En attendant l’adoption par l’ARP de la loi sur l’asile, les réfugiés installés en Tunisie vivent dans des conditions difficiles
Au terme de sa récente visite à Médenine, au sud de la Tunisie, l’envoyé spécial du Haut commissariat des Nations-unies pour les réfugiés (Unhcr), M. Vincent Cochetel, a fini par sortir de ses gonds. Il n’a pas été satisfait de ce qu’il a vu et entendu dans les rouages du centre « Ibn Khaldoun » d’accueil des réfugiés et demandeurs d’asile, ouvert depuis un certain temps dans la région. Bref, le constat est peu reluisant, révèle-t-il dans son rapport de mission pas si trop médiatisé. Mais, rien n’est aussi alarmant, selon lui.
En fait, ce fut le même topo que celui avancé, il y a peu, par le Ftdes, l’organisation nationale civile qui soutient souvent la cause migratoire. Soit un tableau quasiment catastrophique qui exige une intervention urgente. Son communiqué rendu public, suite au décès d’un réfugié érythréen à l’hôpital de Zarzis, était perçu comme un pavé dans la mare lancé dans le camp du HCR et vise, sans détour, son envoyé spécial, alors, en mission éclair en Tunisie. Et de dénoncer un manque d’assistance médicale nécessaire, faisant porter l’entière responsabilité à l’Unhcr. Alors que ce dernier n’est pas le seul à gérer ce centre et prendre en charge ses résidents. Le Croissant rouge tunisien et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) sont aussi de la partie.
Déception
Chiffres à l’appui, il y a, jusqu’au mois dernier, pas moins de 1.792 réfugiés et demandeurs d’asile vivant sur le sol tunisien dont la majorité sont des Syriens (1.031). Au centre de Médenine, l’on compte actuellement quelque 486 résidents, dont les déplorables conditions d’accueil et d’hébergement ont suscité dépression et grande déception. Ce qui a plombé l’ambiance et nourri des querelles et tensions exacerbées, ayant déclenché dernièrement des mouvements de protestation autour du siège du HCR aux Berges du Lac à Tunis. Ces protestataires, à en croire l’envoyé spécial, s’attendent à être réinstallés dans des pays européens, même si leurs demandes ne répondent pas aux critères exigés. Ils sont catégoriquement contre leur rapatriement. Et M. Cochetel d’insister sur le fait que le mandat du HCR s’est limité à la protection des réfugiés et leur favoriser la sécurité et les besoins nécessaires à une vie digne et décente. Ce qui n’est pas tout à fait le cas au centre des réfugiés « Ibn Khaldoun » à Médenine. Ni pour d’autres centres de migrants, non plus.
Le responsable onusien a mis à l’index l’actuelle situation en Libye et ses retombées potentielles sur le flux migratoire en Tunisie. Sans pour autant faire craindre un scénario pareil à celui de 2011. Mais, la vigilance demeure aussi de mise, prévient-il. L’homme, paraît-il, garde encore l’espoir d’un changement à l’horizon. Il est question d’adopter, le plus rapidement possible, la loi d’asile dont le projet continue à dormir dans les tiroirs de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP). « En attendant son adoption, on ne ménagera aucun effort pour prendre les choses en main », rassure l’émissaire de l’Unhcr.
Kamel Ferchichi