Par Ilyes Bellagha*
Ce lundi 2 octobre, l’Union internationale des architectes organise la Journée mondiale de l’architecture.
Alors, parlons peu, mais parlons bien et surtout allons directement au but. L’architecte tunisien n’est plus responsable de sa production ! Oui messieurs dames, contrairement au roulement de tambours qui a accompagné l’inscription de certains monuments et quartiers de l’Ile de Djerba au patrimoine mondial, cette décision est en fait une baffe aux institutions nationales de sauvegarde qui n’ont pas réussi leurs missions. On fait appel à l’Unesco dans deux cas différents : le premier quand il s’agit d’un bâtiment comme le Taj Mahal, un bijou architectural, le deuxième lorsqu’on veut aider un site particulier que la société civile n’arrive pas seule à protéger contre l’envahissement de la horde des spéculateurs, le cas de Djerba, pourquoi se mentir, s’inscrit dans cette deuxième configuration.
L’aménagement, la production et le suivi des plans d’aménagement urbain et des bâtiments en Tunisie, sont tenus par des spéculateurs fonciers dont l’Etat lui-même à travers son agence foncière de l’habitat (l’AFH) fait partie et je prends pour exemple son projet phare, la cité Ennasr.
Ceci concernant ce qu’on nomme les grands projets, mais il faut avouer que la majeure partie du paysage urbain est constitué de logements individuels. Là, d’une manière nette et précise, c’est la loi de la jungle où une part des architectes afin de retrouver leurs fins de mois, non seulement participent mais souvent incitent leurs clients à la corruption, à travers des réseaux appelés dans notre jargon «les poseurs de cachets». Un grave hématome face auquel l’Ordre ne dispose que de paracétamol pour le soigner.
L’Ordre des architectes n’est pas comme les autres Ordres, pourquoi ?
Parce qu’il ne défend pas les architectes uniquement mais il défend surtout un élément artistique et hautement culturel qui présente un groupe d’individus qui font de l’architecture. Peut-on parler des sculpteurs sans parler de sculpture ? Peut-on parler d’un artiste sans parler de son art ? En un mot, peut-on encore parler du Beau ? Dans un pays de plus en plus laid.
En conclusion, et conformément à mes habitudes, je termine par une question philosophique.
Est-ce que j’ai une maison ou bien je suis dans ma maison ? Est-ce que j’ai un quartier ou je suis dans mon quartier ? Avoir ou être ? Où se trouve votre bien-être ?
I.B.
*Président de l’Association architectes citoyens