Il faut dire qu’il y a eu, en si peu de temps, une certaine évolution, en termes de choix politiques et diplomatiques, mais il y aura, tout de même, beaucoup à faire. Car la guerre n’est pas finie.
14 janvier 2011, c’était comme aujourd’hui, la révolution tunisienne faucha tout un pan de l’histoire « noire » et nous apporta, sur un plateau d’argent, les graines du changement qui auraient dû faire le printemps tunisien. 13 ans déjà, l’on s’attend encore à ce que cette révolution, aussi inachevée soit-elle, porte ses fruits et révèle tous ses secrets.
Du temps perdu !
Au fil des ans, on aurait dû bien cibler et réaliser les objectifs pour lesquels tout un régime politique s’écroula, en moins d’un mois, comme un château de cartes. Hélas, tout projet de réforme ou de développement demeure bloqué. Faute de moyens ou de volonté, tout est parti en fumée. Et la liste des actions, déjà en instance, ou qui sont renvoyées aux calendes grecques, est encore longue. Alors que le fameux slogan « emploi, liberté, justice sociale » n’a abouti à rien, d’autant qu’il n’a cessé, telle une rengaine, d’être communément scandé, en tout lieu et en tout temps. Bref, le bilan semble peu reluisant.
Depuis, combien de temps perdu, d’énergies galvaudées et des âmes déçues, derrière des promesses non tenues. Les familles des martyrs et blessés de la révolution sont les premiers qui en ont pâti et continuent de boire le calice jusqu’à la lie. Ayant toujours l’espoir d’avoir gain de cause et le droit de connaître, un jour, la vérité sur la liste définitive des victimes, elles prennent leur mal en patience. Et même l’IVD, Instance Vérité et Dignité, en laquelle elles croyaient fort, avait ainsi trompé leurs attentes.
En fait, leur seule et unique revendication consiste, dès le début, en la levée du voile sur les noms de leurs enfants, victimes d’une révolution encore en ébullition. Aussi ceux-ci ne sont-ils pas, à maintes reprises, réduits à de simples cartes électoralistes ou à des voix de vote pour oui et pour non. A force d’être trop manipulé et politisé, ce dossier des martyrs et blessés de la révolution tourna à un fonds de commerce aux intérêts étriqués.
Tout comme celui de la justice transitionnelle qui a mal fini, laissant derrière lui un très lourd héritage de crimes et de béantes plaies encore ouvertes. Un camouflet d’oppression et d’injustice que le temps a du mal à cicatriser.
De vieux démons se réveillent à nouveau !
Et le rapport de la défunte « IVD », qui avait recommandé la vérité des faits commis par le passé, le dédommagement des victimes et sinistrés, afin de mettre terme à l’impunité, s’est vu, jusqu’ici, laissé de côté, sans dire un mot sur la réconciliation nationale. Sauf qu’on commence, aujourd’hui, à en parler sous son aspect pénal et l’aborder en tant que fer de lance du développement régional.
Surtout que notre économie n’est pas encore sortie de la crise qui l’a frappée de plein fouet.
De même, le modèle social et économique n’a pas été révisé.
Des économistes tunisiens ont, à maintes fois, dénoncé ce constat, faisant remarquer que le pays a continué la même démarche, sous la houlette de l’Union européenne qui nous avait promis, lors de la conférence de Deauville en 2011, autant d’aides et crédits. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts. Il a fallu attendre le coup d’éclat présidentiel réussi, en juillet 2021, pour que la situation prenne une nouvelle tournure, si positive soit-elle.
C’est que le président Kaïs Saied a tenu, volontiers, à réveiller les vieux démons de beaucoup d’affaires et dossiers de trafic et de corruption.
D’autant plus qu’il a livré bataille contre spéculateurs et contrebandiers, afin de barrer la route aux circuits de distribution mafieux et rétablir l’approvisionnement du marché en produits alimentaires de première nécessité.
Il faut dire qu’il y a eu, en si peu de temps, une certaine évolution, en termes de choix politiques et diplomatiques, mais il y aura, tout de même, beaucoup à faire.
Certes, on n’a pas encore gagné la partie et la guerre continue.