Repenser l’institution du mariage

Editorial La Presse

 

IL ne faut pas prendre l’indice  des naissances à la légère. C’est  un vrai diagnostic social, économique et politique et qui constitue, de surcroît, une base de départ très importante pour tracer l’avenir d’une nation. La nouvelle donne : la population tunisienne est en baisse,  selon les résultats d’une étude de l’Institut national de la statistique (INS) publiée en  septembre 2023. Elle a atteint 11.850.230 habitants en janvier de cette année, soit une baisse de 0,2 % en comparaison de l’année précédente.

Une baisse de 23% entre 2017 et 2021, renchérit l’étude. Ainsi la Tunisie est en train de revêtir les attributs propres aux pays riches du Vieux continent par cet aspect démographique. En ligne de mire, les origines de ce recul de l’indice  synthétique de la fécondité (ISF) est l’institution du mariage qui a chuté de 10 % en 2022, en raison de la crise économique et du coût élevé de la vie, toujours selon la même source.

A quoi faut-il s’attendre si cet indice de la fécondité  continue à s’essouffler ? De prime abord,  le besoin d’une main-d’œuvre  étrangère à long terme,  même si certains rejettent cet argument, les exemples des pays européens sont légion dans ce sens. Et la Banque mondiale dans son rapport de 2023 sur le développement dans le monde se rapportant aux migrants, réfugiés et sociétés affirme que dans les prochaines décennies, « les pourcentage d’adultes en âge de travailler diminuera fortement dans de nombreux pays. Certains pays, dont la Tunisie, la Turquie, le Mexique, la Thaïlande, pourraient bientôt avoir besoin de travailleurs étrangers parce que la population n’augmente plus ».

Ainsi les décideurs sont  appelés aujourd’hui à lire et à interpréter cette nouvelle donne démographique pour faire face à  de profondes mutations qui se présentent, car la Tunisie  ne dispose pas des moyens de l’Europe pour faire face à ce genre de défi. Le facteur le plus important à ausculter est celui de la nuptialité. Faut-il revisiter l’institution du mariage  minée  par une période de célibat trop prolongée due, entre autres, aux longues études ? Faut-il penser à instituer une prime à la naissance ? Une assistance  aux mères actives ? Des subventions aux crèches  et aux écoles ? Dans tous les cas, l’Etat est appelé à agir et mieux légiférer pour créer un environnement favorable aux mariages et à la naissance des enfants.

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