RIEN ne va plus désormais au sein du Front populaire : les divisions, les accusations mutuelles et les dissensions qui ont fait éclater Nida Tounès en plusieurs fragments se sont installées du côté de Hamma Hammami et ses lieutenants aussi bien chez ceux qui soutiennent, bec et ongles, sa candidature au palais de Carthage que chez ceux qui ne voient pas d’inconvénient à ce que le Front présente un autre candidat.
Et la polémique d’enfler à la suite de la présentation par les députés frontistes démissionnaires d’une demande de constitution d’un bloc parlementaire au nom du Front populaire.
L’artillerie lourde s’est réveillée de son sommeil et les députés démissionnaires sont taxés le plus simplement du monde de «comploteurs et de putschistes cherchant à mettre le Front sous leur coupe».
Dans la foulée du discours accusateur des députés de tous les torts, l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) n’a pas échappé à la colère des frontistes mécontents de la fronde de leurs camarades et elle est accusée de complicité dans l’affaire de division qui frappe le Front.
Et au-delà des arguments développés dans la déclaration issue de la réunion du conseil des secrétaires généraux du Front populaire, il est à remarquer que malheureusement, les Tunisiens assistent, dans l’incapacité de réagir positivement, à l’effondrement d’une belle expérience d’union et de rassemblement d’une partie importante de la gauche tunisienne, une aventure qui a fait naître, quand elle a démarré aux premiers jours de la révolution, bien des espoirs et des ambitions.
Aujourd’hui et au moment où les Tunisiens se préparent à affronter un nouveau rendez-vous électoral aussi important que décisif dans le parcours militant de leur jeune expérience démocratique, on découvre que la division, la dissension et la guerre des ego rongent de l’intérieur — au point de la faire éclater — l’une des plus belles expériences politiques nées à la faveur de la révolution.
Est-il encore possible d’espérer voir les frontistes faire prévaloir la voix de la raison et du dialogue dans l’objectif d’épargner au Front populaire une éventuelle disparition de la scène politique nationale?
Les démocrates, toutes tendances confondues, ont, en effet, le devoir et l’obligation de se mobiliser pour sauver le Front de ses divisions, de ses errements et de le remettre sur la voie qui a toujours été la sienne.