Le projet de loi de finances et de budget de l’Etat pour l’année 2024 a été adopté dans les délais impartis. Cette loi qui a été votée dans un contexte économique et financier très tendu nous interpelle à plus d’un titre. D’abord, pour pouvoir l’exécuter, il nous faut compter sur nous-mêmes. Ce dont nous sommes capables, comme ce fut le cas durant l’année 2023. Certes, il aura fallu ramer à contre-courant pour tenir jusqu’à la fin de l’année. Ce qui a dissipé le doute sur nos propres capacités et mis fin à cette illusion que rien ne peut se faire sans l’appui des loups de Brettons Woods, le FMI et la Banque mondiale, ou encore le soutien de l’UE. C’est pourquoi nous devons continuer sur la même lancée. Celle qui nous délivrera à jamais de la dépendance financière vis-à-vis des bailleurs de fonds et qui nous mettra à l’abri des pronostics désastreux des agences de notation internationales et des coûts outranciers du marché financier international. Mais pour y parvenir, il faut à cette loi un supplément d’âme. Celui qui émane d’une conviction collective que les attributs de notre dignité nationale passent indéniablement par la reconquête de notre souveraineté financière et économique vis-à-vis de tous les acteurs majeurs de l’économie mondiale. Certains analystes et experts autoproclamés diront qu’il s’agit d’une ivresse passagère et d’un jeu dangereux et que l’on se réveillera un jour avec un mal de crâne généralisé. Ceux-là ne font que semer à tout vent un doute immense qui se nourrit de tout ce qui contribue à la dévalorisation de soi, et alimente la détestation de l’Etat. Ce sont d’éternels pessimistes qui aiment noircir le tableau. Ils avouent pourtant que la clôture de l’exercice 2023 et le remboursement des dettes souveraines sont une prouesse qui risque de ne pas se reproduire en 2024. Mais ce serait sans compter sur l’esprit libérateur des Tunisiens et leur engagement dans l’étape à venir avec un supplément de force, de détermination et d’ardeur.
Les Tunisiens sont prêts à aborder l’exercice 2024 avec la conviction que la corruption, la spoliation des biens, du trésor public et les défaillances de certaines administrations sont la cause de trop de douleurs, de trop de souffrances. Et que continuer à maintenir l’ordre établi parce qu’on préfère ne rien faire jamais pour que cela change ne fera que perdurer les souffrances. 2024 sera donc une danse avec des loups, en Tunisie et ailleurs, mais qui finiront par cacher leurs crocs.