« Florilège», un nouveau recueil de poésie, est à la portée des férus de lecture. Il s’agit d’un ouvrage édité chez «Contraste Editions» et qui rassemble de nombreux textes appartenant à Slaheddine Haddad, poète tunisien des temps modernes.
L’initiative a vu le jour en avril 2018 grâce à sa fille Hager Haddad et à ses plus proches amis, dont entre autres, l’écrivain François George Bussac, Rabâa Ben Achour Abdelkefi, Moncef Ghachem ainsi que d’autres poètes tunisiens ou français comme Moez Majed, Anne Brousseaux ou James Sacré. Plus connu en France dans les cercles des poètes, ce groupe de proches a choisi de publier des textes de ce virtuose des mots poétisés. Actuellement, la santé du poète lui fait défaut.
A la découverte de Slaheddine Haddad et de son œuvre
A l’occasion du Festival de la Poésie de Sidi bou Said, hommage à Slaheddine Haddad est programmé le 15 juin 2019 de 17 à 18h! Nous avons rencontré sa fille Hager Haddad, qui tient à valoriser l’œuvre de son père à travers cet ouvrage intitulé «Je ne saurais jamais, Florilège» et qui s’ajoute à des écrits à lui comme «Vie : visages démodés», Arabesques, «Au nom du temps, je vous arrête», publié chez Nirvana et «Les auto-stoppeurs», Contraste éditions.
On voudrait en savoir davantage sur le contenu de ce nouveau recueil, réalisé par les amis proches de Slaheddine Haddad ?
En ce qui me concerne, j’ai sélectionné les textes selon mon vécu. Des moments de mon enfance. Ce sont des textes qui rassemblent mes états d’âme. Il s’agit de textes de mon père dans lesquels je me retrouve. J’ai fait la sélection d’une partie, et pour les autres collaborateurs et amis de mon père, chacun d’eux s’est chargé de s’occuper d’une partie, de sa propre sélection, jusqu’à en atteindre le nombre de 6. Chaque sélection est différente de l’autre : tout dépend de la sensibilité de chacun et de son vécu avec mon père. Par exemple, Moez Majed est plus sensible aux poèmes de mon père qui évoquent La Goulette.
Le livre rassemble donc les meilleurs textes de votre père, selon ses amis ?
Tout à fait ! Il rassemble les best de tous les livres de mon père. Une vraie sélection. Sachant qu’il a écrit près de 27 livres si ce n’est plus. Il a à son actif des contes pour enfants mais il s’est consacré essentiellement à la poésie.
Parlez-nous du lien qui vous unit à l’œuvre de votre père ?
Comme on a grandi à l’époque à Grombalia, ma sœur et moi, avant de nous installer à La Goulette, mon père a commencé à écrire depuis que nous étions toutes petites. Il se découvrait en tant que poète et on a assisté au démarrage de sa carrière. Nous n’étions pas conscientes de cela, nous n’y accordions pas beaucoup d’intérêt. Il a beaucoup tenté d’attirer notre attention sur ses textes. Mais on fuyait… Après, quand nous avons commencé à évoluer, comme je suis designer et j’enseigne à l’école de Design, sa poésie a parallèlement commencé à se faire entendre, à se faire connaître, j’en étais consciente et je n’ai jamais eu le courage de connaître ses œuvres. Ensuite, quand il est tombé malade, j’ai pris conscience que je passais à côté et je m’étais dit qu’il fallait valoriser son œuvre. On se devait de le faire… et j’ai lu presque la majorité de ses textes. J’ai découvert mon père à travers ses écrits. Je m’y suis retrouvée. C’était une véritable immersion. On lui a rendu hommage.
Vous souhaitez rendre cet hommage impactant…
C’est la moindre des choses. Il a beaucoup souffert de cela. Le monde de la poésie est vraiment très restreint en Tunisie. On cultive plus de l’intérêt pour la poésie et la littérature arabes. Lui, il s’est forgé une notoriété à l’étranger. Et ce n’est pas quelqu’un qui sait se vendre non plus. Il se consacrait davantage à son travail de professeur d’histoire/géographie. Et sa poésie était une satisfaction personnelle.
Ses écrits s’inspiraient de la vie de tous les jours ?
Oui. Ils s’inspiraient des histoires de la famille, des histoires de tous les jours, de ses relations, de la solitude, ses tracas, ses doutes, les subtilités d’un quotidien qui peut toucher tout le monde, de ses promenades. Une écriture sans artifices, accessible, simple et touchante…
Parlez-nous des textes que vous avez choisis ?
J’aime tous les poèmes que j’ai choisis en fait parce qu’ils parlent de souvenirs d’enfance, marquants, à la portée de tous, que tout le monde a dû vivre au moins une fois dans sa vie. La façon de les raconter est simple, subtile, limpide, avec peu de mots. Parler des envies, de la sensualité de l’enfance, le rapport au père, de la colonisation, etc.
Et comment l’idée de lancer ce recueil a vu le jour ?
C’était une idée du «Capitaine», alias François-George Bussac qui a demandé à ses proches poètes d’y collaborer. C’était en mars 2018 et tout le monde était coopérant. Un bel hommage. Abderrazak Khchine, qui est un très bon ami de mon père, s’est chargé de l’éditer chez «Contraste Editions» et je me suis chargée d’étoffer l’ouvrage par des illustrations. Ce petit livre est un bel objet fait avec beaucoup d’amour. Lors des prochaines rencontres littéraires, on fera en sorte de le faire connaître au public.