Lors du prochain congrès régional pour le développement durable des paysages oasiens dans la région Afrique du Nord, qui se tiendra à Douz, gouvernorat de Kébili, au mois de mai prochain, plusieurs mesures devront être prises pour assurer la protection des oasis sur lesquelles planent plusieurs menaces en raison du réchauffement climatique, du stress hydrique et des constructions anarchiques
La Tunisie accueillera en mai 2019 le congrès régional pour le développement durable des paysages oasiens dans la région Afrique du Nord, incluant l’Egypte et la Mauritanie, a annoncé le ministre des Affaires locales et de l’Environnement, Mokhtar Hammami, lors d’un atelier préparatif pour ce congrès organisé les 10 et 11 avril à Gammarth, Tunis, en présence de plus d’une centaine d’experts. Les participants libyens n’ont pu rejoindre les travaux en raison de la situation qui prévaut dans leur pays.
Gestion durable des écosystèmes oasiens
L’objectif de cet atelier est de préparer le terrain pour le prochain congrès à travers le raffermissement de la concertation et le renforcement de la coordination entre ces pays dans le domaine de la conservation durable des écosystèmes oasiens en vue de contribuer au développement local. Plusieurs mesures seront prises à l’issue du prochain congrès pour protéger les oasis sur lesquelles planent plusieurs menaces en raison du réchauffement climatique, du stress hydrique et des constructions anarchiques ainsi que des difficultés rencontrées en termes d’exportation des dattes tunisiennes, a déclaré le ministre, Mokhtar Hammami.
Sur le plan national, le travail déjà entamé depuis 2016 se poursuit. Le nombre des oasis en Tunisie est estimé à 246 et le ministère a réalisé des microprojets au profit de six oasis relevant de quatre gouvernorats, en plus de son intervention en faveur de 1.052 agriculteurs, notamment des femmes. Notre action tend aussi à cibler des potentialités touristiques peu valorisées dans les oasis, fait-il savoir.
Aujourd’hui, il est question de toucher le plus grand nombre d’oasis par ces microprojets et de travailler davantage sur la gestion durable des écosystèmes oasiens en s’orientant beaucoup plus vers les technologies modernes et l’exploitation de nouvelles énergies, telle l’énergie solaire. Ce projet est appuyé par la Banque mondiale avec un premier fonds d’environ 150 MDT, mais ce qui prime c’est la volonté politique et celle des habitants de ces zones, a-t-il mis en évidence.
Considérer les espaces oasiens dans leur globalité
Le grand défi demeure le réchauffement climatique qui menace l’existence même des oasis, ce qui nécessite davantage de cohérence entre les différents projets et programmes visant le développement durable. Il est important de constater que jusqu’à présent et devant la complexité des problèmes environnementaux et sociaux, certains programmes ont apporté des solutions sectorielles, voire sous-sectorielles, car l’oasis n’a pas été considérée comme un patrimoine protégé dans son ensemble, a soulevé le représentant de la Banque mondiale à Tunis, Taoufik Bennouna.
Selon l’orateur, le débat doit donc s’orienter vers une approche novatrice, d’où la nécessité d’une vision intégrée capable de considérer les espaces oasiens dans leur globalité, dans toutes leurs composantes matérielles et immatérielles, une action concertée pour combattre la marginalisation politique des oasis. Il faut un plaidoyer pour la patrimonialisation des oasis en leur conférant le statut de patrimoine naturel et culturel intergénérationnel. Nous avons le devoir de protéger et de développer mais également de transmettre ces écosystèmes aux générations futures, a affirmé Taoufik Bennouna.
Dans l’ensemble des pays du Maghreb et du Machrek, il faudra repenser une approche interdisciplinaire nouvelle dans le cadre d’un programme régional qui mettra l’accent sur les objectifs productifs et spécifiques des oasis. Les défis majeurs demeurent le renforcement du cadre juridique et réglementaire qui permette la mise en place de ce programme et de reconnaître la spécificité des oasis, ainsi que l’investissement en matière de gestion durable.
Une feuille de route en rapport avec les orientations stratégiques et les priorités d’action à l’échelle régionale sera annoncée aujourd’hui au terme des travaux de cet atelier. Elle servira de référence pour la poursuite des débats autour des espaces oasiens lors du prochain congrès régional qui se tiendra à Douz, gouvernorat de Kébili, au mois de mai prochain.
Samir DRIDI