Accueil Culture Rencontre avec Irina Margareta Nistar (critique de cinéma roumaine) : Le cinéma comme moyen de résistance

Rencontre avec Irina Margareta Nistar (critique de cinéma roumaine) : Le cinéma comme moyen de résistance

Lors de cette rencontre, la critique de cinéma Irina Margareta Nistor a livré un témoignage autour du rôle du cinéma pendant la période du régime communiste de Nicolae Ceaușescu. Relatant son parcours de traductrice de films américains pour la Télévision nationale roumaine durant les années 80, années du durcissement du régime de Ceaușescu, Irina Margareta Nistor a évoqué la censure de plusieurs extraits de films montrant des scènes de romance ou de religion.
«La censure touchait tous les niveaux même les dessins animés» a indiqué Nistor citant comme exemple les scènes montrant de la nourriture dans la série américaine de Tom et Jerry. Pour faire face à la censure, un système de contrebande de cassettes vidéo de films américains est mis en place permettant à la population roumaine d’avoir une fenêtre sur le monde et la culture hollywoodienne.
Défiant la peur et le régime policier, Nistor a parlé de son rôle de traductrice et de doublage pour plusieurs films américains au profit de la population de son pays. «L’acte de visionner un film étranger en cachette est devenu un acte de résistance pour les Roumains» a-t-elle mentionné.
«Le doublage des films américains, en particulier les films d’action, est un moyen de faire voyager les Roumains et de les faire rêver d’un monde meilleur», a-t-elle ajouté.
Après la chute du régime de Ceaușescu, en 1989, le cinéma roumain est devenu un ambassadeur de la culture et de l’identité roumaines dans le monde, s’est félicitée Nistor, en révélant que, depuis plus de 20 ans, le cinéma roumain s’est distingué à l’échelle internationale à l’instar du film «4 mois, 3 semaines, 2 jours» (Palme d’or au 60e festival de Cannes).
Animant la rencontre, le directeur de la cinémathèque tunisienne, Hichem Ben Ammar, a mis l’accent sur la valeur historique et culturelle du témoignage de la critique roumaine Irina Margareta Nistor, en soulignant l’intérêt d’une lecture croisée entre l’Histoire tunisienne et l’Histoire roumaine.
Irina Margareta Nistor est l’une des personnalités les plus actives de l’industrie cinématographique roumaine. Elle a été une militante très active et courageuse, sous le régime communiste, doublant et distribuant, à ses risques et périls, des milliers de films provenant de derrière le rideau de fer.
En 2012, elle a lancé le festival Psychanalyse et cinéma. Irina Margareta Nistor a été l’un des invités de marque de la cérémonie d’ouverture de la première édition du festival du film européen. En présence de l’ambassadeur de l’Union européenne en Tunisie, Patrice Bergamini, et de l’ambassadeur de Roumanie en Tunisie, Dan Stoesnescu, le coup d’envoi a été donné, lundi dernier, à la Cité de la culture, pour le démarrage de la première édition dudit festival qui se poursuit jusqu’au 16 juin. A cette occasion, l’ambassadeur de l’Union européenne en Tunisie Patrice Bergamini a fait savoir que ce festival est une occasion pour le cinéma européen de se repositionner dans le marché tunisien après plusieurs années d’absence. «Le festival est aussi un moyen de partager les valeurs véhiculées par le cinéma européen comme la liberté d’expression, la diversité culturelle et le dialogue entre les civilisations arabe et européenne» a mentionné Bergamini.
Présidant actuellement l’Union européenne, la Roumanie est à l’honneur de cette première édition. Des films roumains sous-titrés en arabe sont programmés lors de cette manifestation, à Tunis et dans les régions à partir du 16 juin prochain. A l’affiche de cette édition, figurent douze films coproduits par 16 pays européens et qui illustrent la production européenne récente.

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