Dans une intimité quasi religieuse, l’artiste californien, entre passages instrumentaux et mélodies planantes, a réussi à envoûter un public suspendu, jusqu’au bout, à ses lèvres et à ses doigts. Un public qui a su apprécier à sa juste valeur la performance de l’artiste et des extraordinaires musiciens qui l’accompagnaient.
S’il y a bien un endroit où il fallait être, le soir du 30 juillet, c’est sans aucun doute au Théâtre romain de Carthage. Il y était dans le cadre de sa tournée mondiale, l’unique Ben Harper était parmi nous et a su attiser la flamme du festival international de Carthage pour lui offrir une de ses belles soirées!
Une soirée intense en musique, en rythmes et en émotions, de celles que l’on aime et qui nous a rappelé les belles années de ce grand festival qui n’a pas toujours opté pour la facilité et a longtemps misé sur la qualité en enchantant le public avec de grands noms de la scène internationale.
La star américaine était attendue par ses fans tunisiens qui se sont déplacés tôt et en très grand nombre pour ne pas rater cette première tunisienne. Cela prouve qu’il n y a pas qu’un public mais des publics, divers et variés, que la rentabilté ne se place pas, uniquement et toujours, du côté des soirées «rotaniennes» et qu’il est temps de revoir la politique de programmation de Carthage.
Ben Harper était là pile à l’heure, toujours aussi beau et charismatique, accompagné de ses Innocent Criminals. D’entrée de jeu, la tribu entonne un accapella avant de balancer le son. Vite, l’on retrouve le timbre chaud et acide (dans les remontées mélodieuses) du chanteur qui a accompagné nos années de lycée, le même style unique avec en bonus de belles rides et une forme olympique.
Tout au long de la soirée, l’on a été emporté par ce détonant dosage de mélodies gospel, blues, funk, soul, folk, reggae et rock dont lui seul détient le secret. Entre ses plus grands tubes à l’instar de «Steal» «My Kisses», «Diamonds on the Inside» et «With My Own Two Hands» et des titres plus récents tirés de son dernier album «Bloodline Maintenance», le grand Ben Harper a occupé la scène pendant plus de deux heures avec une maîtrise de grand maître, sans temps morts et sans baisse de régime.
Pas trop de chichi ni de vaines palabres, le chanteur et guitariste fait corps avec sa musique et communique avec et par elle. Ce n’est d’ailleurs qu’au troisième ou quatrième morceau qu’il s’est adressé directement à l’audience pour affirmer que «c’est un privilège d’être ici».
Et quelle musique ! L’on a eu droit à des solo de guitare monstrueux et à d’incroyables et généreuses envolées de guitare slide, un style de jeu que l’artiste maîtrise à la perfection et où la guitare est placée à plat sur ses genoux (ce ne sont plus les doigts qui font pression sur les cordes, mais une barre de métal appelée slide bar). Ce style de jeu, hérité des joueurs de blues du Mississipi, a la particularité de conférer à la guitare un son métallique caractéristique. Ses performances de guitare slide ce soir-là ont, entre autres, alimenté une version de «Faded» plutôt musclée !
Dans une intimité quasi religieuse l’artiste californien, entre passages instrumentaux et mélodies planantes, a réussi à envoûter un public suspendu, jusqu’au bout, à ses lèvres et à ses doigts. Un public qui a su apprécier à sa juste valeur la performance de l’artiste et des extraordinaires musiciens qui l’accompagnaient. Un public qui a su écouter et interagir quand il le fallait et qui a adressé, à la tribu vers la fin, une longue et vive standing ovation à l’image de la générosité et de la qualité du concert. Conquis et ému par l’accueil, Ben Harper a répliqué avec un «Amen Omen/ Knocking On Heaven’s Door». Merci!