L’Etat est le premier responsable pour défendre les intérêts des citoyens (y compris celui des agriculteurs et des autres producteurs). Pour le moment, une des priorités consiste à protéger le pouvoir d’achat des consommateurs contre les spéculateurs.
Alors que les véritables préoccupations des Tunisiens concernent, particulièrement, leur pouvoir d’achat et leur capacité à faire face aux dépenses sans fin du mois de Ramadan et de l’Aïd, certains veulent détourner son attention en ramenant le débat sur un autre terrain. Nos politiciens sont portés sur leurs polémiques électorales et préfèrent se concentrer sur des soucis partisans. Quant aux organisations professionnelles elles sont en embuscade et ne laissent rien passer sans lui tirer dessus.
L’Etat doit réguler le marché
De l’Ugtt à l’Utap en passant par le Synagri c’est un concert de déclarations et de propos violents contre toutes les actions gouvernementales visant à faire bouger les lignes. C’est à croire que les autorités officielles mènent une politique systématique contre tous les Tunisiens et que tous les programmes n’existent que pour saper les fondements de notre économie !
Cette attitude catastrophiste de ces corporations ne fait qu’aggraver la situation dans ce sens qu’elle n’apporte rien de bon et qu’elle enfonce, davantage, notre pays dans de nouveaux problèmes. Au lieu de se poser en force de propositions et de participation, ces organisations (et d’autres, par ailleurs) contribuent au ralentissement des efforts de restructuration et de remise sur pied de notre économie.
La confrontation ouverte choisie n’est pas le fait du hasard. Elle émane d’une stratégie cherchant à faire échouer tout plan visant à apporter des solutions aux problèmes que connaît notre pays. Car comment expliquer les dernières déclarations à propos de l’intervention de l’Etat pour réguler le marché ? En quoi l’importation de certains produits peut-elle saboter les filières agricoles comme l’affirment ces chantres des droits des agriculteurs ?
L’Etat est le premier responsable pour défendre les intérêts des citoyens (y compris celui des agriculteurs et des autres producteurs). Pour le moment, une des priorités consiste à protéger le pouvoir d’achat des consommateurs contre les spéculateurs de tout acabit là où ils se cachent et sous quelque prétexte que ce soit. Ces mêmes «défenseurs» savent pertinemment qui se cachent derrière ces manipulations des prix des principales matières agricoles. Ce n’est pas l’importation des viandes, des œufs, du lait, de certains fruits (comme les bananes), des pommes de terre… qui va tuer les filières nationales. Ces responsables d’organisations cherchent à fourvoyer l’opinion publique (qui n’est pas dupe). Les mesures d’importation certes ne sont que des mesures conjoncturelles. Leur but est dissuasif. Car, tant que la pression est forte sur le consommateur, le devoir de l’Etat est d’intervenir pour desserrer l’étau et forcer les spéculateurs et leurs complices à lâcher prise. C’est là le meilleur moyen pour les contraindre à ne plus se jouer de la nourriture du peuple.
Importation
L’Utap est en droit de s’opposer à ce que fait le gouvernement. Mais de là à l’empêcher d’agir pour trouver les solutions aux problèmes des consommateurs tunisiens c’est le comble. En toute logique, les produits dont l’Utap et le Synagri contestent l’importation ont connu une envolée des prix injustifiée et sans précédent. Les pommes de terre dépassent allègrement les 1.500 millimes le kg, les viandes (vendues dans les grandes surfaces) ont culminé jusqu’à 32 et 33 D le kg, le lait aurait pu atteindre les 1.200 ou 1.300 millimes le litre (n’eussent-été les mesures prises par les parties intervenantes à la dernière minute et après un calvaire imposé aux consommateurs par les responsables de cette filière). En fin de compte, les rassemblements et les protestations contre la décision d’importer de tels produits ne signifient rien d’autre, pour le consommateur, que des tentatives d’intimidation pour que les prix continuent à augmenter et que la loi du plus fort soit imposée. Personne n’est opposé à ce que l’agriculteur tunisien soit protégé contre les importations non étudiées. Par contre, il faut que le Tunisien profite des produits locaux à des prix raisonnables et non, comme c’est le cas, aujourd’hui, à des prix hors de tout entendement. Ces responsables syndicaux qui prétendent défendre le secteur agricole doivent se poser les mêmes questions que tout un chacun se pose. Comment se fait-il que des produits nous parviennent de l’étranger à des prix, de loin, inférieurs à ceux qui nous sont proposés par nos agriculteurs ? Il est légitime que ces agriculteurs bénéficient de mesures et de facilités mais dans le cadre des possibilités de l’Etat et non comme le voudraient ces syndicalistes sous forme de dons sans fin et d’assistance inconditionnelle. Chaque pays doit aider ses producteurs agricoles, mais ces derniers sont tenus de respecter les lois.
Autorisation préalable
Parmi ces lois, l’exportation des produits agricoles. On ne peut pas s’y livrer en dehors des cadres qui la réglementent. Actuellement, on reproche aux autorités d’exiger une autorisation préalable avant d’entreprendre des actions d’exportation de certains fruits d’été. Qu’y a-t-il de plus logique ?
Est-ce que cela peut être considéré comme une entrave ? Aucunement. Le contraire aurait étonné. Toute action de ce genre doit respecter des conditions. Autrement c’est de la contrebande. Le commerce, pour ceux qui ne le savent pas, a ses règles. En demandant des autorisations, l’Etat rappelle à ceux qui ne veulent pas l’application des lois que nous sommes dans un pays où la loi doit prévaloir. Le commerce anarchique ne devrait pas avoir droit de cité. Les déclarations qui prétendent que les agriculteurs ont subi de lourdes pertes à cause de leur incapacité d’exporter sont invérifiables. Elles constituent des allégations visant à ternir l’image des circuits transparents que les autorités cherchent à instaurer. Que des tonnes d’abricot soient «détruites » cela n’engage que les auteurs de ces actes et l’Etat ne peut, en aucun cas, assumer les mauvaises gestions. A l’évidence, il est clair que tout doit être fait pour faciliter la tâche devant les exportateurs et, notamment au niveau des formalités administratives. Mais il ne faut, surtout pas, s’opposer aux autorisations préalables. Sinon ce serait le chaos. Est-ce que ces responsables syndicaux chercheraient cette voie? On ne le pense guère.