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Mendicité : Un phénomène qui échappe à tout contrôle

 

Tous les moyens et subterfuges sont bons pour soutirer de l’argent aux passants. Sans scrupules. L’on parle d’un phénomène social qui continue à échapper à tout contrôle.

La mendicité est un phénomène qui est en train de prendre de l’ampleur, à même d’engendrer, sur nos rues, une guerre de territoires. Ce qui a multiplié, par ailleurs, la propagation de la fausse mendicité. Soit de faux mendiants. Il s’agit de personnes souvent dans un état physique normal et acceptable et ne présentant pas de handicap particulier, qui accaparent une place, qui devant un supermarché, qui devant une institution bancaire et partout ailleurs, où l’argent coule à flots, pour faire la manche toute la journée, sans s’épuiser. Et gare à celui qui s’y colle. « Qui s’y frotte, s’y pique », dit l’adage.

Mendicité déguisée

Ainsi, les mendiants tiennent à “leur place” pour pouvoir quémander la bonne charité des passants, dans un lieu qui devient prisé et à squatter sans relâche. On les voit disposés dans tel ou tel endroit de la ville, sans partage et sans fatigue. Profitant des largesses et de la bonté des quartiers huppés qui leur remettent dans les mains de l’argent et des provisions alimentaires.

Pis encore, dernièrement, de faux mendiants, démasqués par la population locale, puis dénoncés à travers les réseaux sociaux, font surface au grand jour et dans toutes les rues. En effet, récemment, au croisement d’El Menzah VII et la route X, un quidam présenté comme un handicapé fait la manche d’une manière un peu particulière. Où sont les associations de défense et de prise en charge des personnes vulnérables pour résorber ce fléau ? Il y a intérêt à trouver des réponses et prôner des mesures efficaces. Depuis quelques années, l’on a pu recueillir des chiffres et données statistiques qui sont censés nous aider à en savoir plus sur ce fléau en Tunisie.

Le phénomène en chiffres

Sous nos cieux, la mendicité demeure un phénomène social qui a pris de l’ampleur au cours de la dernière décennie, notamment après la révolution de 2011. Selon des sources, il y aurait environ 4.000 mendiants dont 600 enfants dans le Grand-Tunis. La plupart de ces mendiants, sont des femmes accompagnées d’enfants, qui exploitent la compassion des gens pour gagner de l’argent.

Le revenu moyen quotidien d’un mendiant peut varier de 20 à 70 dinars, ce qui est supérieur au salaire minimum en Tunisie. Il existe aussi des réseaux organisés de mendicité qui recrutent ou exploitent des personnes vulnérables, notamment des enfants… Ces réseaux sont souvent liés à d’autres activités criminelles, comme le trafic de drogue, la prostitution, le terrorisme. Seuls 15% des mendiants seraient réellement dans le besoin, les autres étant des imposteurs qui profitent de la situation économique et sociale difficile du pays.

Laxisme et complicité

La mendicité est considérée comme une infraction par la loi tunisienne, qui prévoit des peines de prison ou des amendes pour les personnes qui la pratiquent ou qui l’encouragent. Cependant, la loi n’est pas toujours appliquée, et les autorités font preuve de laxisme ou de complicité face à ce phénomène. Par ailleurs, il n’existe pas de politique publique efficace pour lutter contre la mendicité, qui nécessite une approche globale et multidimensionnelle. Il faudrait à la fois renforcer le contrôle et les sanctions, mais aussi penser à des alternatives et des solutions pour éradiquer sinon contenir ce phénomène, sous forme d’aides sociales, d’emplois, de soins médicaux, etc. Il faudrait également les orienter vers des structures d’accueil ou d’assistance.

Du reste, on a trop parlé de ce phénomène, sans en venir à bout. Il a fait, à maintes reprises, l’objet de débats sociaux. On y voit une professionnalisation de la mendicité, à cause de la paupérisation croissante de la population tunisienne. Un constat implacable et affligeant. A l’entrée des grandes surfaces, devant les mosquées, traînant un carnet de soin et un paquet de papiers mouchoirs, les mendiants sont de plus en plus visibles dans la rue à Tunis. Cela commande la réaction immédiate des pouvoirs publics pour contrecarrer la misère dans la rue.

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