Préparer l’Afrique en Europe peut relever de l’inapproprié, diront certains. C’est peut-être la première idée qui aurait pu chatouiller les esprits à l’annonce du programme des matches de préparation de notre équipe nationale pour la CAN 2019 contre un sparring partner européen et plus particulièrement quand cela se fait à l’extérieur… en Europe, comme ce fut le cas avant-hier à Zagreb face à la Croatie.
Mais là, la raison nous dicte de nous plier devant les choix des techniciens, surtout quand il s’agit d’un vieux routier à l’expérience ancrée, comme Alain Giresse. C’est que finalement les raisons de ce choix se sont avérées nettement justifiées, après coup. Il y avait d’abord la nécessité de tester le mental de nos sélectionnés face au vice-champion du dernier Mondial de Russie, dans son propre fief par dessus le marché. En plus de cela, l’école des équipes qui constituaient l’ancienne Yougoslavie mérite amplement qu’on s’y frotte pour évaluer plusieurs chapitres touchant essentiellement à l’application tactique, la progression avec le ballon et la variation du jeu, en sus de l’aspect technique individuel et collectif, caractérisant le football de certains pays de l’Europe de l’EST.
Mais quand le test se conclut par une victoire devant les coéquipiers du dernier Ballon d’or, Luca Modric, (2-1), cela devient plus qu’intéressant dans la mesure où l’idée, à propos de ce que nous avançons, devient exhaustive et très utile. Car, par la suite, on aura le temps de préparer les détails de notre football africain qui, franchement, ne demandent qu’un complément d’improvisation et d’adaptation aux circonstances qui échappent parfois à tout ce qui est conventionnel.
Maturité prometteuse
Il y a une semaine, la sélection d’Alain Giresse a battu la coriace équipe d’Irak (2-0) et on ne demandait qu’à la juger devant la Croatie pour pouvoir émettre un jugement de valeur, susceptible de tenir la route à moins de 10 jours du coup d’envoi de la CAN 2019 qui aura lieu en Egypte.
Désormais, on peut affirmer sans risque de se tromper que notre onze national est fin prêt pour la joute continentale. Mieux encore, on commence déjà à rêver de jouer les tout premiers rôles en Egypte et, pourquoi pas, de revivre les inoubliables moments historiques de 2004 à l’occasion de l’octroi du premier titre africain de la Tunisie, réalisé sous la conduite d’un autre Français : Roger Lemerre.
Avant-hier, nous avons vu une équipe nationale très prometteuse au niveau de la construction du jeu offensif. Avec ses deux buts marqués par Anice Badri (16’) et Naïm Sliti sur penalty (68’) et son grand nombre d’occasions de buts créées et ratées, notre onze national a prouvé qu’il sait faire le jeu et être très redoutable en attaque. Ses attaquants de marque Wahbi Khazri, Youssef Msakni, Anice Badri et Naïm Sliti sont parmi les meilleurs fers de lance en Afrique. Cerise sur le gâteau, c’est pour la première fois que ce quatuor d’attaquants matures et talentueux joue ensemble.
Toutefois, les réalisations réconfortantes enregistrées jusque-là aux matches amicaux, comme ce fut d’ailleurs le cas avant la phase finale de la dernière Coupe du monde, dictent de garder la tête sur les épaules. La bonne santé de notre équipe nationale se doit d’être prouvée en Egypte et nulle part ailleurs!
Amor BACCAR