Afin de conférer un bel aspect à l’harissa, certains fabricants n’hésitent pas à la mélanger avec du colorant pour cheveux ou de la poudre rouge provenant des briques utilisées pour la construction des maisons, a souligné le président de l’Organisation de défense du consommateur au cours d’une conférence de presse tenue hier par le directeur général de l’hygiène du milieu et de la protection de l’environnement au ministère de la Santé.
Le ministère de la Santé a organisé une conférence de presse afin d’annoncer le programme de contrôle sanitaire qui sera mis en œuvre par la direction de l’hygiène du milieu et de la protection de l’environnement prévu avant et pendant le mois de Ramadan. Ce département a procédé, en effet, à des enquêtes d’évaluation de la qualité des produits alimentaires à grande consommation qui ont permis de prélever des échantillons sur de nombreuses quantités de produits alimentaires. Le directeur de l’hygiène du milieu et de la protection de l’environnement Mohamed Rabhi a souligné que le programme spécifique pour le contrôle des produits alimentaires au cours du mois de Ramadan a notamment pour objectif de prévenir les risques sanitaires liés à l’alimentation à travers l’organisation de visites d’inspection sanitaire dans les établissements d’alimentation (restaurants, fastfood……) afin de les inciter à respecter les règlements et les normes de sécurité des produits alimentaires et adopter les mesures nécessaires au cas où des denrées alimentaires dont le délai de péremption est dépassé seraient écoulés sur le marché.
Fermeture de 50 établissements
Conformément au décret ministériel du 8 avril 2019, relatif au renforcement du contrôle sanitaire pour les produits alimentaires avant et tout au long du mois de Ramadan, la direction de l’hygiène du milieu au sein du ministère a programmé une série de contrôles sanitaires répartis sur deux périodes, à savoir du 1er avril jusqu’au début du mois de ramadan et ensuite durant tout le mois saint. Le mois dernier, le contrôle sanitaire a porté sur les circuits de fabrication, de production et de stockage. Les opérations d’inspection sanitaire ont ratissé large incluant les unités de transformation des denrées alimentaires prévues pour la consommation à grande échelle (lait et ses dérivés, les aliments en conserve, les unités d’eau embouteillée, les boissons gazeuses, les salaisons….Jusqu’à la fin du mois d’avril dernier, près de 10000 visites d’inspection sanitaire ont été effectuées sur tout le territoire.
Elles ont conduit à la fermeture de 50 établissements qui ne respectaient pas les normes sanitaires tandis que 800 infractions sanitaires ont été relevées. Par ailleurs, 1300 échantillons de denrées alimentaires ont été prélevés et soumises à des analyses pour vérifier si elles sont propres ou non à la consommation humaine. Cette campagne de contrôle sanitaire a permis de saisir 25 tonnes de denrées alimentaires périmées. Les opérations de contrôle sanitaire seront renforcées au cours du mois de Ramadan, ce qui permettra de resserrer l’étau autour des unités et des établissements d’alimentation et de distribution qui commercialisent des denrées alimentaires non conformes aux normes, a affirmé M. Rabhi. Ce programme spécial mois de Ramadan prévoit également des campagnes de sensibilisation qui ciblent les consommateurs et qui seront diffusées à travers les médias.
La direction de l’hygiène du milieu et de la protection de l’environnement a procédé, par ailleurs, à des études d’évaluation de la qualité des denrées alimentaires destinées à être consommées à large échelle afin d’évaluer les risques sanitaires liés à l’alimentation. Une enquête qui a été conduite dans 3100 boulangeries réparties sur l’ensemble du territoire a révélé que 56% en moyenne répondent aux normes de sécurité sanitaire, sachant que ce taux est variable d’une région à l’autre (entre 45,7% et 68%) et d’une boulangerie à l’autre (entre 13,8% et 94,3%). Le non-respect des normes a notamment été observé pour l’étiquetage. Ces enquêtes ont également concerné les produits pâtissiers préemballés, les confiseries, les fruits secs et les glaces. Les résultats ont montré que 63% des 27 ateliers de pâtisserie inspectés répondent aux normes, cette moyenne variant entre 41% et 86% pour les régions et entre 21% et 99% pour les ateliers de fabrication de pâtisseries.
Du colorant pour cheveux dans l’harissa
Ces enquêtes ont, par ailleurs, montré que dans 20% des ateliers qui ont subi une inspection, le taux de conservateurs et de colorants utilisés dans la fabrication des gâteaux avait atteint le seuil limite autorisé. S’agissant de la fabrication des glaces, 17,9% des échantillons prélevés dans trois unités ont montré, par contre, que le taux de conservateurs et de colorants alimentaires avait dépassé le seuil autorisé. Enfin, quant aux petites minoteries et unités de fabrication et d’emballage des fruits secs, l’enquête qui a été menée dans 56 unités a montré que 56% répondaient aux normes sanitaires. S’exprimant sur la question des intoxications alimentaires, le directeur de l’hygiène du milieu et de la protection de l’environnement a affirmé que c’est l’année dernière que le record a été atteint avec plus de 1855 cas d’intoxications enregistrés, notamment pendant l’été, période au cours de laquelle des festins sont organisés à l’occasion de la célébration des mariages.
Les conditions de conservation et d’hygiène sont loin d’être respectées tandis que peu de précautions sont prises lors de la manipulation des denrées alimentaires servant à la préparation de ces festins. Mohamed Rebhi a, par ailleurs, ajouté que le milieu scolaire enregistre également un nombre assez élevé d’intoxications : 60% de ces dernières ont été causés par un défaut d’hygiène lors de la manipulation d’aliments consommés par les élèves ainsi que par la consommation de friandises (chewing-gum….) ne répondant pas aux normes. Prenant la parole, M. Slim Saadallah a mis l’accent sur la nécessité de faire preuve de vigilance pendant le mois de Ramadan au cours duquel les fraudes et les arnaques sont très fréquentes et concernent des denrées alimentaires très prisées par les consommateurs à l’instar de la harissa. Afin de lui conférer un bel aspect, certains fabricants n’hésitent pas à la mélanger avec du colorant capillaire ou de la poudre rouge provenant des briques utilisées pour la construction des maisons, a souligné le président de l’ODC.