Au moment où le droit universel des individus à l’eau devient de plus en plus menacé, il est temps que l’État tunisien élabore une stratégie claire et efficace pour améliorer la disponibilité de l’eau et surtout privilégier l’usage domestique et potable dans l’allocation des ressources. En effet, au bassin minier, la Compagnie des phosphates de Gafsa a recours à d’énormes quantités d’eau pour maintenir et développer ses activités d’extraction et de lavage du phosphate, sans prendre en compte ni les ressources hydriques rares ni l’accès à l’eau potable surtout. Selon les chiffres publiés dans le dernier rapport semestriel du Ftdes sur la justice environnementale, la consommation annuelle en eau de la CPG s’élève à environ 8.9 millions m3, ce qui équivaut à la consommation de 112 mille Tunisiens alors que, dans notre pays, 300 mille citoyens sont privés d’eau potable (données de 2020).
Dans le gouvernorat de Gafsa, plusieurs établissements et individus rencontrent des difficultés pour accéder à l’eau potable. Des écoles de Segdoud sont privées totalement d’eau, tandis qu’à Redeyef, les habitants vivent au rythme de coupures récurrentes d’eau. Pendant ce temps, la Compagnie de phosphate utilise un volume massif de ressources hydriques provenant notamment des nappes souterraines. Malgré les protestations et revendications des citoyens appuyés par la société civile à l’instar du Ftdes, la situation demeure désastreuse et la violation du droit à l’eau des citoyens, selon l’article 48 de la Constitution de 2022, continue. La privation d’eau potable a favorisé la multiplication des raccordements illégaux au réseau d’eau potable de la Sonede, un fléau qui prend de l’ampleur de nos jours, exerçant une pression supplémentaire sur les ressources.