Les jouets en plastique qui simulent la guerre et le combat achalandent abondamment les étals anarchiques tandis que les produits toxiques comme les pétards sont dissimulés et vendus uniquement suite à la demande du client obstiné.
Du jamais vu ou presque de mémoire d’homme. La profusion des jouets pour le combat, généralement destinés aux petits enfants, touche tous les noyaux du commerce en Tunisie : officiel et parallèle. La flopée de magasins et grandes surfaces qui en distribuent au su et au vu des agents de contrôle économique parait étrange. L’un d’eux a spécialement installé un stand de jouets pour les mitraillettes, kalachnikovs et objets de détonation en tout genre sans afficher même leur prix ! Que dire alors du décor sur le marché informel comme à la rue de la commission, où on s’attend déjà à des surprises.
La dernière saisie de marchandises de contrebande d’une valeur de sept millions de dinars n’a pas empêché de constater le qui-vive des vendeurs ambulants sur le terrain. Ces derniers ne sont pas près de céder une miette de terrain et font de la résistance aux campagnes de ratissage et de saisie des autorités locales. Au point d’écouler sous le manteau des objets illicites, voire potentiellement nocifs et dangereux à l’instar des jouets de contrebande et d’origine non contrôlée.
Notamment à l’occasion de l’Aïd el fitr qui approche à grands pas. Vraisemblablement pour le mercredi 6 juin selon de nombreuses sources parce qu’il coïncide avec le premier jour du mois de Chaoual. On les trouve dispersés dans de nombreux endroits du centre-ville de la capitale : à la rue des salines, au souk Boumendil, à la rue Charles-de-Gaulle. Ces marchands ambulants et même les boutiquiers font profusion et trouvent preneurs ; des parents souvent mal avertis et inconscients des dangers que certains jouets peuvent représenter pour la sécurité et la santé de leur progéniture.
Vendredi 31 mai, il reste une poignée de jours avant la fin de ramadan. Les places marchandes de Tunis connaissent une forte affluence. Il est à peine 9h00, la rue de la commission grouille de monde. Cette rue marchande réputée pour vendre des produits pour les noces et les mariages offre une multitude de produits destinés aux fêtes et cérémonies. Comme les jouets qui font le bonheur des enfants à l’occasion de l’Aïd el fitr. Des jouets généralement destinés aux enfants entre trois et douze ans. La majorité de ces gadgets est faite de matières plastique et dérivés.
Les jouets en plastique abondent dans les commerces et les étalages anarchiques tandis que les produits toxiques comme les pétards sont dissimulés et vendus uniquement à la tête du client qui s’obstine à vouloir s’en procurer. Le spectacle pyrotechnique et le concert de sons nocifs générés par les « fuchikes » et autres pétards pendant les jours de l’Aïd essghir risquent d’avoir bel et bien lieu avec le lot de désagréments qu’ils causeront bien sûr à certaines franges de la population parmi les personnes âgées et vulnérables.
Eviter les jeux dangereux ou risqués
De nombreuses échoppes, l’une juxtaposée à l’autre, proposent une variété de pistolets et revolvers vendus seuls ou en kits composés afin de régaler les garçons qui affectionnent particulièrement les jeux de combat. Le cliché qui renvoie au pistolet pour le garçon et la poupée pour la fille n’a pas tellement changé. Le nombre de jeux de combats qui est proposé est remarquable. Le revolver est vendu à trois dinars. Les kits sont vendus soit à six dinars, dix dinars selon le choix et le contenu. On a essayé un kit pour découvrir que le plastique est tranchant comme celui de l’épée, les éléments comme les badges en métal sont mal finis et tranchants sur les bords. Bref les enfants risquent de se blesser si les parents font fi de ces règles de sécurité. D’autres gabarits de kalachnikovs en forme de jouets sont proposés à une vingtaine de dinars en général et suscitent l’engouement pour leur effet sonore et le jeu de laser.
A la place de la Monnaie, un vendeur ambulant, installé à l’ombre de l’arbre centenaire, vend poupées, pistolets et même un fusil qui a un son détonnant à vingt-quatre dinars. Mais voilà qu’un garçon rêveur demande à son père agréablement surpris : « Papa, je veux obtenir cet avion pour voler au lieu de me battre». Il est vrai qu’en période de guerre dans certains foyers de la planète, il n’est pas nécessaire de reconstituer une atmosphère de guérilla à la maison. On pourrait à la place offrir des livres ou des jeux de société plus instructifs pour les enfants. A l’avenue Habib-Bourguiba, les jeux de société de fabrication tunisienne, qu’ils appellent jeux éducatifs, s’écoulent à dix-neuf dinars la boite. Des coffrets de Monopoly, jeux de dames, d’échecs, jeux de serpent, de l’oie, tout y passe. On voit certains parents piocher dans le tas, avertis du fait qu’il faut construire l’intelligence de son enfant par le jeu. « Je compte acheter un lot de jeux en coffrets de ce genre pour mes enfants et neveux. Je préfère offrir que leur donner des étrennes », a souligné Aymen M, la quarantaine.
Les voitures téléguidées écoulées en moyenne à vingt dinars sont prisées par les chefs de famille qui arrivent, ainsi, à trouver un bon compromis entre le plaisir d’offrir et un jeu qui n’est pas bruyant.