L’huile végétale subventionnée par l’Etat est destinée au grand public et notamment aux couches défavorisées dans le but de préserver leur pouvoir d’achat. Or, au cours des dernières années, on a constaté que cette huile est indisponible dans les épiceries ni, bien sûr, dans les grandes surfaces. Pourtant, l’Etat importe régulièrement au prix fort payé en devises l’huile végétale du marché international avant d’assurer son raffinage dans des unités tunisiennes. Les responsables de ces unités ont, d’ailleurs, dénoncé, récemment la disparition de grandes quantités d’huile végétale raffinée des points de vente appelant les services de contrôle relevant du ministère du Commerce de mener des campagnes à large échelle pour savoir où sont passées ces quantités d’huile et sanctionner les contrevenants.
Des rondes de contrôle ont été, effectivement, menées par des agents du ministère concerné pour découvrir que des quantités d’huile végétale sont stockées dans des dépôts ne répondant pas aux conditions d’hygiène et de propreté. L’objectif recherché par les spéculateurs est de vendre ce produit aux connaissances et surtout à certains restaurateurs et fabricants de denrées alimentaires. Ainsi, cette huile est achetée en gros à prix dérisoire, ce qui permet aux professionnels de faire des bénéfices conséquents dans la mesure où le produit fini est vendu au prix fort.
Plusieurs professionnels dans le domaine de la restauration et de la pâtisserie ne donnent pas beaucoup de considération aux intérêts des consommateurs ni à leur pouvoir d’achat qui ne cesse de dégringoler. Ces consommateurs sont alors obligés de se rabattre sur l’huile de maïs, de tournesol qui est vendue dans les grandes surfaces à raison de 4d,500 et plus le litre. Un tour chez les épiciers de la capitale permet d’avoir une idée sur la situation actuelle qui se caractérise encore par une absence de l’huile d’olive.
Des mesures dissuasives
Pourtant, les responsables des usines de raffinage d’huile végétale importée assurent qu’ils approvisionnent régulièrement les différents points de vente et particulièrement les épiciers où se rend la grande partie des consommateurs pour acheter ce produit. A noter que cette huile est utilisée pour la préparation des différents plats cuits ainsi que les salades. Au cours du mois de Ramadan, la consommation connaît un accroissement vu le nombre de plats préparés. L’achat d’huile de maïs revient plus cher pour ces consommateurs qui font partie de la classe moyenne ou de celle à revenu limité. En principe, l’huile végétale compensée remplace l’huile d’olive dont le prix — malgré la baisse consentie cette année — demeure hors de portée.
Les professionnels, toutes activités confondues, devraient s’approvisionner, selon la réglementation en vigueur, des grossistes et non des points de vente ouverts aux citoyens. Il faut dire aussi que certains épiciers sont complices avec les professionnels dans la mesure où ils n’hésitent pas à leur vendre de grandes quantités d’huile végétale subventionnée, et ce, pour renouveler rapidement leur stock. Certains professionnels acceptent d’acheter à prix plus élevé que celui proposé aux particuliers pour inciter l’épicier à accepter l’offre proposée qui consiste à acheter tout son stock.
Certains épiciers vont jusqu’à vider les bouteilles en verre dans de grands conteneurs en plastique pour faire croire aux contrôleurs qu’il s’agit d’une huile achetée en vrac. Mais cette astuce ne passe pas toujours car les contrôleurs ont assez de flair pour ne pas se faire rouler. L’objectif à travers ce contrôle économique est de préserver l’intérêt des ménages qui ont la priorité, voire l’exclusivité de bénéficier de cette huile.
Des solutions à identifier
Des solutions radicales devraient être identifiées, une bonne fois pour toutes, pour que l’huile végétale subventionnée soit orientée vers les besoins des ménages et éviter de servir les professionnels. Une réunion devrait être tenue avec la participation de toutes les parties prenantes, à savoir l’administration publique, repésentée par le ministère du Commerce et le ministère de l’Industrie, les professionnels du raffinage et le représentant des commerçants. Il s’agit de mettre en place une procédure claire au niveau de l’approvisionnement des points de vente en huile végétale. Toute infraction sera alors lourdement sanctionnée.
C’est ainsi que l’on pourrait lutter contre la spéculation qui touche ce produit de première nécessité. Il est nécessaire également de barrer la route devant la contrebande pour éviter la vente illégale de ce produit sur les marchés voisins. L’huile végétale étant compensée par l’Etat tunisien, elle intéresse beaucoup de consommateurs qui sont prêts à payer des sommes faramineuses en vue d’en acheter de grandes quantités. Ce produit est destiné aux ménages tunisiens à prix avantageux et non pas aux professionnels ou aux contrebandiers.
Les unités de raffinage d’huile végétale travaillent à plein régime pour fournir les quantités nécessaires aux consommateurs. De son côté, l’Etat prévoit, chaque année, des fonds conséquents pour acquérir des quantités d’huile végétale dont les prix connaissent, comme les autres produits importés, des fluctuations avec de temps à autre des révisions à la hausse. Avec la dépréciation du dinar par rapport au dollar et à l’euro, il faut payer deux ou trois fois plus cher ce produit que dix ans auparavant. Par la suite, d’autres fonds sont alloués pour la compensation pour proposer ce produit à un prix relativement abordable aux ménages à revenu moyen ou limité. Encore faut-il trouver ces produits dans tous les points de vente.