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À l’eau, à l’eau

 

Non, chez nous, la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Elle serait plutôt un maigrelet filet qui ne coule que lorsque bon lui semble.

Nous sommes le 25 juillet, jour supposé de fête et de célébration nationale. Mais comment faire la fête lorsqu’on ne peut se doucher, ni se débarbouiller, ni se brosser les dents par 51 degrés à l’ombre ?

Pas d’eau au robinet, sans alerte, ni avertissement, sans crier gare et nous ramenant au temps où nos grands-mères allaient puiser l’eau ailleurs que dans leur salle de bains.

Pas de panique, un coup de fil à la Sonede va sûrement résoudre le problème. Sauf que, essayez donc d’appeler la Sonede, supposée être un de ces organismes toujours en alerte, un jour férié.

Les multiples numéros donnés généreusement par internet ne répondent jamais.

Je vous les donne pour que vous n’essayiez point : 80100319, 71875860,71561500, 71887000, 70860018….

En fin de compte, un numéro, celui du standard, finit par répondre, me console gentiment, et me promet que l’eau va revenir. Je m’accroche désespérément à cette bouée. De longues, très longues heures plus tard, juste avant d’aller dormir, un dernier appel — on ne sait jamais — mon interlocuteur, affligé, me confie que c’est une vilaine «taksira», qu’il ne va pas me mentir, que cela risque d’être encore long… juste au moment où l’eau revient en tonitruant dans les tuyauteries.

Revenue à la civilisation — comment ne pas se souvenir des paroles venimeuses de Rached Ghanouchi : « De quoi vous plaignez-vous ? Vous ouvrez le robinet et vous avez de l’eau !» — douchée, lavée, on se couche, confiant en des lendemains qui chantent pour se réveiller… à nouveau avec des robinets mutiques.

La Sonede répond aujourd’hui pour déclarer qu’elle n’est pas au courant alors que l’on entend au coin de la rue ses ouvriers creuser la chaussée. Le temps de leur expliquer cela, femme au bord de la crise de nerf, rêvant d’un puits, un faible filet d’eau revient pour repartir aussitôt. Je vous la fais courte, cela a duré trois jours. Mon dernier interlocuteur, Sonede, probablement excédé par mes appels desséchés, m’annonce ironiquement qu’il va demander aux canalisations de ne plus se casser. Dieu fasse qu’elles l’aient entendu.

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