Répercussions des tensions entre l’Iran et l’entité sioniste: Les marchés pétroliers dans l’expectative ?

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Les marchés pétroliers ne croient pas à l’escalade entre l’Iran et l’entité sioniste, ce qui explique pourquoi les prix du baril ne grimpent pas.


Samedi 13 avril, le monde entier assistait avec stupeur à l’attaque sans précédent que l’Iran a lancée contre l’entité sioniste en réponse à une frappe aérienne israélienne sur son consulat à Damas.

Les tensions ne cessent de monter. Et la situation s’enlise davantage au Moyen-Orient et risque de s’embraser, suscitant l’inquiétude de la communauté internationale qui multiplie les appels au calme pour éviter une guerre régionale.

Pourtant, et contre toute attente, au lendemain de l’attaque inédite, les marchés pétroliers, d’habitude sensibles aux événements géopolitiques majeurs, sont restés stables après une légère baisse observée, en début de semaine, sur les prix de l’or noir.

Une réaction surprenante, mais qui reflète l’attitude plutôt rassurée des investisseurs: l’appel des Etats-Unis à la désescalade —ils ont dit ne pas vouloir d’une guerre étendue avec l’Iran— a initialement maintenu les investisseurs dans l’expectative. Ensuite, les informations récentes relayées par des médias américains et israéliens, selon lesquelles l’Etat hébreu aurait renoncé à des frappes de représailles, ont prolongé la détente relative des marchés pétroliers, les prix se stabilisant en dessous des 90 dollars.

Cette baisse est, néanmoins, intervenue après des semaines tendues sur les marchés de l’or noir. Si pour l’heure, les marchés n’anticipent pas une extension du conflit, le scénario du pire n’est jamais définitivement écarté.

Après avoir menacé de bloquer le détroit d’Ormuz, par lequel transite 20% du pétrole mondial, Téhéran met en garde Israël contre toute attaque sur ses sites nucléaires et menace de cibler ceux de Tel Aviv. Ce scénario affecterait la production mondiale de pétrole, puisque l’Iran est un gros producteur d’hydrocarbure.

Avec 3,8 millions de barils produits par jour, il est le quatrième producteur de pétrole après les Etats-Unis, l’Arabie saoudite et la Russie. Ses exportations qui s’élèvent à 2 millions de bpj représentent alors 2 % de l’offre mondiale. Mais les spécialistes estiment que le risque est assez limité, c’est ce qui explique, d’ailleurs, pourquoi les cours du pétrole ne grimpent pas et les marchés ne croient pas, en tout cas, à l’escalade.

L’Opep maintient la pression sur les prix

Cependant, loin de s’inscrire en baisse durable, les spécialistes estiment que les cours du pétrole devraient être maintenus à un niveau assez élevé. La reprise, au mois d’avril, de l’activité manufacturière en Chine a boosté la demande et poussé à la hausse des cours. Aussi, la prolongation des coupes dans la production du pétrole par les pays de l’Opep+, jusqu’à mi-2024, devrait maintenir la pression sur les prix.

En effet, l’Arabie saoudite a annoncé, au mois de mars dernier, qu’elle va continuer de sabrer son volume d’un million de barils par jour (bpj) pour la période d’avril à juin.

La Russie a également prévu de son côté de réduire sa production et ses exportations à hauteur de 471.000 barils par jour. Ces mesures s’ajoutent à la réduction de 500.000 barils annoncée en avril 2023 et qui va durer jusqu’à fin 2024.

D’autres pays membres de l’Opep+, notamment l’Irak, les Emirats arabes unis et le Koweït leur ont emboîté le pas et ont décidé de resserrer les vannes jusqu’au mois de juin prochain.

En tout état de cause, l’intensification des tensions au Moyen-Orient ne sera pas sans effet sur les marchés pétroliers dont la hausse peut coûter cher aux pays importateurs d’énergies, dont la Tunisie.

Rappelons, dans ce contexte, qu’une augmentation de 1 dollar du prix du baril de pétrole se répercute en hausse sur le budget de l’Etat à hauteur de 128 millions de dinars et que la loi de finances 2024 a été élaborée sur l’hypothèse d’un baril à 81 dollars, alors qu’il s’élève aujourd’hui aux alentours de 87 dollars.

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