LE projet de loi pour le statut de l’artiste et des métiers artistiques continue à susciter les interrogations des députés. Rien n’est encore tranché ! Notons que cette loi vise à «régler le statut juridique de l’artiste afin de garantir ses droits, définir ses devoirs et lui assurer la place qu’il mérite dans la société, compte tenu des rôles importants qu’il joue dans le développement de la vie culturelle, sociale et économique».
Après une séance le 29 février consacrée à ce projet de loi 55 /2023, la commission tourisme, culture, services et artisanat a préféré écouter encore les professionnels et les intervenants dans ce milieu. Force est de croire que la plupart des députés sont loin des tenants et aboutissants de ce dossier parce qu’ils sont loin des préoccupations des artistes et des techniciens du théâtre et du cinéma dont la plupart se trouvent dans une situation de précarité.
Un simple contact avec la mutuelle des artistes qui milite depuis des années pour ce projet et pour assurer un minimum de couverture sociale à ses adhérents aurait tout de suite éclairé les députés et le projet aurait été voté. Le rapport de la mutuelle est alarmant dans ce sens, et la solution traîne encore dans les couloirs des responsables. Ainsi le président du syndicat des métiers de la musique, Meher Hammami, a-t-il fait appel à une intervention directe du Chef de l’Etat. Un chef de l’Etat qui sera sensible au fait que cette situation ne peut perdurer et qu’il est hors de question qu’on continue à exploiter toute cette classe sociale marginalisée.
Une classe qui n’a pas droit à la couverture sociale mais qui n’a pas non plus de classification fiscale, comble du comble ! Sous d’autres cieux, le problème a été réglé par la création du statut de l’intermittent du spectacle. Et c’est justement la proposition de tous les corps de métiers qui ont réfléchi pendant des années pour arriver à ce projet de loi.
En l’absence d’une loi qui le protège, l’artiste est devenu un véritable «cas social». C’est aussi une question de dignité pour ceux qui nous ont représentés avec fierté sur plusieurs scènes internationales. Bien entendu, la question qui se pose, c’est comment distinguer le vrai artiste et homme de culture du simple animateur de fêtes ou de l’impresario? Cela est aussi un travail à part qui nécessite une classification par niveaux des cartes professionnelles. Ceci est censé faire partie des connaissances de ces députés qui doivent trancher en urgence ce dossier jusque-là si nébuleux pour eux.