Une augmentation de cent millimes à la production a été finalement décidée cette année pour l’ensemble de la filière laitière. Subventionnée par l’Etat, elle ne se ressentira pas sur le prix de la brique de lait demi-écrémé achetée par le consommateur au bout de la chaîne. Il ne s’agit pas de la seule augmentation prévue.
Après plusieurs mois de difficultés et de débâcle au cours desquels les professionnels du secteur n’ont cessé de tirer la sonnette d’alarme, une issue favorable semble avoir été trouvée pour sortir de l’ornière une filière empêtrée dans une crise sans fin. Une convention de partenariat public/privé a été, en effet, conclue, hier, entre d’un côté le gouvernement représenté par les ministères de l’Agriculture, du Commerce et de l’Industrie et des PME et les groupements professionnels représentés par l’Utica et l’Utap en présence du chef du gouvernement, Youssef Chahed. Les solutions et les mesures prévues dans ce document effectif sur une durée de cinq ans, jusqu’à 2025, devraient permettre à une filière laitière qui bat de l’aile de se remettre sur pied et de retrouver une légère embellie après une longue période de vaches maigres.
Instituer un prix « dynamique »
En effet, à l’instar des autres secteurs agricoles, les professionnels de la filière ont subi de plein fouet les répercussions de la volatilité des prix des intrants qui, conjuguée à d’autres facteurs, ont alourdi les charges des éleveurs et des producteurs de lait. Dans le document de la convention figurent des solutions et des mesures qui devront permettre de rebooster le secteur à travers la restructuration de la filière et l’amélioration de la productivité des élevages laitiers. Il s’agit également de garantir une rentabilité économique suffisante pour les intervenants du secteur tout en maintenant un niveau de qualité élevé au niveau des divers maillons de la filière et en s’assurant de la traçabilité et de la sécurité sanitaire des produits agricoles. Mais le syndicat des éleveurs et des agriculteurs se réjouit tout particulièrement d’un point dans la convention, fruit d’un accord entre les deux parties public/privé et qui est l’institution d’un prix « dynamique » qui devra être automatiquement indexé sur la variation du coût de revient afin de garantir la viabilité de la filière. Autrement dit, la hausse constante du coût de revient d’une année à l’autre devra se répercuter systématiquement sur tous les maillons du secteur et générer une augmentation des prix en amont et en aval, à savoir de l’éleveur à l’industriel en passant par le collecteur.
Réduire les importations
Une augmentation de cent millimes, au lieu des 180 exigés initialement par la syndicale agricole, a été finalement décidée pour cette année pour l’ensemble de la filière. Elle se répartit comme suit comme nous l’a expliqué Abdelmajid Ezzar, président de la syndicale agricole (Utap) : l’augmentation s’élève à 55 millimes par litre pour le producteur, 15 millimes par litre pour le collecteur et 30 millimes pour l’industriel. Subventionnée par l’Etat, elle ne se ressentira pas sur le prix de la brique de lait demi-écrémée achetée par le consommateur au bout de la chaîne. Il ne s’agit pas de la seule augmentation prévue. En effet, afin de soutenir les intervenants de la filière céréalière et de garantir la pérennité du rendement et de la productivité des grandes cultures qui contribuent à la sécurité alimentaire à l’échelle nationale, des augmentations ont également été décidées pour le prix des céréales à la production, s’élevant respectivement à 7 dinars le quintal pour le blé dur, 5 dinars pour le blé tendre et 3 dinars pour l’orge. « La signature d’une convention de partenariat public/privé entre le gouvernement et les professionnels de la filière laitière et agricole traduit la volonté de l’Etat de doter cette filière d’une vision globale et prospective pour les cinq années à venir afin de garantir l’équilibre et la pérennité de son rendement et de sa productivité. Cette convention de partenariat pour une période de cinq ans allant de 2019 à 2025 a notamment pour objectifs d’appuyer les agriculteurs, de renforcer la production agricole et par là la sécurité alimentaire, de consolider le positionnement de la Tunisie sur les marchés et de réduire les importations dans la filière céréalière », a souligné le chef du gouvernement Youssef Chahed.