer, on ne peut pas trouver de solutions. Comment peut-on trouver des opportunités d’amélioration de l’efficacité ou de la consommation énergétique sans avoir diagnostiqué et revu en détails nos problèmes ?», a souligné, à cet égard, Sihem Baccouche. En Tunisie, plus de 1.900 audits énergétiques réglementaires, supervisés par l’Agence nationale pour la maîtrise de l’énergie (Anme), ont été effectués depuis 2004, ayant abouti à des programmes mis en place de concert avec l’agence et des économies d’énergie cumulées.
En effet, pour effectuer un audit énergétique et engager une démarche d’efficacité énergétique, l’entreprise doit solliciter un expert en efficacité énergétique inscrit sur la liste des spécialistes accrédités par l’Anme. Ce dernier se charge d’établir un rapport d’audit qui sera soumis pour approbation par l’Agence. Une fois le rapport approuvé, les actions permettant d’optimiser la consommation énergétique dans le bâtiment sont identifiées et un contrat programme sera signé avec l’Anme, en vertu duquel une prime peut être débloquée au profit de l’entreprise. L’entreprise peut, également, recourir au Fonds de transition énergétique qui peut financer jusqu’à 70% des frais de l’audit énergétique. Aussi, d’autres programmes tels que «Power Tunisia» mettent à la disposition des unités de production des dons mais également de l’assistance technique pour les aider à réaliser des audits énergétiques et établir un plan d’action d’efficacité énergétique.
Pour les PME tunisiennes, il est temps d’agir, elles ne doivent pas rester les bras croisés. Elles sont appelées à changer leur «mindset» en accordant la priorité, en termes d’investissement, à la composante énergétique et en engageant des démarches d’efficacité énergétique si elles comptent rester compétitives sur le marché.