Rompant avec la politique de ceux qui l’ont précédé, le conseil municipal actuel de l’Ariana semble fermement décidé à réussir là où ces derniers ont échoué : la délocalisation de l’Hôtel de Ville. Cette «rengaine», on ne faisait que l’entendre dans la Cité des roses depuis les années 90, toutes les équipes municipales qui se sont succédé ayant vainement promis de le faire. Et le projet de rester, à chaque fois, lettre morte pour diverses raisons (emplacement, financement…). Aujourd’hui, rebelote : il faut déménager, advienne que pourra ! Logiquement, oui, dans la mesure où l’actuelle bâtisse appelée «Ksar Ben Ayed», patrimoine historique au décor architectural ancien, menace ruine. Ses visiteurs en sont sidérés : murs lézardés, plafonds fissurés, parterre en piteux état. Au point, se souviennent encore de vieux Arianais, que l’ex-maire de la ville feu Mahmoud Mestiri, a lancé un jour laconiquement ce missile : «Si nous ne nous empressons pas de changer de siège, le palais s’écroulera sur nos têtes». C’était en 1993. Une alarme que d’aucuns ont prise pour une plaisanterie qui faisait partie du répertoire oral bon enfant de «Si Mahmoud».
L’actuel locataire du palais s’en est sans doute remémoré, en relançant vite le projet. Et en deux temps trois mouvements, le problème de l’emplacement est résolu : ce sera au Montazeh Bir Belhassen, un immense espace vert qui relève des biens immobiliers de la mairie. Et alors que la municipalité s’apprête à passer à l’action dans le cadre de la réalisation dudit projet, voilà que surgit un autre obstacle auquel nos édiles ne s’attendaient guère, à savoir la grogne des habitants. En effet, nous apprenons que ceux-ci, dès qu’ils en ont eu vent, ont tôt fait de remuer ciel et terre, en protestant énergiquement contre cette trouvaille qu’ils qualifient de suicidaire, puisque selon leurs dires, elle va, du coup, priver toute une ville qui étouffe de son unique source d’aération.
«Montazeh Bir Belhassen nous a, de tout temps, servi l’oxygène, par sa verdure et ses richesses environnementales. Le squatter reviendrait à signer notre arrêt de mort», tempête un Arianais de pure souche qui s’étonne de «l’abandon dans lequel végète ce parc et de la hâte avec laquelle a été prise la décision de la délocalisation». Question de lancer la balle dans le camp de la municipalité qu’il somme d’aller chercher ailleurs.
«Débrouillez-vous, mais surtout ne touchez pas à notre Montazeh du bon vieux temps», conclut-il avant d’aller, jure-t-il, apposer sa signature sur la pétition qu’un grand nombre d’Arianais ont décidé de rédiger pour l’adresser au maire de la Ville et au gouverneur de la région. Le fameux projet tombé à l’eau? N’anticipons pas, demain il fera jour.
Mohsen ZRIBI