Dans un contexte économique difficile où les entreprises traînent les séquelles des chocs exogènes (Covid et guerre en Ukraine), le financement bancaire demeure la bête noire des PME et même des grandes entreprises qui voient leurs conditions d’accès au crédit bancaire se durcir.
Les entreprises tunisiennes ont toujours du mal à obtenir des prêts bancaires, qui constituent, la principale source de financement externe. En l’absence du recours au marché financier ainsi qu’aux autres instruments de financement, tels que le capital risque et le leasing, le financement bancaire est vital non seulement pour le redressement des trésoreries de ces entreprises fragilisées par les crises mais aussi pour le déploiement de leurs stratégies de développement.
Ce problème puise son origine dans les conditions onéreuses exigées par les banques, à savoir les contraintes liées aux collatéraux ainsi qu’aux garanties hypothécaires, qui durcissent l’accès aux crédits bancaires. Selon les données de la Banque mondiale, le déficit d’accès des PME aux financements n’a cessé de se creuser au cours de ces dernières années, faisant passer le taux des entreprises qui s’en plaignent de 21,9% en 2013 à 43,9% en 2020.
Aujourd’hui, le problème du financement bancaire s’étend pour toucher même les grandes entreprises, qui avaient, a priori, les moyens pour satisfaire les exigences contraignantes des banques. C’est ce qui ressort des résultats de la 22e enquête sur le climat des affaires réalisée par l’Itceq. En effet, ladite enquête souligne que le financement bancaire constitue une contrainte structurelle qui perdure surtout d’un point de vue coût.
L’indicateur relatif au financement bancaire continue sa tendance baissière pour s’établir à 32,2/100 en 2022, accusant un recul de 6,4 points par rapport à 2020.
Le taux des entreprises qui disent avoir des difficultés d’accès au financement a augmenté de 4% entre 2020 et 2022, pour s’établir à 54%. Les résultats ont également révélé que cette problématique touche de plus en plus les grandes entreprises dont 54% considèrent le financement bancaire comme une contrainte majeure.
Ce pourcentage était de 28% seulement en 2020. «Au même titre que les petites et moyennes entreprises, les grandes entreprises sont devenues de plus en plus vulnérables et à court de liquidité dans un contexte marqué par les retombées de la crise sanitaire et la guerre en Ukraine», explique le rapport. L’enquête pointe aussi le poids que font peser les coûts exorbitants des prêts, non seulement, sur les PME mais aussi sur les grandes entreprises. En effet, 78% des PME estiment que le coût des prêts constitue un obstacle majeur contre 74% en 2020.
Cette perception s’est beaucoup développée dans les grandes entreprises, après la crise Covid, puisque 74% d’entre elles déplorent les coûts excessifs. Ce taux était de 54% seulement en 2020.
Il est à noter qu’en dépit des difficultés de financement, le tissu des PME commence à se rétablir, doucement mais sûrement des répercussions de la crise Covid. D’après les résultats du baromètre de la santé de la PME tunisienne «Miqyes», 36,8% des entreprises ont affirmé que 2022 a été une année de relance, avec une augmentation du chiffre d’affaires annuel par rapport à l’année précédente. 29% d’entre elles ont effectué des investissements (dont 69% pour une extension d’activité) contre 15,5% en 2020 et 36,2% en 2019.