Ce faisant, si certains clubs de Ligue 1 peuvent avoir un service communication et un service marketing distincts, le Club Africain a choisi assez tôt, en 2007, sous l’impulsion de Kamel Idir, de concentrer l’ensemble en un seul et même pôle, avec différents rôles attribués en relation avec la relation presse, le service vidéo, le développement web, le contenu web , la communication, l’assistance technique etc. L’intention était claire.
L’objectif premier était de faire en sorte qu’en dehors de l’aléa purement sportif du résultat, les fans, les médias et les puristes de tout bord puissent s’abreuver d’actualité clubiste sans pour autant tomber dans le piège des «fake news». Un club de la dimension du Club Africain doit forcément se concevoir comme une tribu, avec des rituels : musique, animations, vidéo, mascotte…Chaque match est un événement à annoncer en amont et à préparer pour le jour J. Après, contrairement à un spectacle culturel classique, on ne peut pas tout maîtriser et surtout pas l’essentiel : le résultat.
Le discours et la méthode
Le CA, c’est comme une marque, mais avec des subtilités.
Sa communication doit être gérée avec doigté, même si l’objectif de base reste le même que celui d’une « boîte » lambda, soit
promouvoir une marque. Sauf que là nous sommes dans le domaine sportif avec un microcosme du football, dans ce cas précis, qui constitue un environnement complètement atypique.
Et c’est d’autant plus valable pour le CA, un club populaire, centenaire et prestigieux. Que reste-il des outils de communication adoptés il y a plus de 12 ans ? Pas grand-chose, sachant que le dispositif a changé mais n’a pas forcément évolué.
En clair, il aurait fallu procéder à une analyse critique de l’influence des paradigmes sur la stratégie de communication clubiste.
Pourquoi ? Car depuis 2012, la communication de crise clubiste oscille entre silence dévastateur et messages incohérents.
Communiqués, correspondances, confidences tantôt, déclarations, élans oratoires ou même péremptoires ! Les supporters ne savent plus à quel saint se vouer. Il serait donc temps de positionner le curseur au bon endroit pour basculer à terme des sept péchés capitaux (coercition, vanité, imprudence, incompétence, détachement, dissimulation et extravagance) aux sept vertus cardinales de la communication (coopération, modestie, prudence, compétence, dialogue, franchise et retenue).
Communication inopérante
Passons la partie académique, et abordons le volet factuel propre au Club Africain. Au Parc A, dès que quelque chose dépasse, c’est amplifié et ça peut prendre des proportions incroyables !
Même quand il n’y a pas grand-chose à dire, on interprète, on imagine, on fait parler des gens ! Les années passent et les saisons se ressemblent. Le CA, club sanguin par excellence, est souvent confronté à des moments de tension, englué dans les affaires, improductif dans son management, incohérent dans ses choix, et, surtout incapable de rassembler et de prôner l’union sacrée.
À la moindre incartade, c’est l’effervescence. Et donc, le rôle du «service-com» se limite à éteindre les incendies, même si ce n’est pas évident. Idem pour le volet relatif aux campagnes de publicité décalée comme s’y était initié l’exécutif de Slim Riahi.
L’effet mentalité cher à l’ex-président du CA lui est revenu comme un boomerang, en pleine face ! Car quand on décide de se caler sur des thèmes très convenus, en faisant appel à certaines valeurs un peu éculées : la notion d’héroïsme, ambiance péplum, etc.
Il faut s’en donner les moyens même si on dispose d’un public-cible. En clair, le grand risque en essayant de contenter tout le monde, c’est d’avoir une communication trop consensuelle, trop fade. Quand on cherche à tout prix le consensus, on n’avance pas !
Il faut de l’audace, de l’humour, mais pas trop !
Voilà pour l’épisode relatif au fameux slogan de l’ex-patron du CA.
Brèves de comptoir
Pour revenir à la communication inopérante du Club Africain, il serait tout d’abord opportun de rappeler que les journalistes sportifs construisent souvent leurs articles d’avant-match autour de l’actualité du club. Ils disposent de deux outils privilégiés.
Le premier est la brève de comptoir, tribune ouverte aux lecteurs à partir d’une question posée par le journal. Le second est le recueil des propos. Ce faisant, il va sans dire que quand le CA s’enfonce dans la dépression avec sa surenchère de l’échec, la communication officielle y afférente, se doit d’être à la fois fluide et réfléchie en amont pour bien identifier le message que l’on souhaite diffuser.
Les clubs de football rivalisent d’ingéniosité pour maximiser l’engagement de leurs supporters. Or, pour intégrer pleinement ces derniers, afin qu’ils deviennent acteurs à part entière de la vie d’un club tel que le Club Africain, ils ne peuvent se permettre de faire l’impasse sur cette caisse de résonance que représentent les médias sportifs.