Par M’hamed JAIBI
Le procès Salah Ben Youssef démarré le 16 mai 2019 à la chambre criminelle spécialisée dans la justice transitionnelle près le Tribunal de première instance de Tunis s’est déroulé à l’initiative d’une instance dépourvue de toute légitimité depuis un an, l’IVD. Et il vient ainsi placer les futures élections présidentielles et législatives au centre d’influences politiques historiques, idéologiques et politiciennes qui ne manqueront pas de mettre en cause la crédibilité de leur résultat, surtout du fait du parti pris acquis de formations politiques majeures au sein de l’Assemblée actuelle et parmi celles en course.
Ce fait met en cause à la fois l’indépendance de la justice en tant qu’institution et la neutralité des instances judiciaires et des conséquences de ses décisions, à un moment où la transition peine à affirmer sa pleine autorité.
D’autant plus que plusieurs autres éléments doivent confirmer leur neutralité vis-à-vis du processus électoral et de l’ensemble des institutions pouvant y faire valoir la moindre autorité ou influence, comme le discours religieux au sein des mosquées, ou encore le contenu des enseignements dans les écoles et lycées. Egalement la place des médias est ici, parfois, prépondérante comme l’a montré la polémique ayant opposé la Haica à Nessma TV, déjà accusée de mélanger à son contenu social des objectifs humanitaires et des slogans politiques qui rejoignent les intentions et ambitions déclarées de ses dirigeants. Alors que les scrutins électoraux de la République Tunisienne doivent bénéficier d’une protection totale vis-à-vis des influences et des pressions de toute nature.
Le procès actuel visant à mettre en accusation deux grands leaders du mouvement national tunisien, alors que la mission de l’IVD devait conduire à la réconciliation totale et à la clôture du dossier, a bénéficié d’une datation négativement providentielle. Non seulement il ressort des coulisses le 16 mai 2019, un an après la clôture de l’instance, mais il aura droit, de par les reports et recours, à un accompagnement simultané avec les scrutins prévus.