Ghalia Ben Ali au Festival International de Carthage : Le chant aux allures d’une prière…

Ghalia Ben Ali a fait son premier Carthage jeudi soir. Accompagnée par des musiciens internationaux talentueux, elle a assuré un spectacle musicalement très coloré.

C’est le premier grand spectacle de Ghalia Ben Ali en Tunisie. Autrement dit c’est son premier Carthage après Hammamet, le festival de la Medina et la cité de la culture. Autant dire qu’elle n’a pas caché son émotion pour être là non pas en disant «  je suis heureuse d’être là ! » mais cela se sentait dans le premier morceau qu’elle a interprété « Ya msafer wahdek» de Mohamed Abdelwaheb. Une interprétation un peu débordée et un tant soit peu grotesque mais en fin de compte nous ne tarderons pas à mettre ce débordement sur le compte de l’émotion «d’être là» quand elle interprètera  le second morceau avec bravoure, et c’est de ce second morceau qu’elle a pu mettre le train sur les rails et entrer dans son propre univers.

«Hadhret Wasl» est un univers musical très coloré et très marqué par la variation de styles qui passe de l’oriental   aux sonorités très marquées  par la musique gitane qui n’est pas sans nous rappeler les films de Tony Gatlif. Ghalia Ben Ali, très influencée par les musiques d’Andalousie qui s’est mélangée avec la musique gitane tente de perpétuer cette ancienne tradition en lui donnant une touche très personnelle. Le costume de l’artiste d’ailleurs nous introduit directement dans cet univers gitan. Un spectacle où Ghalia Benali a chanté, a dansé,  et a donné show sur des poèmes soufis  ainsi que sur des poèmes du Hallej par exemple. Elle ne manquera pas de chanter non plus du Om Kalthoum tout en gardant le public dans son propre univers .On découvrira également Ghalia Ben Ali qui chante le soufi sur une musique africaine et c’est une découverte qui nous a agréablement surpris.

Dans ce spectacle Ghalia a également chanté l’amour mais dans sa relation avec la religion faisant passer finalement le message à travers des poèmes sublimes que l’idée de Dieu existe tout simplement dans l’amour. C’est cette relation entre le divin et la chanson que l’artiste a tenté de communiquer jeudi soir.

Une question à Ghalia Ben Ali

«Le chant pour moi est comme la pratique d’une prière ! »

Dans une interview qu’elle a accordée à notre journal, nous lui avons posé cette question :

Que représente le chant pour vous ? Est-ce un art à part entière ou une manière de communiquer avec le divin puisque vous chantez le soufi également…

«Je dirais que c’est la deuxième option…. a-t-elle répondu.  Quand j’ai commencé à chanter en Belgique ou au Portugal, c’était devant un public qui ne comprenait rien à ce que je disais  et j’ai eu le sentiment que je ne connaissais pas ce public qui venait partager ce qu’il a senti lui aussi après le spectacle. On se parlait au-delà des mots en quelque sorte …. Et puis le chant est  devenu pour moi  comme la pratique d’une prière,  d’un art comme le Yoga ou comme une recherche spirituelle : D’où vient cette Ghalia qui chante  en moi ? C’est une question qui m’a ouvert les yeux sur beaucoup de choses .Parce qu’il y a des choses que j’ai apprises nulle part dans cette vie, des choses que je n’ai même pas étudiées. Et tout d’un coup il y a eu une prise de conscience qui a ouvert toutes les portes devant moi : je me suis trouvée en train d’écrire des textes en arabe et de les composer. D’autre part 90 % de mes chansons  je les ai senties du premier coup en lisant le texte en diagonale. Une expérience assez incroyable qui fait que je suis en train de suivre une voix intérieure pour le choix des textes. Au-delà de l’auteur, qu’il soit un débutant ou un poète confirmé, tout correspond à ma faculté de comprendre le texte à cet instant- là.  Je ne me fais pas d’illusion et je ne touche jamais à quelque chose qui ne m’interpelle pas, qui est au-dessus de mes forces ou qui n’est pas dans ma sphère».

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