Avec son potentiel de croissance économique et sa population très jeune, l’Afrique constitue un terreau fertile pour le développement des startup tunisiennes, surtout les «fintechs» qui veulent croître et explorer de nouveaux horizons. Elles se félicitent à l’idée de prospecter un marché en plein boom et où les revenus des jeunes pousses de la finance seront multipliés par 8 d’ici à 2025.
Convoité par les grandes puissances économiques, le continent africain fait rêver. C’est un marché qui fait saliver, aussi bien les multinationales et les géants de l’industrie que les petites et moyennes entreprises. Et depuis quelques années, de nouveaux acteurs ont fait leur entrée dans cette course effrénée à l’Afrique : de jeunes pousses, voyant en le marché africain une véritable manne financière et économique, se bousculent au portillon de ce continent aux richesses inépuisables.
Car, il faut le dire, les opportunités, surtout dans le domaine de l’économie numérique, y fleurissent. Selon les estimations, la généralisation du haut débit sur le continent devrait générer 250 milliards de dollars de chiffre d’affaires au cours des trois prochaines années.
Les secteurs les plus concernés par cette transformation digitale sont les «fintechs», l’e-commerce, le «healthtech», l’e-transport, l’e-food, les médias et le divertissement.
D’ailleurs, beaucoup de startup tunisiennes, basées en Tunisie ou en Europe, surfent sur la vague de la digitalisation des économies africaines et tablent, dans leurs stratégies d’expansion et de croissance, sur la conquête de nouvelles parts de marché en Afrique. C’est le cas, particulièrement, des «fintechs», qui, au vu de l’exiguïté du marché tunisien, estiment que l’herbe est plus verte ailleurs. Les chiffres sont là pour montrer cette effervescence et cet engouement des startup tunisiennes envers les marchés africains.
En effet, d’après le dernier rapport annuel de «Startup Tunisia», le Maghreb, l’Afrique subsaharienne et la région Mena représentent presque 20% du marché international visé par l’ensemble des startup labellisées. L’Afrique subsaharienne s’accapare, à elle seule, 6,41% des marchés cibles. D’une manière générale, l’Afrique est le continent le plus ciblé par les startup B2G.
Les opportunités diffèrent selon les régions
C’est que l’Afrique, avec son potentiel de croissance économique et sa population très jeune, est un Eldorado pour les startup tunisiennes, surtout les «fintechs» qui veulent croître et miser sur de nouveaux clients étrangers. En effet, ces startup, spécialisées dans le domaine de la finance, sont en train de percer sur les marchés local et international malgré les freins qui s’érigent en obstacle face à leur croissance.
En 2021, les «fintechs» ont capté plus de 16% des fonds levés par l’ensemble des startup labellisées. Le rapport «Startup Tunisia» affirme, à cet effet, que «les «fintechs» en Afrique et dans la région Mena sont le secteur qui attire le plus de fonds depuis quelques années».
Elles ont bénéficié de 7% des programmes d’accompagnement mis à disposition par les structures d’accompagnement présentes en Tunisie. Cette dynamique s’explique, entre autres, par le grand potentiel dont jouit le continent africain dans le domaine des «fintechs».
On estime que, d’ici 2025, les revenus de ces startup africaines de la finance devraient être multipliés par 8 pour atteindre les 30 milliards de dollars. En d’autres termes, quel que soit le contexte économique, les «fintechs» qui sont présentes sur le marché africain vont continuer de croître. Ce sont les prévisions du cabinet de conseil «McKinsey» qui tablent sur une croissance exponentielle des revenus des «fintechs» africaines en 2025.
Les hypothèses qui soustendent ces prévisions se basent sur les opportunités offertes par le continent : la sous bancarisation en Afrique (80% des Africains sont exclus du système bancaire) balise la voie à l’essor des services financiers digitaux.
Aussi, la croissance de la population jeune qui est la plus réceptive aux usages numériques et la chute des coûts de l’internet devront contribuer sur le court et moyen terme au développement des «fintechs» sur le continent. Le cadre règlementaire relatif aux services financiers a également évolué au cours des dernières années, dans la plupart des pays africains. Selon le dernier rapport de la Cnuced, 33 pays d’Afrique sur 54 ont une législation sur les transactions électroniques et 62% des pays du continent disposent d’une législation ou d’un projet de législation sur la protection des données et la vie privée.
Cependant, ce potentiel diffère selon les régions en Afrique, car les disparités entre pays subsistent. Alors que l’Afrique de l’Ouest a pris une longueur d’avance sur les autres régions du continent grâce à l’évolution dynamique du cadre réglementaire, le Maghreb caracole en queue de peloton avec des investissements dans les «fintechs» de 10 fois moins que ceux dans les autres startup. En effet, près de la moitié du financement des fintech en Afrique en 2021 est allée à celles de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).
Dans cette région particulière de l’Afrique, 202 entreprises de «fintechs» ont pu lever plus de 1 milliard de dollars, dont trois startup nigérianes ayant levé chacune plus de 100 millions de dollars. Il est indéniable que l’Afrique de l’Ouest constitue un marché porteur pour les «fintechs» tunisiennes qui, moyennant une étude de marché bien ficelée et un savoir-faire de qualité, peuvent percer en adaptant leurs solutions technologiques d’intégration financière aux besoins des populations locales.