Baromètre arabe : Les jeunes réagissent aux insuffisances administratives !

Le baromètre arabe a publié, récemment, ses résultats à propos de la Tunisie. Ce baromètre est un projet de recherche indépendant qui fournit des informations sur la vie sociale, économique et politique dans le monde arabe au moyen de sondages auprès de citoyens ordinaires de 12 pays arabes, à l’initiative de l’Université de Princeton. Le projet vise à permettre aux citoyens du monde arabe d’exprimer leurs besoins et leurs intérêts.

Toutes les données collectées par le baromètre arabe sont publiées publiquement et peuvent être facilement utilisées sur le site. One to One for Research and Polling, son partenaire, est un bureau indépendant spécialisé dans les sondages d’opinion et les enquêtes scientifiques sur des questions locales et internationales. Basé à Tunis et couvrant ses activités au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, la boîte intègre un certain nombre de chercheurs et d’experts en techniques qualitatives, quantitatives pour mener à bien des études de marché et des sondages d’opinion. One to One est partenaire de plusieurs réseaux de recherche, tels que le baromètre arabe, l’Afrobaromètre, l’indicateur arabe, l’université de Princeton, l’université du Michigan et l’université de Harvard.
La moitié des Tunisiens (48%) estiment que la situation économique est le plus grand défi auquel le pays est confronté. La question du terrorisme (13%) et de la corruption (12%) fait partie des autres défis majeurs auxquels la Tunisie fait face. La situation économique reste une priorité absolue à ce stade, étant donné la grande disparité entre elle et les autres défis.

La corruption est répandue
Neuf Tunisiens sur dix (90%) considèrent la corruption comme «très» ou «moyennement»répandue dans les institutions de l’État. Il est à noter également que la perception de la corruption a connu une augmentation de 21 points par rapport à 2011 et 2013.
Dans le cadre du sondage, les citoyens ont été également interrogés sur la nécessité de payer des pots-de-vin afin d’accéder à de meilleurs services publics. Les questions étaient à propos des services de santé et d’éducation. Pour la santé, 47% des Tunisiens ont déclaré qu’il est «absolument nécessaire» ou «nécessaire» de verser des pots-de-vin à un agent public pour obtenir un meilleur service de santé. Alors que 49% des citoyens estiment qu’il n’est pas nécessaire de payer un pot-de-vin. En ce qui concerne l’éducation, 43% des citoyens ont déclaré qu’il est«absolument nécessaire» ou «nécessaire» de verser des pots-de-vin à un agent public pour obtenir un meilleur service. Alors que 55% des Tunisiens le considèrent comme «pas nécessaire» ou «pas du tout nécessaire».
Si l’on compare avec les autres pays arabes, la Tunisie se trouve dans une position assez confortable : elle est au huitième rang parmi les onze pays arabes, en termes de perception des citoyens de la nécessité de payer des pots-de-vin pour obtenir des services de santé (47%) et d’éducation (43%) meilleurs.

Les jeunes pensent émigrer
Un tiers des citoyens tunisiens (33%) pensent à émigrer. La plupart sont jeunes (18-29 ans), le taux passe à 56% chez cette cible et ceux ayant fait des études supérieures (51%). 73% des personnes souhaitant émigrer veulent partir pour des raisons économiques. L’Europe est la destination privilégiée (57%), suivie de l’Amérique du Nord avec un taux de 12%.
Le taux d’intention à l’émigration reste moyen par rapport aux autres pays arabes. La Tunisie se classe au quatrième rang des pays dont les citoyens envisagent de partir. Une partie de l’enquête sur le baromètre arabe a été consacrée à la mesure de la confiance des citoyens dans un certain nombre d’institutions publiques. L’enquête a montré que la confiance dans les institutions souveraines était disparate. Les pourcentages de confiance de ceux qui ont «confiance» ou «totalement confiance» sont comme suit : armée (90%), police (62%) et magistrature(48%).
Les résultats du baromètre arabe montrent que les perceptions des libertés sont en déclin. La perception de la liberté d’expression a diminué de 11 points par rapport à 2011 (77%). Cependant, elle reste la plus élevée en comparaison avec les perceptions enregistrées dans les autres pays couverts par l’étude. Les perceptions de la liberté de protestation (48%) et d’association (50%) en 2018 sont également plus faibles que celles des années précédentes, surtout si on les compare avec les perceptions enregistrées en 2013.
L’intérêt des Tunisiens pour la politique a également diminué à 24%. En 2011, il était 36% et en 2013 46%. Le baromètre arabe s’est intéressé à mesurer les taux de stress et de dépression dans les pays arabes où l’enquête avait été menée. Les résultats ont montré que 53% des Tunisiens se sont sentis « plusieurs fois» ou «souvent» stressés. 40% des citoyens ont déclaré se sentir « plusieurs fois» ou «souvent» déprimés au cours des six mois précédant l’enquête. Les taux de stress chez les femmes (56%) et les 30 à 39 ans (62%) sont les plus élevés.
En termes de dépression, les pourcentages sont plus élevés chez les groupes d’âge (50 ans et plus) et chez les femmes (41%). Les résultats montrent également que, par rapport aux autres pays, la Tunisie se situe à la tête des pays arabes avec des taux de stress et de dépression élevés parmi les citoyens.

Conclusion
La moitié des Tunisiens considèrent que la situation économique est le défi le plus important auquel le pays fait face. La perception de la corruption est élevée, parmi les plus élevées de la région arabe.
La proportion des Tunisiens qui songent à quitter le pays a augmenté. Cette augmentation concerne en particulier les jeunes et ceux qui ont fait des études supérieures.
Les Tunisiens pensent à émigrer pour des raisons d’ordre économique. Pour la majorité, l’Europe est la destination préférée.
La confiance en les institutions de souveraineté est disparate.
Les perceptions des libertés en recul, ainsi que l’intérêt pour la politique.
Les taux de stress et de dépression sont très élevés, parmi les plus élevés de la région arabe.

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