C’est sûr et certain : Wadii El Jary a été, en sa qualité de président de la FTF, le sauveur des clubs tunisiens dans le dossier de leurs dettes et litiges. C’est lui-même qui l’a écrit en disant que la FTF a aidé tous les clubs tunisiens engagés en Afrique, leur avançant de l’argent pour s’acquitter de leurs dettes afin de pouvoir jouer les compétitions africaines. L’EST, le CA, l’ESS et l’OB ont été financièrement aidés par la FTF, sans oublier le CSS et l’USM, comme l’a dit W. El Jary. Bien sûr que les montants et le mode de remboursement des dettes diffèrent d’un club à l’autre. Dans certains cas, il s’agit d’une avance qui va être récupérée des droits TV et des primes reçues du Mondial (l’EST). Pour les autres, il y a cela, mais il y a également et tout simplement un prêt accordé au-delà des revenus de ces clubs auprès de la FTF. Le CA et l’ESS ont reçu, par exemple, des montants allant de 3 à 6 millions de dinars, et n’eût été cette «facilité de caisse», le CA et l’ESS auraient été exclus de jouer en Afrique. C’est la dure réalité pour ce duo prestigieux, mais qui n’a plus les grands mécènes pour faire face à toutes les dettes. Dans le cas du CA, on va encore plus loin dans cette étrange dépendance d’un club vis-à-vis de sa fédération. A quelques heures de l’ultimatum de la CAF, c’est bien Wadii El Jary en personne qui a réuni sur la même table Youssef El Almi et les joueurs créanciers! Chose que le président du CA, très en retard sur ce dossier qui traîne depuis des mois, aurait dû faire. Mieux (ou pire!), les joueurs n’ont accepté d’échelonner leurs créances que quand El Jary s’est porté garant des chèques émis! Cela veut dire que les joueurs n’avaient pas confiance en le président du CA, contrairement au président de la FTF qui a résolu le problème pour le CA ! D’où cette mainmise et ce pouvoir qu’a le président de la FTF sur tous les clubs tunisiens? Même un club comme l’EST, qui a un président-bailleur de fonds, est entré dans ce club. Cette hégémonie d’El Jary sur les présidents de la majorité écrasante des clubs est quelque chose d’anecdotique. Il n’y a pas que le facteur financier qui est en jeu (cela reste quand même le principal), mais aussi le facteur relationnel et personnel. Le président de la FTF a tissé, depuis plus de 10 ans, un réseau complexe et «personnifié» où les intérêts mutuels et le jeu de pouvoir et de contreparties sont les moteurs. Les clubs n’ont pas cassé cet ordre, ils étaient souvent dociles et même «matés» parce que, en coulisses, ils avaient toujours besoin de Wadii El Jary qui, à chaque fois, tenait ses promesses financières et les aidait dans les rouages de la CAF, et en Tunisie, c’est lui qui arrangeait tous les litiges sportifs internes dans la ligue et dans toutes les autres structures. Et il reste «intouchable», inébranlable parce qu’au fond et dans leurs discussions personnelles, ces présidents de clubs ont toujours quelque chose à rendre à El Jary qui les tient par leur point faible : l’argent ! C’est pourquoi le championnat et la coupe manquent de pertinence et de crédibilité quelque part. C’est une compétition où le président de la FTF tire les ficelles du jeu et marque le territoire de chacun. Ceci de leur propre gré, parce qu’ils tirent profit de ce pitoyable décor !