La Tunisie étant un pays à ressources naturelles limitées, elle ne peut pas miser davantage sur le pétrole et le gaz pour améliorer ses recettes en devises. Le seul recours pour sortir de l’ornière est sans doute de redoubler d’efforts en vue de produire plus dans tous les domaines et particulièrement l’industrie et l’agriculture, et ce, dans le but de satisfaire les besoins de consommation locale – sécurité alimentaire oblige – et de dégager des excédents à exporter vers les destinations extérieures
Les avoirs nets en devises au 9 mai 2019 (chiffres provisoires) sont tombés à 12.984 MDT couvrant 74 jours d’importation, selon les chiffres publiés par la Banque centrale de Tunisie. Pourtant, la situation était meilleure quelques années plus tôt puisque ce montant se situait à 13.397 MDT en 2009 et 13.003 MDT en 2010. Mais pourquoi nos réserves en devises ont connu une dégringolade inquiétante, au risque d’approfondir les équilibres financiers du pays ? Il faut dire, de prime abord, que les devises proviennent essentiellement des exportations, des recettes touristiques mais aussi des investissements directs étrangers. Or, ces indicateurs ont été en berne au cours des dernières années pour diverses raisons. Les exportations n’ont pas connu la relance escomptée malgré les efforts déployés dans le domaine de l’industrie et de l’agriculture.
La diminution, voire l’arrêt de production du phosphate a également privé la Tunisie d’une entrée de devises importante. Notre place sur le marché international en tant que fournisseur de phosphate a été occupée par d’autres producteurs et notre pays a été relégué à une position inférieure. Même si une reprise a été enregistrée au cours des derniers mois, du travail reste encore à faire en vue de trouver le rythme normal de la production.
Réduire les importations
La Tunisie étant un pays à ressources naturelles limitées, elle ne peut pas miser davantage sur le pétrole et le gaz pour améliorer ses recettes en devises. Le seul recours pour sortir de l’ornière est sans doute de redoubler d’efforts en vue de produire plus dans tous les domaines et particulièrement l’industrie et l’agriculture, et ce, dans le but de satisfaire les besoins de consommation locale — sécurité alimentaire oblige — et de dégager des excédents à exporter vers les destinations extérieures. Il est impératif de mettre en place une stratégie à appliquer dans les meilleurs délais en vue d’atteindre des objectifs qualitatifs et quantitatifs dans tous les secteurs, quitte à appliquer la double séance pendant la saison estivale pour certains secteurs sensibles.
En 2018, les importations totales ont été de 60.035.2 millions de dinars, selon les chiffres officiels publiés par l’Institut national de la statistique (INS). Ce montant dépasse de loin celui des exportations. C’est pour cela que le déficit commercial s’est aggravé d’une façon inquiétante. En effet, les exportations totales ont été de 40.986.2 millions de dinars. La Tunisie est obligée d’importer une grande partie de ses besoins de consommation comme ceux qui concernent les céréales et les hydrocarbures dont les cours connaissent une fluctuation sur le marché international avec souvent des révisions à la hausse. L’Etat qui compense le carburant est obligé de supporter la différence entre le prix réel et celui destiné à la vente à la pompe.
Certains produits superflus ou inutiles peuvent faire l’objet d’un arrêt ou d’une suspension des importations pour ne pas grever davantage notre budget. A noter que la Tunisie avait conclu des accords commerciaux avec plusieurs pays mais n’a pas réussi à imposer ses produits au marché partenaire. Le déficit commercial de la Tunisie avec certains partenaires est criard ! C’est le cas, par exemple, avec le partenaire turc qui a inondé notre marché de produits divers sans que la Tunisie ne puisse agir de la même façon.
Les performances touristiques
Pour ce qui est des recettes touristiques en devises, elles ont totalisé en 2018 une enveloppe de 1,36 milliard de dollars, soit près de 4,09 milliards de dinars tunisiens. Les performances enregistrées dans le secteur touristique ne semblent pas profitables au peuple tunisien dans la mesure où ces devises obtenues par les entrées des touristes étrangers ne sont pas injectées dans les caisses de l’Etat pour renforcer nos avoirs en devises. C’est que les devises fournies par les touristes pour acheter des voyages en Tunisie ne sont pas transférées dans notre pays mais restent dans les pays où se trouvent ces tour-opérateurs.
Certains touristes qui viennent à titre individuel paient les hôtels et les achats (produits d’artisanat, consommation) qui sont souvent modestes. D’où la nécessité de revoir la procédure de dépenses des touristes dès leur décision de séjourner en Tunisie pour que toutes leurs dépenses en devises reviennent à la Trésorerie nationale pour en faire profiter notre économie. En outre, il est intéressant d’inciter les touristes à dépenser davantage, et ce, en leur proposant des objets d’artisanat attirants ainsi que la participation aux jeux payants et aux activités d’animation.
Des mesures appropriées devraient être prises en urgence pour améliorer nos recettes en devises. Ces mesures pourraient concerner la diminution des importations même si les règles de l’Organisation mondiale du commerce encouragent les Etats membres, dont la Tunisie, à favoriser la liberté commerciale. Mais elle autorise chaque Etat dont l’industrie est menacée de prendre des mesures restrictives temporaires pour suspendre les importations d’un ou des produits ciblés. Cela ne constitue nullement une solution radicale à nos problèmes. Il est plutôt recommandé de diversifier et de renforcer les exportations vers de nouvelles destinations comme l’Amérique, l’Europe et les pays du Golfe.
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