Les jeunes ont changé ! Que faire ?

Editorial La Presse

«Blue whale» ou «baleine bleue». Tout le monde se rappelle ce jeu morbide qui a terriblement sévi auprès des jeunes en Tunisie et dans le monde en les poussant au suicide . C’était déjà la sonnette d’alarme il y a quelques années.  Une sonnette d’alarme pour nous avertir à quel point le monde virtuel peut provoquer des ravages auprès de nos jeunes. Pour nous rappeler aussi que le monde virtuel et la magie d’internet n’ont pas que des avantages. Lors des premiers soubresauts des réseaux sociaux, Ignacio Ramonet avait publié en 1996 un article dans Le Monde en titrant «Internet, l’extase et l’effroi». La médaille du virtuel a deux faces en effet.

«Baleine bleue» n’est qu’un exemple microscopique de la place que le monde virtuel peut avoir dans la vie de nos jeunes. Une place tellement importante et à double tranchant qu’on ne peut plus affirmer si nos jeunes sont tournés vers le virtuel ou tourmentés par le virtuel. Mais quelle que soit la face par laquelle on prend  la médaille, le constat est là : notre jeunesse est aujourd’hui éduquée par le numérique. Son comportement a changé, ses loisirs et ses désirs aussi, son discours également et sa manière de réceptionner les messages, les informations et le dialogue. Finie l’époque où les jeux de société et les jeux dans le quartier rassemblaient les enfants autour du même loisir les rendant ainsi beaucoup plus sociables. Même les grands espaces dans les quartiers où tout le monde s’en donnait à cœur joie autour d’un ballon sont réduits. Pour jouer au foot aujourd’hui, il faut avoir les moyens de s’inscrire dans une académie…

Ainsi la jeunesse a changé ! Elle est en dehors du modèle classique de la société. Une génération bien trop affairée par les jeux virtuels qui la projettent dans un autre monde loin des tracas sociaux, et il s’agit de trouver de nouvelles règles et de nouveaux outils pour l’encadrer en commençant par la sensibilisation et l’éducation. Autrement dit, il faut l’amener avec beaucoup d’intelligence à lever le nez de l’écran pendant quelques heures par jour. Il s’agit également pour les responsables de la jeunesse d’imaginer et de mettre en œuvre une nouvelle politique basée par exemple sur l’éducation aux médias et à l’écologie. Les parents sont aujourd’hui trop dépassés pour pouvoir ramener leurs brebis égarées, mais par contre, il serait idéal d’instaurer des programmes au sein des écoles et des lycées pour renouer le fil du dialogue avec la réalité sociale. Ecrire un simple guide de sevrage et le distribuer ne suffira pas. Toute une stratégie nationale est appelée à se développer pour que nos jeunes se réconcilient avec les valeurs sociales de la Tunisie,  surtout  avec la plus grande, à notre sens, qui est l’amour de la patrie et de ce pays qui nous a tant façonnés.

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