La troisième réunion du comité de pilotage (Copil) de la stratégie nationale pour l’emploi a été tenue hier à Tunis en présence de la ministre de l’Emploi et de la formation professionnelle Saïda Ounissi, des représentants respectivement des deux partenaires sociaux, à savoir le patronat (Utica) et le syndicat des travailleurs (Ugtt) et des départements ministériels concernés par le secteur de l’emploi.
Le processus de l’élaboration de la stratégie a été amorcé en 2017 avec la coopération du Bureau International du Travail (Bit). Son objectif est de mettre en place un plan d’action pour l’emploi au profit des jeunes sur la période 2020-2030. En effet, la troisième réunion du Copil marque la fin de l’étape du diagnostic du marché de l’emploi, première étape du processus de l’élaboration de la stratégie. Des réunions de concertation nationales et régionales auront lieu durant les quelques semaines à venir, l’objectif étant d’y impliquer toutes les parties prenantes et de lui conférer le caractère participatif.
Chômage persistant aux alentours de 15%
Un point de presse a été tenu, hier en marge de la réunion du Copil. Dans une déclaration aux médias, Saïda Ounissi a fait savoir que l’inefficience des mécanismes d’emploi actuellement déployés pour réduire le chômage des jeunes figure parmi les principaux constats dégagés à partir du diagnostic. « Ces mécanismes ont contribué à la stabilisation du taux de chômage qui stagne aux alentours de 15,4%. Cependant, ils n’arrivent pas à le résorber d’une manière significative. C’est ainsi, qu’il est indispensable de leur substituer de nouvelles politiques de l’emploi », a déclaré Ounissi. La ministre a expliqué que suite à des négociations avec les partenaires sociaux, il a été convenu d’intégrer l’entrepreneuriat dans la stratégie nationale.
Par ailleurs, Saïda Ounissi a affirmé que plusieurs décisions concernant le fonds national de l’emploi, notamment l’intégration des mécanismes d’accompagnement aux jeunes chercheurs d’emploi et de financement de l’économie sociale et solidaire, ont été adoptées en Conseil des ministres le 08 courant.
S’exprimant sur le sujet de la formation professionnelle, Ounissi a déclaré que contrairement à l’enseignement supérieur, la formation professionnelle offre de nombreux débouchés. En effet, le taux d’intégration professionnelle des apprentis est aux alentours de 67%. Ce taux est revu à la hausse dans certaines spécialités et peut atteindre les 90%, notamment dans des filières comme l’aquaculture et la mécanique automobile.
Pour rompre avec le travail précaire
S’exprimant sur le sujet de la disparité régionale en matière d’emploi, Khalil Ghariani membre du bureau exécutif de l’Utica, a expliqué que cette stratégie devrait booster un investissement dans les régions axé sur leurs spécificités. À cet égard, il a expliqué que la spécialisation du gouvernorat de Monastir dans l’industrie textile est une expérience réussie à dupliquer dans les régions.
Pour Jobrane Bouraoui, le secrétaire général de la fédération de la formation professionnelle relevant de l’Ugtt, cette stratégie devrait rompre avec l’emploi précaire et pourvoir les jeunes de gages d’emploi stable. À cet égard, il a souligné que 40% des jeunes occupent un travail informel et que les deux tiers des contrats signés avec les entreprises sont des contrats à durée déterminée. En outre, il a noté que les mécanismes d’intégration professionnelle à l’instar des contrats de type (Sivp) utilisés généralement pour faciliter l’embauche aux jeunes sont devenus des instruments de travail précaire poussant ainsi les talents exacerbés à quitter le pays.