La dépréciation du dinar au fil des ans, l’inflation continue et les majorations aléatoires des prix tous azimuts ont rappelé combien le Tunisien manque de moyens pour s’offrir tout ce dont il a besoin. Des remèdes et mesures existent et des actions énergiques sont à entreprendre aussi, mais…
A peine l’année 2024 commencée, les premiers remous dus à l’envolée des prix se font sentir. Au cinéma, le ticket passe de 8 à 10 D, sans crier gare. On peut remercier les tenanciers des salles de cinéma d’avoir fait une exception pour le 1er janvier. Parce que, pour les salles plus distinguées, il faut compter presque le double, sont 18 D la place. Aux dernières nouvelles, la viande de dinde s’est envolée, pour la seule journée de mardi 2 janvier 2024, de plus de 7 dinars supplémentaires le kilo. Même si les prix sont versatiles et instables.
Une tendance haussière !
A midi, le citoyen lambda en quête d’une pause-déjeuner va préférer largement un sandwich à un menu du jour complet à pas moins de 15 D. Parce que économiser des sous est la norme, toujours de bon conseil, même s’il faut s’atteler à gagner plus d’argent dans la vie, au travail. D’aucuns pensent qu’il est encore tôt pour se faire une idée générale des prix en ce début d’année. En fait, la tendance inflationniste est devenue chronique en Tunisie qu’on ne peut espérer le contraire, à moins d’un miracle !
Rareté du sucre ou pas, les prix des confitures ont explosé au vu de la baisse des récoltes des fruits également avec des conserves de fraises et d’abricot de bonne marque locale qui frôlent les 5 et 6 D. Une chose impensable il y a encore deux ans, avec des prix qui sont passés du simple au double. Du côté des vêtements et des habits, les soldes d’hiver tardent à poindre, alors qu’en Europe et ailleurs c’est la frénésie acheteuse et l’effervescence avec des déstockages massifs sur toute la ligne sport de 60%. Alors qu’en Tunisie, aucune annonce n’a filtré et il faut s’attendre à ce qu’elles débutent comme l’an dernier le 1er février, à un jour près. Les commerçants qui adhèrent à cette manifestation commerciale facilitent la relance de la dynamique économique et appuient, tant bien que mal, le pouvoir d’achat des consommateurs.
Ainsi, les dates du 1er janvier et 1er juillet de chaque année marquent, généralement, l’apparition de nouveaux prix sur la consommation de produits courants, généralement à la hausse. Ainsi, le tabac est devenu tellement cher que les plus âgés ou les retraités par exemple se résignent à acheter leur marque habituelle de plus de 8 ou 10 dinars pour lui préférer une autre locale fixée à 5 D. Ceci avant que les prix du tabac et de l’alcool, généralement surtaxés pour financer des produits vitaux comme les médicaments, ne repartent de nouveau en flèche.
Des remèdes subsistent comme la course aux bonnes affaires dans les magasins et les promotions, mais elles n’ont qu’un effet court et éphémère. Les augmentations des salaires prévues au cours de ce mois pourraient renverser la vapeur et réajuster les tendances d’achat, avec des revenus améliorés, sans pour autant impacter les niveaux des prix. Bien au contraire. A ce sujet, on a contacté Lotfi Riahi, président de l’Organisation tunisienne pour informer le consommateur, organisation non-gouvernementale, afin d’identifier les moyens et les mécanismes pour faire relâcher les fortes pressions sur le consommateur amené à dépenser toujours plus pour un même produit.
“Marche arrière”
Cette ONG semble avoir bon pied, bon œil, étant très active dans la préservation du pouvoir d’achat du citoyen. M. Riahi a rappellé le bon travail que le ministère du Commerce et ses différents départements ont effectué pour mettre le holà à la hausse des prix. Même si le plan met du temps à avancer et qu’il s’exécute par étapes, ciblant notamment les services comme prochainement avec les prestations bancaires et les différentes opérations de débit sur les comptes des clients. Il rappelle également le gel des prix pour certains produits, lequel avait donné une efficacité et qui doit être renouvelé. Il relate le phénomène de “marche arrière” sur les prix qui doit être bien ciblé pour les remettre à leur juste niveau, de façon considérable.
Les commerçants ont toujours une tendance haussière, mais l’Etat et les brigades de contrôle économique veillent au grain et font pression sur tout comportement spéculatif. L’on assistait, dernièrement, à la diffusion de reportages, où l’on a vu certaines pâtisseries anarchiques préparer leurs gâteaux sous un tas d’immondices de déchets et dans l’insalubrité complète pour les fêtes de fin d’année.
Lotfi Riahi nous a révélé que de nombreuses familles tunisiennes sont réduites à ne prendre qu’un repas par jour, à cause de la dégradation de leur pouvoir d’achat. Légion sont celles qui déjeunent, mais ne dînent tout bonnement pas. A quand un heureux dénouement ?