Les mutations du contexte socioéconomique et politique en Tunisie au cours de la dernière décennie ont favorisé l’exclusion sociale et le développement de la précarité professionnelle. Cette dernière se manifeste notamment par la diffusion des nouvelles formes d’organisation du travail, le gel des recrutements dans le secteur public, l’intensification du travail informel, la contractualisation de l’emploi, la flexibilité dans la rémunération et l’augmentation des effectifs. La crise financière des entreprises publiques et la mise au chômage de milliers de salariés ainsi que l’incapacité de l’économie nationale à créer de nouveaux emplois ont contraint l’État à prendre des mesures d’urgence pour rectifier le tir. La période post-révolution (2011) et la crise du Covid ont révélé les vulnérabilités du marché du travail. En effet, ces crises ont mis au grand jour et peut-être renforcé les maux dont pâtit déjà le marché du travail, qui consistent en la segmentation entre travail stable et protégé et travail précaire, la forte concentration dans la distribution de la masse salariale au profit des salariés en haut de l’échelle sociale, le respect souvent approximatif du droit du travail, le poids important du chômage des jeunes et du chômage de longue durée, etc.
Le marché de l’emploi ne s’est toujours pas remis après la révolution et la pandémie du Covid-19 au point qu’il affiche encore des frictions importantes, que ce soit en termes de conditions de travail, de rémunération ou autres…
Tout au long d’une décennie et malgré les efforts déployés par la tutelle pour relever les défis liés à l’employabilité et l’inclusion économique, le marché de l’emploi est encore loin d’être revenu à la normale. La conjoncture nationale et internationale a fortement pesé sur la dynamique du marché de l’emploi, c’est pour cela que l’exécutif s’est engagé, —suite à l’appel du Président Kaïs Saïd à en finir avec la sous-traitance et mettre fin aux contrats à durée déterminée (CDD)—, à examiner en profondeur les problématiques liées au Code du travail, en particulier en ce qui concerne la sous-traitance et l’adaptation aux nouveaux modèles de travail, en promouvant les principes du travail décent et en luttant contre l’emploi précaire.
Lors d’une réunion tenue récemment au siège du comité général du travail et des relations professionnelles, le ministre des Affaires sociales, Malek Ezzahi, a appelé à élaborer un inventaire actualisé et urgent du nombre d’entreprises de sous-traitance et du nombre d’employés à l’échelle nationale et à intensifier les campagnes contre l’emploi précaire et les conditions de travail indécentes.
Outre cet inventaire, le ministre a préconisé l’élaboration des perspectives sur les mécanismes juridiques permettant de lutter contre toutes les formes de travail précaire.