Accueil Culture Claudia Cardinale en tournage à Djerba : Pour une ode au vivre-ensemble

Claudia Cardinale en tournage à Djerba : Pour une ode au vivre-ensemble

«L’Ile du Pardon», en cours de tournage à Djerba, raconte l’histoire d’Andréa, «un écrivain tunisien sexagénaire d’origine sicilienne qui rentre honorer les cendres de sa mère» sur cette île du sud de la Tunisie où il a grandi, explique à l’AFP le réalisateur tunisien Ridha Béhi.
Par flash-back, le personnage principal retrouve la Tunisie des années 50. Claudia Cardinale joue le rôle de la grand-mère d’Andréa, Agostina, «qui représente un peu la Tunisie du passé», explique le cinéaste.
«L’histoire se déroule exactement dans le milieu de mon enfance», se réjouit l’actrice, fille d’un pêcheur sicilien émigré en Tunisie, qui a grandi face à la mer, à La Goulette, melting pot populaire aux portes de Tunis.
De cette époque, elle se souvient : «Des gens simples de la mer qui, chaque jour, risquaient leur vie pour nourrir la famille».
«Il y avait aussi des communautés multiethniques: Arabes, Italiens, Maltais, Français et Juifs vivaient en harmonie», explique-t-elle.
Autour du comptoir en bois patiné du bistrot d’Agostina, son personnage, se retrouvent toutes les communautés.
Au-delà de la nostalgie et de l’ambiance rétro, Ridha Béhi lance, avec ce film, un appel à réinventer la fraternité d’antan face aux divisions profondes qui agitent la Tunisie démocratique.
Andréa, hébergé dans un hôtel en ruine à l’image du pays qui connaît des difficultés économiques, est confronté au tumultueux passé familial, avec un oncle mafieux et un père converti sans son accord sur son lit de mort.
L’écrivain doit ainsi replonger dans l’époque de l’indépendance, vue comme le temps béni d’une cohabitation heureuse «où les Maltais, les Juifs, les Espagnols, les Italiens et les Berbères vivaient ensemble avec bien sûr la communauté principale arabe musulmane», souligne Ridha Béhi.
En évoquant «ce passé-là» par «clins d’œil», le cinéaste veut aussi «parler d’aujourd’hui» et donc implicitement de la situation du monde arabe après les révolutions de 2011 et l’essor du jihadisme.
Le précédent long-métrage du réalisateur septuagénaire, Fleur d’Alep, était centré sur les dégâts provoqués par l’intégrisme.
L’Ile du Pardon est aussi «un film d’actualité: on a tellement besoin d’accepter l’autre, son point de vue, ses croyances, sa religion», poursuit Ridha Béhi.
Cette coproduction tuniso-libanaise sera en salles au printemps 2020.

Charger plus d'articles
Charger plus par La Presse
Charger plus dans Culture

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *