Opinion Ressources en eau : Faire face aux défis

 *Par Abdourahman Maki
C’est dans cette perspective que la FAO a lancé une initiative régionale sur la raréfaction de l’eau dans la région Mena (Proche-Orient et Afrique du Nord) pour aider les pays à adopter des politiques, de gouvernance et des pratiques de saine gestion de cette ressource stratégique.
Cette initiative a inauguré un processus, premier du genre dans la région. Celui-ci se base sur des formes de collaboration qui tient compte de la diversité des situations que connaissent les pays de la région et sur le fait que la gestion de l’eau est un domaine complexe pour rechercher des solutions participatives, comprendre les enjeux et les potentialités et fournir des possibilités d’apprentissage mutuel.

La Tunisie face à la pénurie d’eau : avancées et résultats dans le cadre de l’Initiative régionale
Il est important de signaler que la Tunisie est parmi les pays pilotes retenus dans le cadre de cette initiative régionale de la FAO sur la pénurie d’eau.
La Tunisie bénéficie d’un programme de développement de capacités institutionnelles pour la cartographie et le suivi des cultures par télédétection, ainsi que sur les méthodes de comptabilité de l’eau et les pratiques agricoles à plus haute productivité de l’eau.
Depuis le lancement de cette initiative, les pays de la région ont investi des sommes considérables pour améliorer la gestion de l’eau. Les progrès sont notables et tangibles sur plusieurs fronts. A titre d’exemples, l’Algérie, le Maroc, la Jordanie et la Tunisie ont déployé de grands efforts pour récupérer l’eau de pluie. L’Egypte et le Liban progressent rapidement en matière d’irrigation goutte à goutte. Des progrès substantiels sont également réalisés sur le traitement et la réutilisation des eaux usées. Certains pays du Golfe sont des pionniers dans le domaine du dessalement de l’eau.
Parmi les résultats à l’actif de la FAO, il y a le développement de systèmes de gouvernance participative des eaux souterraines au Yémen et au Maroc, l’introduction du pompage solaire raisonné en Egypte, la récupération de l’eau en Jordanie et des méthodes innovantes de comptabilité de l’eau et de préparation aux périodes de sécheresse au Liban et en Tunisie. Enfin, les agriculteurs sont reconnus comme les premiers protagonistes porteurs de solutions durables et doivent être au centre de toute stratégie de lutte contre la pénurie d’eau.
Toutefois, il convient de reconnaître que la raréfaction de l’eau va probablement s’aggraver et que les ressources disponibles doivent être gérées plus efficacement et durablement qu’auparavant. Cela exige une réforme complète propre à encourager, en premier lieu, une approche innovante de l’allocation, de la gouvernance, de la gestion et de la conservation des ressources en eau. Plusieurs mesures doivent être prises. Parmi celles-ci, la création d’un large consensus entre toutes les parties prenantes concernées sur le programme de réforme relatif à l’eau. Il convient aussi de reconnaître que les agriculteurs peuvent être à l’origine d’une modification des modes d’utilisation et de gestion des ressources en eau. Le secteur privé est un acteur effectif de la filière alimentaire et peut introduire les technologies les plus performantes.

La «Déclaration du Caire» plaide pour des approches et des investissements innovants afin d’assurer suffisamment d’eau au Proche-Orient et en Afrique du Nord
L’examen des progrès accomplis dans la région et l’échange de connaissances entre les pays et les partenaires était au cœur des «Journées Terre et Eau 2019» qui ont eu lieu en avril 2019, au Caire. Plus de 480 participants, comprenant les représentants de 49 pays et plus de 100 conférenciers et panélistes étaient présents. Au terme de ces Journées, une déclaration commune (Déclaration du Caire 2019) a été formulée par les ministres de l’Agriculture et les ministres de l’Eau de la région Mena.
Par une résolution ministérielle conjointe, environ 18 pays arabes ont adopté cette Déclaration qui appelle à la révision de la législation, des systèmes et des mécanismes relatifs à l’utilisation de l’eau et des terres. L’importance d’établir un mécanisme de coordination entre les secteurs de l’eau et de l’agriculture, ainsi que la nécessité de développer une nouvelle génération de politiques et d’investissements innovants dans l’eau agricole dans la région ont été explicitement retenues. Renforcer l’innovation, les politiques et les investissements dans le secteur de l’eau dans la région du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord est fondamental. L’importance d’établir une coordination interministérielle entre les politiques relatives à l’eau, l’alimentation et le commerce, ainsi que la mise en place de mécanismes qui récompensent les agriculteurs pour une utilisation plus efficace de l’eau et du sol est également préconisée.
Les pays représentés ont convenu de coordonner leurs efforts pour faire face aux défis actuels et aux risques futurs liés à l’eau et à la sécurité alimentaire dans la région, qui entravent la mise en œuvre des objectifs de développement durable d’ici 2030.
*Expert Eaux et sols à la FAO Bureau pour l’Afrique du Nord

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