L’explosion d’un colis piégé dans une rue très fréquentée de Lyon vendredi après-midi, qualifiée d’ attaque par le président Emmanuel Macron, a fait une dizaine de blessés légers à deux jours des élections européennes.
La section antiterroriste du parquet de Paris a annoncé s’être saisie de l’enquête et que le procureur de Paris, Rémy Heitz, se rendait sur les lieux. Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, est également attendu à Lyon.
Ce sac ou colis qui contenait des vis, clous ou boulons selon des sources policières, a été déposé devant une boulangerie de la rue Victor Hugo, une artère piétonne et commerçante proche de la place Bellecour au c?ur de la ville, actuellement en travaux.
Un homme d’une trentaine d’années, circulant sur un VTT noir et aperçu à proximité des lieux au moment des faits, est recherché par la police, selon une source proche du dossier. Aucune piste n’est privilégiée à ce stade quant à son profil et ses motivations.
Ce suspect a été filmé par les caméras de vidéosurveillance de la ville, selon le maire du 2e arrondissement, Denis Broliquier.
D’après un dernier bilan fourni de source proche du dossier, 13 personnes ont été touchées par l’explosion, dont 11 hospitalisées. Toutes ne sont blessées que légèrement, dont une petite fille de huit ans, d’après M. Broliquier.
Le procureur de la République à Lyon, Nicolas Jacquet, s’est rendu sur les lieux avec le préfet de région Pascal Mailhos.
« Un grand boum »
La rue a été rapidement évacuée et bouclée par les forces de l’ordre. Le périmètre de sécurité a été élargi dans un second temps à la place Bellecour après la découverte de deux sacs dans un square d’enfants, pour lesquels une levée de doute a été effectuée par les démineurs.
Le ministère de l’Intérieur a parallèlement décidé de renforcer la sécurité des sites accueillant du public et des événements sportifs, culturels et cultuels.
Le plan Vigipirate avait été ramené au niveau « Sécurité renforcée – Risque attentat » sur tout le territoire, signe d’une menace terroriste persistante, après la fusillade de Strasbourg qui avait fait quatre morts, une victime en état de mort cérébrale et 11 blessés en décembre dernier.
« Ça a explosé et j’ai cru que c’était un accident de voiture (…) Il y avait des bouts de fils électriques autour de moi, des piles et des bouts de carton et de plastique. Les vitres étaient explosées », a témoigné Eva, une lycéenne de 17 ans encore sous le coup de l’émotion, qui se trouvait à 15 mètres du lieu de l’explosion.
« J’étais en train de travailler, de servir les gens, et d’un coup on entend un grand boum. Du coup, on descend voir pour voir ce que c’était. On pensait que c’était par rapport aux travaux. Mais en fait c’était un colis abandonné », a ajouté Omar Ghezza, boulanger dans un commerce voisin.
« Attaque »
Cette explosion s’est produite au moment où la France métropolitaine s’apprête à voter dimanche pour élire ses députés au Parlement européen. Le scrutin a commencé dans plusieurs États membres depuis jeudi, dont le Royaume-Uni.
Lors d’une interview avec un Youtubeur à propos de ces élections, Emmanuel Macron a déclaré qu’il y avait « eu une attaque à Lyon (…) il ne m’appartient pas d’en faire le bilan, mais a priori, aujourd’hui, à ce stade, il n’y a pas de victime. Il y a des blessés, donc je veux avoir évidemment une pensée pour les blessés, leurs familles ».
Le Premier ministre, Edouard Philippe, a annulé sa participation au dernier meeting de campagne de la majorité prévu à Paris.
« Toute la lumière devra être faite sur les circonstances de cet attentat terroriste », a déclaré Marine Le Pen. « Une nouvelle attaque ignoble sur notre sol qui rappelle la menace qui pèse sur le quotidien des Français et notre modèle démocratique », a réagi Nicolas Dupont-Aignan.
Le pays n’avait plus connu d’attaque au colis piégé depuis décembre 2007, lorsqu’une explosion dans un cabinet d’avocats – dont les raisons sont à ce jour restées inexpliquées – avait fait un mort et un blessé.