C’est au réalisateur des feuilletons «Njoum Ellil» et «Naouret Lahwa» qu’on a confié la réalisation de «Chouerreb» saison 2. Medih Belaïd était en plein tournage de ce feuillton de 15 épisodes qui sera diffusé au mois de Ramadan. Il a bien voulu nous accorder cet entretien.
Comment vous vous êtes retrouvé à réaliser «Chouerreb» 2 ?
D’abord j’ai découvert «Chouerreb1» sur Youtube. Je trouve qu’ils ont fait un exploit vu qu’ils ont tourné, monté et mixé en un temps record. La deuxième saison de «Chouerreb» n’a rien à voir avec la précédente, pas dans le sens comparatif de qui est mieux que l’autre ! Mais dans «Chouerreb 2» on retrouve d’autres comédiens, une autre histoire et d’autres axes qui ont été rajoutés. Il y a pas mal de ramifications aussi comme si, au lieu de construire un premier étage, on a érigé une nouvelle maison qui n’a rien à voir avec l’ancienne. Je ne dis pas que c’est mieux que la saison précédente mais c’est un «Chouerreb» différent !
Vous avez réalisé cette deuxième saison dans des conditions difficiles. Qu’est-ce qui vous a poussé à le faire ?
C’est pour la première fois que je travaille dans ces conditions pour être sincère. C’était un challenge : six semaines de tournage et demain on entame la septième… En fait, on prépare, on tourne et on monte en même temps… On travaille à 500 à l’heure Qu’est-ce qui m’a poussé à le faire ? Cela n’a rien à voir avec le personnage de Chouerreb ! C’était lors d’une réunion familiale à Paris. J’avais une proposition à Alger et une autre au Liban, j’ai choisi de faire ce travail pour rester un peu à côté de ma famille en Tunisie. J’avais vraiment envie de travailler en Tunisie, cette année, ça me manquait vraiment !
Le rapport avec les acteurs sur le plateau était-il compliqué ?
D’abord, je veux insister sur le fait que j’ai eu une formidable équipe technique et artistique. Côté acteurs, nous avons enchaîné avec des comédiens qui ont participé à la première saison tout en rajoutant d’autres de même niveau et je dirais même de gros calibre. L’arrivée de ces nouveaux acteurs a beaucoup apporté à l’image. Sur un autre plan, avec les comédiens, c’était une liaison familiale et on travaillait tous ensemble pour le bien du projet. Pour moi un comédien n’est pas là pour «exécuter» un rôle mais pour le créer. Parfois des, comédiens comme Lotfi Abdelli, Dalila Meftahi ou Atef Belhassine me proposent des idées et si c’est intéressant, je suis preneur. Et généralement, ce qu’ils me proposaient était toujours intéressant.
Cette deuxième saison est-elle également inspirée de la vie du véritable «Chouerreb» ?
Franchement, on ne tenait pas à être fidèle à son histoire ou a sa biographie, par contre, on était fidèle à l’époque de Chouerreb comme par exempte la guerre des Six jours entre Israël et l’Egypte et ses répercussions en Tunisie. A cette époque-là, il y avait aussi les «Youssefistes» et «Sabbat Dhlem». On a pointé le temps filmique de notre histoire avec des événements phar dans l’Histoire de la Tunisie. Le reste, c’est de la création autour de Chourreb. On n’est pas d’accord avec son histoire. D’ailleurs sa mère s’appelle Halima et pas Fatma.
Pourquoi avoir introduit des événements politiques dans cette histoire et avoir construit la narration tout autour ?
Parce que cette époque était passionnante sur le plan politique! Le conflit des Youssefistes avec les Bourguibites et la guerre israélo-arabe en sont un fabuleux exemple. Il y avait aussi la gauche. La Tunisie passait par une période très difficile et elle a pu la surmonter, donc pour moi le peuple tunisien est un peuple visionnaire et bon vivant. On a voulu donc introduire cet axe et travailler dessus avec nos comédiens. Cela dit il y a aussi beaucoup d’humour dans notre histoire !
Vous «écrivez» toujours avec trois caméras sur le plateau ?
Absolument ! Je trouve des difficultés à travailler avec une seule caméra ou bien deux ! Trois caméras, c’est idéal pour moi. Concernant mes choix techniques, je dirais que je me suis débrouillé avec ce que j’ai sachant que j’ai eu trois bonnes caméras, un bon chef-opérateur et une bonne équipe technique y compris la décoratrice, la maquilleuse et la costumière. J’ai essayé également de séduire le spectateur avec une nouvelle mise en scène. Avec l’âge j’ai acquis de l’expérience et je l’ai mise à contribution dans ce feuilleton.
Vous estimez que vous avez réussi ce feuilleton ?
Je l’espère ! Tout en sachant que, cette année, il y a de la bonne concurrence. Il y a aussi une évolution technique dans les tournages et c’est tant mieux !
Par rapport à vos précédents feuilletons, comment qualifierez-vous «Chouerreb 2» ?
C’est le meilleur, carrément ! D’autant plus que c’était un véritable défi ! A quelques jours de Ramadan, on tourne toujours !
Quel est votre regard sur le feuilleton tunisien, en général, pour cette année ?
Il y a une véritable évolution. C’est vrai qu’il y avait de véritables dérives surtout l’année dernière sauf qu’il y a toujours des projets intéressants et des producteurs qui ont fait confiance aux jeunes réalisateurs. Quand je vois les bandes annonces de cette année, je peux parler d’une évolution. Maintenant, j’espère que les bandes annonces tiendront leurs promesses !