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Adhésion à la Comesa : une opportunité à saisir

La Tunisie a intensifié ses contacts et sa coopération avec l’Afrique au cours des trois dernières années et s’est efforcée de renforcer le cadre juridique de cette coopération. Elle a conclu de nombreux accords bilatéraux et tenu des réunions des commissions mixtes pour renforcer la coopération avec son environnement africain. Mais l’adhésion à la Comesa reste la plus importante opportunité à saisir. « Les négociations sur l’Accord sur la zone de libre échange en Afrique débuteront le 30 mai », c’est ce qu’a annoncé, récemment, Karim Ben Becher, directeur général de la section Afrique au ministère tunisien des Affaires étrangères. Les négociations qui vont démarrer fin mai vont se pencher sur les différentes étapes de l’exécution de l’accord qui touche les marchandises, les services, les investissements et la compétitivité, sachant que l’accord de libre-échange africain mettra l’accent sur la suppression des obstacles douaniers entre les pays africains. La zone de libre-échange africaine vise à doubler les échanges commerciaux à l’intérieur du continent pour les porter en moyenne annuelle à 35 milliards de dollars à l’horizon 2021. Il est à rappeler également que la Tunisie a déjà signé, en mars 2018, l’accord qui vise à lancer la plus grande zone de libre-échange au plan mondial.

475 millions de consommateurs
Lors de récents débats organisés, à Sfax, par le conseil de coopération tuniso-africain sur les perspectives d’adhésion de la Tunisie à la Communauté économique de l’Afrique de l’Est et Australe (Comesa), Kamel Kamoun, président du bureau régional de Tunisia-Africa Business Council (Tabc) Sfax, a indiqué que l’objectif est de mettre en exergue les avantages pour la Tunisie d’adhérer à la Comesa, qui compte 475 millions de consommateurs. Cette rencontre, qui a réuni plusieurs opérateurs économiques de la région, des hauts responsables de l’administration publique, et des représentants des organisations patronales et de la société civile, a été l’occasion de prouver que l’adhésion de la Tunisie à la Comesa sera une vraie opportunité pour les exportateurs tunisiens. Selon Kamoun, il s’agit pour la Tunisie de consolider son positionnement dans tous les marchés du continent africain, qui restent inexploités jusqu’à présent par les exportateurs tunisiens. « Il est inadmissible que la part des marchés africains dans les échanges commerciaux de la Tunisie ne dépasse pas les 2 % », note-t-il.
Entraves à dépasser
Il est à rappeler que l’ARP avait validé l’adhésion de la Tunisie à la Comesa, lors de la plénière du 27 mars dernier. La Tunisie est, ainsi, devenue le 20e membre permanent de ce marché, ce qui lui permet d’accéder systématiquement à la zone de libre-échange triangulaire qui comporte, outre la Comesa, la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) et la Communauté de développement d’Afrique Australe (Sadc).
D’après Chaouki Jebbali, directeur de la coopération avec les pays africains et l’Union africaine, au ministère du Commerce, les pays de la Comesa ont réalisé un volume d’échanges commerciaux de l’ordre de 235 milliards de dollars en 2016. Selon Jebbali, « après la ratification, il existe quelques démarches et étapes à franchir pour que les exportateurs tunisiens puissent profiter concrètement des avantages de cette adhésion ». Pour résumer, il s’agit de l’opération de dépôt de l’instrument d’adhésion auprès du secrétariat général de la Comesa, la fixation et la notification de la liste de produits soumis à la libéralisation progressive et du calendrier des réductions tarifaires et la fixation de la liste des produits d’intérêt particulier pour le développement économique, c’est une liste limitée de produits qui seront soumis à un taux d’intégration de 25%. Jebbali ajoute que ce nouveau pas vers le marché africain permettra à la Tunisie, dont les exportations se limitent à deux marchés (Libye et Egypte), un gain de 17 % en droits de douane, une diversification des produits, un gain en compétitivité, un usage de mécanismes de financement, une meilleure attraction des IDE, une adhésion à la zone de libre-échange, une meilleure éligibilité à des financements…
Bassem Loukil, président du Tabc, a été quant à lui, moins optimiste et a mis l’accent sur les entraves qui bloquent le développement du marché africain. Pour lui certaines structures et institutions « passives » n’aident pas et n’accompagnent pas les exportateurs tunisiens qui veulent conquérir l’Afrique. Il pointe du doigt notamment le secteur bancaire et les institutions de l’Etat. Loukil souligne la faiblesse des représentations commerciales diplomatiques en Afrique, dont le nombre ne dépasse pas la dizaine, en plus des difficultés de transferts financiers, de transport et de logistique.

« Les corridors transport et logistique en Afrique » : Un accès plus facile
Une étude intitulée « Les corridors transport et logistique en Afrique : une perspective tunisienne » vient d’être élaborée par le Centre africain de veille et d’intelligence économique. Elle vise à rendre l’accès des investisseurs et des décideurs tunisiens aux marchés africains plus aisé. Cette étude sera présentée lors d’une journée d’information, qui se tiendra le 31 mai. Cette étude comporte toutes les données économiques et logistiques liées au transport international d’une vingtaine de pays africains afin de permettre aux décideurs politiques d’avoir une meilleure planification des relations de coopération multilatérales, et aux opérateurs exportateurs intéressés une expansion commerciale sur le continent. Elle contient aussi des monographies de plusieurs pays africains, les points d’entrée maritimes en Afrique et les principaux ports et corridors d’Afrique du Nord, d’Afrique de l’Ouest, d’Afrique de l’Est et d’Afrique australe.

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