L’analyse de l’activité touristique a fait ressortir depuis des années que le produit tunisien est principalement balnéaire. Le saharien, le golf, la thalassothérapie, la plaisance, le culturel et l’écotourisme restent des activités de loisirs et de découverte. Ceci a fait en sorte que l’activité touristique soit saisonnière. S’agissant des composantes des produits, elles restent peu développées et concentrées sur une offre d’hôtellerie à caractère international.
Dans une logique de durabilité, il est important de diversifier le produit touristique ainsi que ses composantes. Au niveau du produit, les différentes études de développement stratégique de la JICA et de la Banque mondiale préconisent le développement des produits de niches qui contribuent à la création de la valeur ajoutée, tels que le saharien, le golf, la thalassothérapie, le tourisme culturel, .l’écotourisme et l’agritourisme.
Significativité économique
Le développement de tels produits a une significativité économique importante puisque ces derniers répondent aux besoins du nouveau touriste. Leur durée de séjour est assez importante, puisqu’ils favorisent une consommation touristique plus importante, dont les retombées concernent, d’une manière directe, les populations locales et permettent de réduire la saisonnalité de l’activité touristique. Outre l’importance économique, ces types de produits touristiques contribuent à la conservation et la mise en valeur des ressources naturelles et culturelles, contribuant ainsi à la durabilité sociale et environnementale du développement touristique.
De même, les attentes relatives à l’hébergement sont différentes par rapport à l’hôtellerie classique développée jusqu’ici. L’offre en matière d’hébergement, comme l’a déjà préconisée la Banque mondiale, devrait être spécifique au produit développé. Par exemple, dans le cadre de l’agritourisme, l’hébergement peut prendre la forme d’accueil chez l’agriculteur (gîtes ruraux, chambres d’hôtes, gîtes à thème, fermes auberges, fermes découvertes, etc.), offrant des parcours touristiques adaptés.
Il est important à ce niveau de souligner que la Banque mondiale a insisté sur la régionalisation des destinations touristiques. Ceci veut dire que les produits touristiques à développer doivent tenir compte des spécificités régionales et miser sur leurs potentialités. Ceci permet de différencier les régions entre elles et d’augmenter le taux de retour ainsi que les revenus touristiques.
Dans le même sens, l’Institut Emrhod Consulting a dressé l’état des lieux du tourisme et l’hébergement alternatif et durable en Tunisie, dans le cadre d’une étude quantitative et qualitative qu’il a réalisée récemment. Cette étude, en regards croisés, menée pour le compte de la Fédération interprofessionnelle du tourisme tunisien (Fi2T), auprès du grand public et des professionnels du secteur.
L’étude a fait ressortir une croissance en crescendo des hébergements alternatifs et durables, représentant 9% du taux de pénétration du marché local ainsi qu’une grande variété d’offres. Consacrée à la situation de l’hébergement touristique alternatif en Tunisie, elle recommande la mise en place d’un cadre juridique souple conforme à ce type de tourisme mondial, qui facilite l’accompagnement des investisseurs et des acteurs et les aide à suivre le rythme de cette nouvelle tendance.
Cette étude réalisée en deux étapes (les clients puis les professionnels) a permis aux Tunisiens de s’interroger sur leur perception de ce type de résidence et leurs exigences, leur permettant d’évaluer les perspectives de développement du marché.
35% des investisseurs sont actifs dans ce domaine depuis plus de quatre ans, selon l’étude, 78% des clients sont des touristes étrangers et 71% des familles. L’étude a montré que 39 % des Tunisiens perçoivent des tarifs d’hébergement touristique alternatif appropriés, alors que 22 % considèrent que les prix sont élevés.
À la lumière de cette étude, le groupement professionnel des résidences alternatives présentera un plan d’action pour encourager et valoriser toutes les destinations dans différentes régions du pays à l’effet d’accroître la diversité et la rénovation, de présenter des offres de qualité et de réduire les disparités régionales.
Par ailleurs, un plan commun entre toutes les parties intervenantes dans le domaine du tourisme durable, notamment le premier ministère et les ministères de l’Agriculture et de la Culture, sera mis en place. Il est à noter que l’un des objectifs stratégiques du ministère du Tourisme est de passer du système d’autorisations au système des cahiers des charges, ce qui encouragerait les investissements dans ce secteur à condition que le projet soit conforme aux normes en vigueur.