Reconnaître les efforts des pères fondateurs du tourisme tunisien, saluer le travail des nouvelles générations de professionnels mais également des forces sécuritaires et repenser un tourisme durable où l’écologique et le culturel constituent des composantes incontournables, étaient les idées phares qui ont ponctué l’allocution d’ouverture du chef du gouvernement, Youssef Chahed, à l’occasion du débat organisé, hier, par la Fédération tunisienne de l’hôtellerie (Fth), au siège du syndicat patronal Utica. Comment le tourisme constitue-t-il un moteur de croissance économique ? Quel positionnement le secteur occupe-t-il dans le développement du pays ? Ce sont des questions qui ont été débattues lors de l’évènement en présence du ministre du Tourisme et de l’Artisanat René Trabelsi et des professionnels du secteur, en l’occurrence des hôteliers et des voyagistes
Avant de passer au bilan d’activité du secteur, Youssef Chahed a souligné le rôle crucial qu’a joué tourisme dans le développement économique du pays, non seulement à travers le maintien de la croissance et la résorption du chômage mais également via sa dimension diplomatique en ce sens que le tourisme a permis à la Tunisie, durant la période post-indépendance, d’entretenir des relations fraternelles avec le reste du monde et ce, jusqu’à présent.
S’exprimant sur la crise qui a frappé le secteur, Youssef Chahed a affirmé que bien que les difficultés du tourisme datent avant 2011, les attentats terroristes qui ont eu lieu en 2015 étaient le coup de massue qui aurait achevé le secteur. « Grâce aux efforts déployés par les professionnels qui ont fait montre d’un forte capacité d’adaptation et de résilience, le secteur a pu reprendre des couleurs. Mais c’est, également, grâce aux efforts fournis par l’Etat en l’occurrence le gouvernement et les forces sécuritaires, que la relance du tourisme se confirme d’une année à l’autre », a souligné le chef du gouvernement.
Situation sécuritaire : après les prouesses, une nouvelle donne s’impose
Evoquant le volet sécuritaire, facteur incontournable pour le développement du tourisme, Youssef Chahed a dressé le bilan qui dépeint la situation sécuritaire héritée en 2016, à savoir deux grands attentats terroristes ayant lieu en 2015 successivement à Sousse et au Bardo, outre la tentative d’instauration d’un « émirat de Daech » à Ben Guerdane qui a eu lieu au mois de mars 2016. « Au moment où ce gouvernement a pris les rênes du pouvoir, l’enjeu sécuritaire était énorme. Nous avons travaillé inlassablement pour arriver à ces réussites. Actuellement, 15% du budget de l’Etat sont exclusivement consacrés au secteur de la sécurité nationale. C’est désormais un chamboulement total qui s’est opéré, d’autant plus que le contexte régional dans lequel la Tunisie se situe impose davantage de vigilance en vue d’assurer la réussite des saisons touristiques », a expliqué le chef du gouvernement, tout en affirmant que la situation sécuritaire du pays est bien maîtrisée, mais le risque zéro n’existe pas.
Quelle transformation pour le tourisme tunisien ?
Intervenant sur la performance du secteur durant les quatre dernières années, Youssef Chahed a fait savoir que quantitativement, le tourisme a pu faire un saut considérable en passant de 5,5 millions de touristes en 2015 à 9 millions de touristes escomptés fin 2019. Cependant, un nouveau dynamisme de créativité et d’innovation est indispensable pour sa pérennité et le maintien de sa compétitivité, soutient le chef du gouvernement. « Ainsi pour libérer tout le potentiel dont dispose le secteur, diverses actions sont envisageables. Il s’agit en premier lieu d’une diversification du produit touristique, étant donné qu’avec ses 30 mille sites archéologiques, la Tunisie est dotée d’une richesse patrimoniale inestimable. Malheureusement, nous ne sommes en train d’exploiter que 10% de ce potentiel », a souligné Youssef Chahed. Il a ajouté qu’un travail sur la qualité des services offerts ainsi qu’une mise à niveau de la formation professionnelle doivent également être opérés tout en prenant compte des spécificités du secteur. S’exprimant toujours sur les mesures de réforme à entreprendre pour la mise à niveau du secteur, le chef du gouvernement a souligné la nécessité d’améliorer l’infrastructure portuaire et aérienne. A cet égard, il a affirmé que la résolution du problème relatif à l’aéroport d’Enfidha ainsi que l’élaboration d’un plan de développement clair pour le redressement du transporteur national Tunisair durant les prochaines années figurent parmi les réalisations accomplies par le gouvernement en faveur du tourisme. S’agissant de l’artisanat, Youssef Chahed a affirmé que l’élaboration de circuits et de zones dédiés à la commercialisation des produits de l’artisanat serait la façon la plus adéquate pour en garantir une meilleure visibilité.
De son côté, le vice-président de l’Utica Hichem Elloumi, a mis l’accent sur l’importance du poids du secteur touristique dans l’économie, non seulement à travers sa propre contribution intrinsèque mais également à travers son rôle de redynamisation des autres secteurs satellites, à l’instar des industries agroalimentaires, l’agriculture, les services …. « Lorsque les touristes ont déserté notre pays, des pans entiers de l’économie ont été touchés», assène-t-il à cet effet. Par ailleurs, il a appelé à impulser un nouveau souffle au secteur, afin que la croissance accusée soit structurelle.
De son côté, Moncef Boussanouga Zammouri, président du bureau d’études KPMG, qui a été mandaté par la FTH pour la réalisation d’une étude estimative sur le poids réel du tourisme dans l’économie nationale, a affirmé que le tourisme est un secteur crucial dans l’économie mondiale avec une contribution de 10% au PIB mondial. En Tunisie, ce chiffre est revu à la hausse pour atteindre 13%, soutient-il. Zammouri a, par ailleurs, souligné que l’établissement des comptes satellites liés au secteur touristique permet non seulement d’évaluer la place réelle qu’occupe cette activité dans une économie mais également d’établir des plans d’action.
Il est à noter qu’à l’issue de la séance plénière, il était question de présenter l’étude « Quelle est la place du tourisme dans l’économie nationale » et de débattre des problématiques du secteur.