Produits pétroliers : Sécuriser l’approvisionnement du marché national

L’approvisionnement du marché local en produits pétroliers est assuré actuellement par la Stir à partir de la raffinerie de Bizerte et le reliquat par l’importation directement sur les centres de consommation. Ce marché constitue l’un des plus importants en Tunisie de par son chiffre d’affaires. «Toute amélioration dans les conditions d’approvisionnement de ce marché permettra de générer des économies sur le coût des importations», précise M.Taoufik Ben Dali, directeur des études de développement et de la production à la raffinerie de la STIR à Bizerte, dans une analyse rétrospective où sont identifiées les insuffisances et les pistes d’amélioration avec comme objectif la réduction des coûts d’approvisionnement du marché.
Plusieurs lois, décrets et arrêtés régissent le fonctionnement des activités de raffinage et de distribution des produits pétroliers.

Taux de couverture réduit
Concernant l’évolution de la consommation nationale annuelle en produits pétroliers, elle est très irrégulière. En effet, sur la période 2000-2017, le taux d’évolution moyen n’est que de 0,1% par an. Cette faible variation est due à la baisse importante de la consommation entre 2004 et 2011, à un rythme moyen de 0,8% par an. Depuis 2012, une reprise a été enregistrée et la consommation a connu une hausse moyenne de 2,1% par an.
En vue d’estimer la consommation locale à l’horizon 2035, plusieurs hypothèses ont été prises en considération, et «qui méritent d’être approfondies, compte tenu des prévisions de la croissance économique nationale, d’une part, et des orientations relatives à la protection de l’environnement (pollution par le diesel) d’autre part». Ces hypothèses se présentent comme suit:
-le taux d’évolution, par produits, correspondant à la période 2012-2017, avec une dégression par intervalle de 5 ans sur les 15 prochaines années.
-la suppression totale du gas-oil ordinaire dans un délai de 7 ans.
Compte tenu de ces hypothèses, les perspectives d’évolution de la consommation nationale en produits raffinés tablent sur un taux global d’évolution de 2% par an. Les besoins du marché à l’horizon 2035 seraient de l’ordre de 5,5 millions de tonnes par an.
Le taux de couverture global du marché local par la production de la raffinerie, entre 2017 et 2035, serait réduit de 34,9% à 23,5%, soit une baisse de 11,4%. «Il est important de signaler que le déficit en gas-oil moteur s’aggraverait en 2035 pour atteindre 46% des besoins du marché».

Insuffisances du raffinage et de l’approvisionnement
La capacité de raffinage actuelle est très réduite. Elle ne permet pas de faire face à l’évolution croissante de la consommation du marché local et empêche tout développement futur du schéma de production. «L’augmentation de la capacité de la distillation primaire à une taille suffisante est nécessaire pour combler le déficit du marché et permettre l’intégration de nouvelles unités de conversion avec la capacité optimale au-delà du seuil de rentabilité économique», souligne M. Taoufik Ben Dali.
Il est à noter qu’une part importante de la production (39%), constituée par des produits semi-finis, est destinée à l’exportation.
Concernant les insuffisances de l’approvisionnement, les installations portuaires et les capacités de stockage des centres de réception connaissent plusieurs limites, à savoir un stockage insuffisant et une répartition inadaptée par centre de réception, une capacité portuaire réduite et un encombrement et un taux d’occupation des appontements élevés. «Ces limites ont enregistré des coûts de transport élevés vu qu’elles empêchent le recours à des navires de plus grand tonnage, obligent le déchargement sur deux ports et nécessitent des frais supplémentaires d’attente».
Par ailleurs, le stockage des sociétés de distribution a accusé un déficit global de 109.750 m3, soit 16% environ de la capacité actuelle.

Options offertes
De même, le stockage des produits pétroliers des sociétés de distribution est décentralisé à Skhira dont la capacité de stockage est plus grande que celle de La Goulette de 8% alors que les ventes à la Goulette sont trois fois plus élevées. La répartition du stockage n’est pas en adéquation avec celle des ventes au niveau des centres de réception.
Les ports pétroliers de Bizerte et de La Goulette, qui sont à proximité des grands centres de consommation, sont saturés. Le port de Bizerte totalise 108 escales dont 55 pour les produits d’importation, avec en moyenne 3,38 jours par escale. Celui de La Goulette cumule 94 escales allouées aux produits d’importation de la Stir avec en moyenne 3,38 jours par escale.
Ces insuffisances ont engendré des frais d’attente élevés et des surcoûts de transport générés par les tailles réduites des bateaux-citernes et les livraisons sur deux ports.
Les options offertes pour sécuriser l’approvisionnement du marché à moindre coût s’articulent autour de plusieurs axes dont le développement de l’outil de raffinage pour subvenir à la totalité des besoins du marché, la satisfaction du marché national par l’importation. Une voie intermédiaire entre les deux premières options est prévue. Il s’agit de développer l’outil de raffinage à une capacité intermédiaire et satisfaire le reliquat des besoins du marché par l’importation

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